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Publics de cinéma

Publics de cinéma

Publié le par Julia Peslier (Source : Myriam Juan)

Publics de cinéma. Pour une histoire des pratiques sociales

Numéro dirigé par :

Myriam Juan, doctorante en histoire, allocataire-monitrice, Université Paris I

Christophe Trebuil, docteur en études cinématographiques, chargé de cours en histoire du cinéma, Universités Paris I et Paris III

Ilexiste de nombreuses manières d'appréhender les relations que lesspectateurs entretiennent avec le cinéma. Si l'intérêt pour laréception a jusqu'à présent dominé les études universitaires, suivantune perspective culturelle et souvent genrée, les pratiques socialesgénérées par le cinéma offrent un autre champ d'investigation, encorelargement inexploré. Comme l'ensemble des questions relatives aupublic, ce thème a de surcroît été particulièrement délaissé par leshistoriens. De fait, acteur essentiel de l'histoire du cinéma, lepublic est paradoxalement celui qui nous a, sans doute, laissé le moinsde traces. Aussi la mémoire de ses pratiques, largement cantonnée autemps du vécu, apparaît-elle problématique. Sortie de la période dutemps présent, une telle étude pose donc un défi en termes de sources.L'histoire culturelle de cinéma a pourtant considérablement renouvelél'approche de ces dernières, depuis une vingtaine d'années, ouvrant despistes nouvelles pour une approche des publics. A la faveur d'uneréflexion sur les sources, l'objet de ce numéro de Conserveries Mémoriellesest donc d'interroger la manière dont les pratiques spectatorielless'inscrivent de façon concrète dans les faits et gestes de la vie encommun.

Cetteproposition procède d'une hypothèse : voir un film est un fait social,un fait constitutif d'un réseau d'actions de la vie en communauté. Maiscomment évaluer cela ? Marcel Mauss fournit une réponse en 1934, avecla notion de techniques du corps, en observant que, dans la rue, lesFrançaises adaptent leur démarche à celle des actrices hollywoodiennes.En ce sens, le lieu de projection est le centre d'un rayon d'actions.Partons donc de celui-ci afin de discerner une circulation despratiques et de proposer des pistes de recherches :

—Les différents lieux de projections sont autant d'espaces desociabilité : des palaces de centres villes passant des films enexclusivité aux modestes cinémas de quartier, des réseaux établis enmilieu rural aux espaces privés utilisant des films en formats réduits(Pathé-Baby, Pathé-Rural), les lieux et conditions de projectionsuscitent des pratiques extrêmement variées. Les sources produites tantpar les exploitants de salle que par les organismes promouvant desmodes de diffusion alternatifs sont susceptibles d'en témoigner.

—D'autres documents autour des films contribuent aux pratiquesspectatorielles : magazines et novélisations, courriers de lecteurs etconcours, albums et photographies de vedettes s'organisent le plussouvent en dehors de tout lieu de projection. Il s'agit dès lors dequestionner le rôle de ces publications dans le rapport de connivenceentretenu avec le cinéma.

—Présentes dans la vie privée, les pratiques spectatorielles ne selimitent pas, enfin, à un ordre individuel de réception. Elles sedéploient au sein d'actions menées localement (de la salle au logementpersonnel en passant par le lieu de travail) et en communauté (famille,amis, relations de travail, clubs divers d'amateurs et de fans). Autravers de la presse, de la littérature ou encore de témoignagesprivés, on peut s'interroger sur la manière dont le cinéma s'associeaux activités de la vie quotidienne, voire suscite des activitésspécifiques.

Quela salle soit le noyau d'un mouvement centrifuge n'empêche pasrelations et circulations avec d'autres formes de spectacle. La mise enregard des pratiques spectatorielles du cinéma avec celles du théâtreou de la télévision offre ainsi, entre autres, un terrain de rechercheparticulièrement stimulant. Sur un autre plan, l'ouverture à l'ensembledes aires géographiques espère également favoriser l'émergence d'uneréflexion comparative. Enfin, si la perspective de ce numéro esthistorique, celle-ci n'interdit pas – bien au contraire – descontributions inspirées par d'autres sciences humaines, au premier rangdesquelles la sociologie et l'anthropologie. A rebours d'une histoirecinéphile essentiellement préoccupée d'art et d'esthétique, l'étude dupublic et de ses pratiques entend ainsi oeuvrer à la compréhension duphénomène social et culturel qu'est – par ailleurs – le cinéma.

Les propositions de contributions (environ 250 mots) sont à envoyer avant le 30 juin 2010. Les articles des propositions retenues (maximum 10 000 mots) seront attendus pour le 30 septembre 2010. Les articles seront évalués et sélectionnés par un comité de lecture. Propositions et articles sont à envoyer aux adresses suivantes :

publics[tiret bas]cinema[at]yahoo[point]fr et c[point]memorielles[at]celat[point]ulaval[point]ca

Pour plus d'informations, consultez le site de la revue : http://cm.revues.org/