Revue
Nouvelle parution
Raison publique :

Raison publique : "Le travail sans fin. Discours et représentations à l'oeuvre"

Publié le par Alexandre Gefen

Raison publique : "Le travail sans fin. Discours et représentations à l'oeuvre"

Dossier coordonné par Sylvie Servoise

Présentation de l'éditeur :

Le thème de la fin du travail traverse de multiples horizons. De la promotion d'une automatisation toujours plus avancée de la production à l'affirmation d'un « droit à la paresse », en passant par la critique écologiste du productivisme et de la société de consommation, il exprime une diversité de perspectives qui pourrait nous faire perdre de vue l'unité d'un questionnement qui interroge fondamentalement la valeur travail telle qu'elle se pose et se pense aujourd'hui. Bien loin de constituer un vecteur d'émancipation et d'humanisation, le travail serait ici cette forme d'aliénation dont il serait souhaitable de se libérer.

Très influente dans les années 1980 et 1990, une telle perspective se nourrissait alors d'un diagnostic alarmant et juste quant à la dégradation du marché de l'emploi et des conditions de travail. Si le travail pouvait avoir un sens, nul doute qu'en auraient raison le chômage de masse, la précarisation de l'emploi et la montée en puissance d'un discours managérial intégralement soumis, au nom d'une concurrence mondialisée, à des impératifs de rentabilité économique toujours plus contraignants. Cette perspective n'épuisait toutefois pas le sens de ce qui survenait alors dans ce domaine. La raréfaction de l'emploi, la mise en cause de la condition salariale, la détérioration des conditions de travail, bien loin de le déstabiliser comme valeur et comme statut, ont entraîné son fort réinvestissement social, politique, intellectuel et culturel. Critiqué, le travail semble de fait n'avoir jamais été autant désiré. Dans le contexte de ces transformations, quel sens conserve le travail ?

C'est à ce niveau que le présent dossier se situe. Comment la question des finalités du travail est-elle appréhendée dans les discours et représentations ? Comment les sciences sociales, la philosophie, la littérature, les documentaires, les arts en général, la prennent-ils en charge, la nuancent-ils, la reconfigurent-ils ? Dans l'espace de la réflexion ici menée, tous les types de discours et d'écriture, tous les genres et toutes les disciplines ne sont pas représentés. Les chemins explorés – de la littérature au documentaire en passant par l'histoire des idées et la philosophie – offrent cependant un aperçu saisissant des problèmes que le travail pose aujourd'hui et des interrogations auxquelles il donne lieu.

{Sylvie Servoise est maître de conférences en littérature générale et comparée à l'Université du Maine. Son dernier ouvrage :} Le roman face à l'histoire{ (Presses Universitaires de Rennes, 2011)}

Sommaire

"Introduction", Sylvie Servoise

"Écrire le travail : Vers une sociologisation du roman contemporain ?", Dominique Viart

"Homo oeconomicus et écriture poétique : analyse d'une mise à l'épreuve", Pauline Vachaud

"Que faire du novlangue de l'entreprise ? Quelques exemples contemporains (Beinstingel, Caligaris, Kuperman, Massera)", Jean-Paul Engélibert

"Travail en noir : Le travail dans le roman policier contemporain", Isabelle Krzywkowski

"La littérature française contemporaine face à la question ouvrière : l'invention d'un « nouveau » réalisme (François Bon, Jean-Paul Goux)", Corinne Grenouillet

"Un travail sous contrôle : représentations de l'employé de bureau du xixe au xxe siècles", Hélène Campaignolle

"Naissance du bureau", Nikil Saval

"Chômer", Guillaume Le Blanc

"Travailler pour être reconnu ? Ambivalences et régimes de la reconnaissance au travail", Alice Le Goff

"Vocation, ambition, aliénation : le travail dans les oeuvres de Gustave Flaubert, d'Italo Svevo et de Robert Musil", Emmeline Céron

"Le travail et ses fins dans les éloges de la paresse", Henri Jorda

"La mise à mort du travail", Jean-Robert Viallet, entretien avec Aurélie Ledoux

En complément de ce dossier, sont publiées sur le site de Raison publique, les contributions en accès libre de :

Raphaëlle Guidée, "Aux marges du monde du travail : anthropologies littéraires de la précarité"

Alexandre Massipe, "Quand les mots viennent aux travailleurs. De Simone Weil à Fatima Elayoubi"

Alice Laguarda, "Impasses du travail moderne. Critiques d'artistes"

Irène-Lucile Hertzog, "L'intime dans le monde du travail : un espace de résistance"

Mahité Breton, "Du travail fantôme à la perte du genre : Ivan Illich et la critique du travail"

Koula Mellos, "A Portrait of Contemporary Capitalist Civilization:José Saramago's The Cave"

Questions présentes

"L'autonomie en question : pratique éthique et enjeux politiques", Marta Spranzi & Véronique Fournier

"Prendre l'enseignement à domicile au sérieux", Pablo da Silveira

"Pour une diversification des sources du soin aux enfants", Anca Gheaus

"Le rôle de l'Histoire dans la pensée politique de Charles Taylor", Martin Deleixhe

Critiques

"Les humanités au service de la démocratie", Jean-Baptiste Mathieu (À propos de : Martha Nussbaum, Not for Profit. Why Democracy Needs the Humanities, Princeton, Princeton University Press, 2010 - traduction de l'auteur)

"Le désaccord des égaux : justifier la démocratie", Juliette Roussin (À propos de Thomas Christiano, The Constitution of Equality. Democratic Authority and Its Limits, Oxford, Oxford University Press, 2008 - traduction de l'auteur)

"Voir et entendre les animaux : quelle philosophie des animaux ?", Anne Le Goff (À propos de Françoise Armengaud, Réflexions sur la condition faite aux animaux, Paris, Kimé, 2011 et Alain Leygonie, Les animaux sont-ils bêtes ?, Paris, Klincksieck, 2011)

Editeur : raison-publique.fr
http://www.raison-publique.fr 
Revue publiée par les Presses de l'Université Paris-Sorbonne