Questions de société
Primes d'excellence scientifique: premier bilan ministériel

Primes d'excellence scientifique: premier bilan ministériel

Publié le par Marc Escola

[Sur les PES, voir aussi la page: Primes d'excellence scientifique: dossier]

Le Ministère a rendu public un bilan de la première campagne d'attribution des nouvelles Primes d'excellence scientifique (PES) instituées sur les décombres de la Prime d'Encadrement Doctoral et de Recherches (PEDR).

On peut le lire sur le site de SLU

En voici une première synthèse:

Au printemps dernier, le Ministère décidait de la suppression des Primes d'Encadrement Doctoral & de Recherche (PEDR) et l'institution d'une nouvelle « Prime d'excellence scientifique » (PES) ouverte à tous les enseignants-chercheurs, pour une période de quatre ans et à taux modulable. Les Universités déjà passées aux « compétences élargies » (RCE) étaient supposées confier le classement des candidats à leur propre Conseil scientifique, le Ministère instituant pour toutes les autres une Commission d'experts par sections CNU issue du comité qui traitait jusque-là des PEDR. Il est à souligner que sur les 18 établissements passés en 2009 aux RCE, 14 ont préféré recourir à cette instance nationale.

En regard de la précédente campagne PEDR, le nombre de candidatures à la nouvelle PES a connu à l'échelon national une augmentation sensible : 13,4 % pour l'ensemble des disciplines ; ce chiffre global est à majorer, les 4 Universités passées aux RCE n'entrant pas dans le calcul, mais aussi à affiner : l'augmentation du nombre de candidats s'élève à 45 % pour les disciplines de SHS (près d'1 enseignant-chercheur SHS sur 3 a été candidat dès cette première campagne PES) et à 75 % pour les Lettres & Sciences Humaines.

L'augmentation est très sensible dans le corps des MCF : + 18 % (et 125 % pour les SHS : ce qui signifie que la PES n'est pas perçue comme spécifiquement liée à « l'encadrement doctoral »).

L'instance nationale a classé les candidatures en trois groupes : A (« devrait avoir la PES »), B (« pourrait avoir la PES »), C (« ne devrait pas avoir la PES »), en rendant un avis sur les quatre « activités » suivante des candidats : « publications & productions scientifiques », « rayonnement international », « responsabilités scientifiques » (sans plus de précision, relative par exemple à l'encadrement doctoral). 20 % des dossiers ont été classés A, 30 % ont été classés B, et 50 % classés C.

Le Ministère fait valoir que le « taux de satisfaction », si l'on additionne les groupes A & B est de 50 %, soit ce qu'il était lors des dernières campagnes PEDR. Les candidats nommés à l'IUF à la rentrée 2009 « bénéficient de plein droit de la PES » et n'entrent donc pas dans les statistiques suivantes : le « taux de satisfaction » (toujours si l'on additionne les groupes A & B) est de 38 % pour les MCF, de 58 % pour les PR2 et de 75 % pour les PR1 & PRex ; pour les disciplines SHS : 27 % pour les MCF, 56 % pour les PR2, 78 pour les PR1 & PRex.

*  *  *

Ce "taux de satisfaction" est évidemment un leurre, ou l'une de ces belles fictions comptables dont le Ministère est désormais coutumier:

Issu dans chaque établissement des seules PEDR arrivant à échéance (soit 25% des PEDR sur 4 ans, dont les enseignants-chercheurs d'une Université étaient titulaires), le budget alloué aux nouvelles PES s'élève généralement à quelques dizaines de milliers d'euros. Sur cette somme, le décret régissant les PES fait obligation à chaque établissement de verser « de plein droit » cette prime à ceux de ses enseignants-chercheurs qui sont membres IUF : les textes indiquent un montant « plancher » de 10 000 € pour les membres seniors et 6 000 € pour les membres juniors. Même obligation pour les titulaires d'une "chaire d'excellence" (deux fois excellents donc).

Déduction faite de ces sommes obligées (qui peuvent atteindre 50 % du montant dans certains établissement), le montant à répartir entre tous les autres candidats devient dramatiquement faible : le décret précisant en outre que le montant de la PES ne pouvant en aucun cas être inférieur à 3 500 € par enseignant-chercheur, il devient arithmétiquement impossible de servir la PES à l'ensemble des candidats classés dans les groupes A & B…

Telle est donc la formule de la PES: "un peu plus à quelques-uns, et encore moins pour tous les autres".

Le Ministère ne fournit évidemment aucune statistique sur le nombre de directeurs de recherche qui se trouvent perdre ainsi leur PEDR et devoir renoncer à 15% environ de leurs revenus: leur engagement dans les formations doctorales se fera donc désormais gratis pro deo.