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Puissance, domination, charismes

Puissance, domination, charismes

Publié le par Marc Escola (Source : Till Kuhnle, Limoges)

Puissance, domination, charismes

Journée d’études organisée par Aurélien Demars et Till Kuhnle

13 février 2015

Université de Limoges (FLSH)

EHIC

De la mystique du chef à la sociologie de la domination, de la métaphysique du pouvoir à l’esthétique de l’aura, de la quête historique et politique de l’homme providentiel au lyrisme poétique et poïétique d’une volonté de puissance : comment se combinent puissance, domination et charisme ?

La question se pose avec l’apparition même du concept moderne de charisme avancé par Max Weber, tant il est vrai que ce dernier ne tranche pas la question de savoir si le charisme relève d’une qualité intrinsèque du sujet charismatique, ou du dispositif de ceux qui légitiment un leader et le rendent par là charismatique – c’est ce que montre encore un récent ouvrage de V. Bernadou et al., Que faire du charisme ? (Presses universitaires de Rennes, 2014). Dans cet entre-deux ambivalent se glisse tout un ensemble d’une part de mythes ou d’images littéraires ou artistiques qui exaltent ou s’effraient de la violence et de la puissance prométhéenne, d’autre part de types charismatiques (le prince, le maître, le prêtre, le prophète, le démagogue…) et, enfin, de questions sur les conditions conjoncturelles (économiques, sociales, historiques, psychologiques) d’apparition du charisme, et sur son essence profonde, quant à la configuration spirituelle qu’il requiert. En outre, il s’agit aussi de confronter le concept de charisme à la notion la souveraineté qui est étroitement liée à l’idée d’un état d’exception (Schmitt, Benjamin, Agamben), sans pour autant perdre de vue des figures politiques comme le « Führer » ou le « duce ». Par conséquent, on ne saurait oublier les grands discours de crise dans lesquels s’inscrivent les concepts évoqués.

Mais peut-être l’une des difficultés les plus fondamentales que soulèvent les ambiguïtés du charisme réside-t-elle dans le retournement sur soi et contre soi du questionnement lui-même pour celui qui questionne : comment le questionnement sur le charisme peut-il ne pas enjoindre à rendre charismatique l’auteur de la question et fascinante la recherche d’une solution ? Dès lors, comment échapper à cette domination par soi et malgré soi au moment même où l’on tente de mettre en évidence les mécanismes de cette domination et de nous en instruire ? À cet  égard, Max Weber lui-même n’a pas manqué d’apparaître comme un enseignant charismatique à qui incombe de prendre acte de cette « contradiction de la relation pédagogique [qui] résidait dans l’impossibilité d’éveiller l’intérêt scientifique par des moyens strictement scientifique » (I. Kalinowski, posface à Max Weber, La science, profession et vocation, Agone, 2005).

Quelles qu’en soient les modalités, les différentes herméneutiques du pouvoir et de la force n’ont cessé de rechercher le paradigme essentiel du rapport de domination pour mieux en dénoncer l’aliénation inhérente, à l’exemple de la dialectique du maître et de l’esclave ou de la volonté de puissance opposée aux faibles. Penser les rapports entre puissance, domination et charisme c’est donc aussi, et peut-être surtout se donner les moyens de fonder un esprit de résistance, un droit de désobéissance, une éthique de l’insoumission.

La journée d’études pluridisciplinaire cherche à interroger le charisme non seulement à travers l’histoire, la sociologie et le discours philosophique, mais aussi en littérature (le prince dans les tragédies du classicisme et du baroque, l’individu charismatique dans le roman du XIXe siècle, le héros du roman populaire, pour ne citer que quelques exemples).

Les frais de déplacement et d’hébergement ne peuvent pas être pris en charge !

Les propositions de communications de cinq à dix lignes, accompagnées de trois à cinq mots-clefs ainsi que d’une brève présentation bio-bibliographique, sont à envoyer à Till Kuhnle (till.kuhnle@unilim.fr) et à Aurélien Demars (aurelien.demars@unilim.fr).