Essai
Nouvelle parution
Raison et perception. Fonder l'harmonie au XVIIIe siècle

Raison et perception. Fonder l'harmonie au XVIIIe siècle

Publié le par Alexandre Gefen (Source : André Charrak)

André Charrak, Raison et perception. Fonder l'harmonie au XVIIIe siècle, Paris, Vrin, coll. "Mathesis", 320p.

    Tout au long de lâge classique, la question du statut scientifique de la musique occupe les meilleurs esprits, de Beeckman et Descartes à Euler et dAlembert. Les grands enjeux de cette confrontation entre musique et mathématisation des phénomènes sillustrent particulièrement dans la tentative de Jean-Philippe Rameau pour fonder en nature le système de lharmonie et le sentiment qui nous la manifeste.
    Cette entreprise associe en effet une conception nouvelle et originale des principes de lécriture musicale (ce que lon désignera plus tard comme tonalité harmonique), des spéculations arithmétiques plus traditionnelles et les résultats expérimentaux dune physique de la vibration dont les concepts (ainsi lélasticité) se dégagent depuis la fin du XVIIe siècle. À cet égard, la théorie ramiste fournit aux encyclopédistes le motif dune réflexion épistémologique sur les conditions dune application légitime des sciences les unes aux autres. Mais lambition de découvrir lorigine naturelle de lharmonie mobilise également des hypothèses sur la perception musicale, qui articule des caractères physiologiques et une activité configuratrice dont lélucidation (sagit-il dun jugement, ou dun sentiment simple ?) suscite lopposition exemplaire de Rousseau à Diderot.
    Le problème des fondements de lharmonie éclaire donc dun jour nouveau lempirisme des Lumières, comme théorie de la connaissance et comme philosophie de la perception.