Questions de société
Premier recul du gouvernement, qui craint la convergence des luttes (26/08/10)

Premier recul du gouvernement, qui craint la convergence des luttes (26/08/10)

Publié le par Bérenger Boulay

[ 4, 6, 7, 8 septembre 2010 ]

Le gouvernement a la trouille et abandonne pour le moment le projet d'imposer le choix entre aides au logement et demi-part fiscal, espérant éviter ainsi la convergence d'une révolte étudiante et lycéenne et d'un mouvement social massif sur les retraites. 

 Plusieurs associations de lycéens et d'étudiants appellent toutefois à un mouvement unitaire et combatif dès la rentrée 2010.

Il reste en effet de nombreuses raisons de se mobiliser : mastérisation, suppressions de postes, "affaires", prétendue réforme des retraites, politique xénophobe, et tout le reste.

Vous faites quoi à la rentrée ?

- Communiqué de Sud Étudiant:

Recul présidentiel sur l'aide au logement : reflet de la crainte d'un mouvement étudiant à la rentrée.

"...la jeunesse doit se mobiliser dès le 7 septembre pour la défense du système de retraites par répartition et la mise en place d'une véritable aide sociale étudiante fondée sur les mêmes principes : le partage des richesses et la solidarité entre les générations."

http://www.sud-etudiant.org/communiques/communiques-sud-etudiant/article/recul-presidentiel-sur-l-aide-au

- Sur le site de l'UNEF - 26 août 2010:
"A sa demande, l'UNEF a été reçue ce jour par Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, afin d'obtenir des réponses aux inquiétudes des étudiants en cette rentrée. La ministre a annoncé que le gouvernement renonçait à interdire le cumul entre l'aide au logement et la demi-part fiscale pour les étudiants, décision confirmée par le président de la République. (...) L'UNEF reste vigilante et mobilisée jusqu'à la fin du débat budgétaire afin que ce renoncement du gouvernement se traduise dans le budget pour 2011." Lire l'intégralité de l'article sur le site de l'UNEF.

Quelques dépêches:

- AFP 26/08/10: Etudiants: 10 mois de bourse en 2011 et maintien du cumul APL-demi-part fiscale (Elysée)

- AFP 26/08/10: Annonces étudiants: "bonne nouvelle", "victoire des étudiants" (Unef)

-  Reuters - 26/08/10: Les jeunes épargnés par la rigueur au nom de la paix sociale

À l'aube de la journée d'action syndicale contre la réforme des retraites, le 7 septembre, et d'une grande manifestation le 4 contre sa politique sécuritaire, le chef de l'Etat a non seulement renoncé jeudi à une mesure budgétaire risquée mais a en plus accédé à une demande de longue date des étudiants.

Il a ainsi décidé qu'il ne faudrait finalement pas choisir entre aides au logement (APL) et bonus fiscal pour les parents d'étudiants, et qu'un dixième mois de bourse serait versé aux étudiants boursiers, dont une partie dès début septembre.

"On a évité le pire avec ce recul du gouvernement", a dit à la presse Jean-Baptiste Prévost, président de la première organisation étudiante, l'Unef, se félicitant de la "victoire" que constitue selon lui le maintien du cumul APL-bonus fiscal.

Le ministre du Budget, François Baroin, chargé de mettre en oeuvre le plan de redressement des finances publiques le plus ambitieux prévu en France depuis un demi-siècle avait annoncé que ce cumul serait remis en cause dans le cadre du budget 2011.

Quant au dixième mois de bourse, "525.000 boursiers vont toucher près de 6% d'augmentation de leur bourse dès septembre, c'est une bonne nouvelle pour eux", a dit le leader de l'Unef.

Autre geste en faveur des jeunes, l'extension, entérinée ce jeudi, du revenu de solidarité active (RSA) aux moins de 25 ans, sous condition d'activité. Le ministre de la Jeunesse, Marc-Philippe Daubresse, a en outre promis d'autres mesures pour les jeunes début septembre.

"ÉVITER DE METTRE LE PAYS À FEU ET À SANG"

Officiellement, ces annonces n'ont aucun rapport avec le climat social tendu de cette rentrée, le pire qu'a à affronter Nicolas Sarkozy depuis son élection en 2007, au moment où les sondages négatifs se succèdent pour le chef de l'Etat.

"Je vis avec des mouvements universitaires chaque année", a expliqué jeudi la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, interrogée sur un éventuel lien.

Devant la presse, elle a au contraire expliqué ces mesures par "la cohérence" nécessaire dans la politique du gouvernement qui a selon elle fait de l'éducation une priorité.

Priée de dire si elle avait évoqué le climat social chez les jeunes lors de sa rencontre jeudi avec Nicolas Sarkozy qui a débouché sur ces annonces, elle a seulement répondu : "J'ai parlé de justice et d'équité."

La ministre a en outre précisé qu'elle s'exprimerait lundi sur un autre sujet clé, le logement étudiant, sur lequel "on a réalisé un effort sans précédent de rénovation".

Sous condition d'anonymat, on évoque cependant au sein de la majorité le risque d'une conjonction des contestations entre salariés, retraités et jeunes, comme celle qui s'était traduite par le retrait du CPE (contrat première embauche) en 2006 par le président Jacques Chirac après une très forte mobilisation.

"Il faut éviter de mettre le pays à feu et à sang", explique une source gouvernementale.

"Avec les retraites et l'APL-demi part fiscale, on rentre dans une zone où il y a un risque de convergence entre les contestations", a-t-elle poursuivi, "l'éducation est un sujet symbolique, c'est pour cela qu'on ne fait rien sur l'éducation".

Selon cette source, "il faut éviter que le sillon qui se creuse dans l'opinion ne deviennent une cicatrice trop difficile à refermer d'ici les élections" présidentielle et législatives de 2012.

Jean-Baptiste Prévost, de l'Unef, assure que les étudiants ne se laisseront pas anesthésier par ces cadeaux de rentrée.

"Ces décisions importantes ne règlent pas l'ensemble des inquiétudes des étudiants en cette rentrée", a-t-il dit. "Je crois que les étudiants seront au coeur du mouvement social dans les prochaines semaines."

C'est ce qu'espèrent les leaders syndicaux, selon qui le retrait du CPE n'aurait pas été possible sans la mobilisation des jeunes, que le thème des retraites pourrait laisser froids.

"Les lycéens, c'est comme le dentifrice: une fois qu'il est sorti, vous ne savez plus le rentrer", a dit mercredi le numéro un de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly.