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Premier congrès de pragmatique en Tunsie (ISSHT, mars 2016):

Premier congrès de pragmatique en Tunsie (ISSHT, mars 2016):"La Pragmatique aujourd'hui: concepts, notions et enjeux"

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Salah DEGANI)

Université Tunis El-Manar, Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis, Département de français, UR "Poétique théorique et pratique"

 

                    Premier Congrès international* de Pragmatique en Tunisie : « La pragmatique aujourd’hui : concepts, notions et enjeux »

 

 

 

         Il est désormais admis que le facteur le plus important dans l’histoire récente de la pragmatique a été la contribution de Grice, avec ses articles « Meaning » et « Logic and Conversation ». Les concepts de signification non-naturelle et d’implicature conversationnelle sont certainement les concepts qui ont le plus influencé les recherches sur le sens en pragmatique, avec des orientations nouvelles.

            Cependant, comme le soutient J. Moeschler, la pragmatique a été à l’origine, dans le contexte francophone, d’une incompréhension radicale basée sur les prémisses suivantes du structuralisme linguistique (voici le raisonnement avancé par Jacques Moeschler, de manière abrégée et succincte) :

les langues sont des codes la signification linguistique est codique la signification codique est littérale la communication verbale est codique la signification linguistique est littérale toute signification non-littérale est en dehors du champs de la linguistique (connotations, tropes, etc.).

                En plus de représenter un champ interdisciplinaire où peuvent se rencontrer linguistes, philosophes, logiciens, sémioticiens, sociologues, psychologues, informaticiens, etc., nous pensons que l’apport principal de la pragmatique, notamment post-gricéenne (comme la Théorie de la Pertinence), a été de montrer les rapports entre langage, communication et cognition. Ceci a eu un impact très important ayant permis de rapprocher la pragmatique des sciences cognitives.

            Nous proposons, dans la présente manifestation scientifique, de poser un certain nombre de questions centrales relatives à la pragmatique, à son fonctionnement et à son évolution par rapport aux autres disciplines des sciences du langage, mais également par rapport à la littérature (notamment à l’interprétation des textes littéraires) et à l’analyse du discours (politiques, publicitaires, journalistiques, etc.). 

            En premier lieu, il s’agit d’essayer de poser le plus clairement possible l’état de la question à deux niveaux. En effet, dans un premier temps, poser le statut actuel de la pragmatique (à travers les travaux les plus récents, notamment dans le monde anglo-saxon de la recherche internationale,) et s’interroger, dans un second temps, sur la place de la pragmatique, notamment  (l’son enseignement,  de la pragmatique) en Tunisie. La pragmatique est présentereprésentée depuis les années 80 dans quelques rares départements de français, d’arabe et d’anglais, et même si l’enseignement de la pragmatique a enregistré, certes, un intérêt croissant lors de la dernière décennie, il reste bien en deçà de la place réelle que devrait avoir cette discipline au niveau des heures d’enseignement (elle est toujours une matière optionnelle dans les établissements où l’on enseigne la pragmatique), des coefficients attribués, des articles publiés chaque année, et du nombre des thèmes de recherche diplômante etc.       

            En second lieu, Il il s’agit de revisiter , ensuite, les concepts fondateurs de la pragmatique,; autrement dit, les concepts sur lesquels la pragmatique a construit son oppositionses relations vis-à-vis de par rapport à la philosophie du langage et à de la linguistique, qui ont tendance à les  (lesquelles disciplines négliger soit pour des raisons de méthode, soit pour d’autres raisons). Nous pouvons les énumérer comme suit (la liste n’est point restrictive) :

a.      Le concept d’acte de langage

b.      Le concept de contexte

c.      Le concept d’inférence

d.     le concept de performance.

e.      Le concept de signification (au cas où l’on conviendrait quenous adoptons la thèse que signification n’est pas un concept strictement sémiotique) : comme corollaire direct à cette problématique, nous pouvons nous interroger sur les limites et les   problèmes, inhérents et/ou adjacents, à la dichotomie type vs occurrence (token).

            Par exemple, la relation classique entre code et inférence a été reformulée, ces derniers temps, en termes conceptuels: concept encodé linguistiquement vs concept inféréré pragmatiquement. Cela a permis le développement des relations entre pragmatique et rhétorique, avec une insistance particulière sur l’usage de la métaphore, de l’ironie ou encore de la métonymie. Dans ce sens, Jacques Moeschler pense que s’il fallait résumer la ligne de frontière que la pragmatique a fait bouger, c’est non sur la notion de code, mais sur celle de convention. La pragmatique fait, en effet, l’hypothèse forte que la signification n’est pas une affaire de convention. Ceci pourrait être un thème fédérateur, car cela permettrait de faire la part entre une approche (néo-)saussurienne, d’une part, et une approche post-saussurienne de la signification d’autre part, qui serait résolument post-gricéenne, comme la Théorie de la Pertinence.

            A partir de cette ligne de frontière, un grand nombre de questions abordées (type/token, compétence/performance, etc.) peuvent être reformulées. Nous aurons, donc, à nous interroger sur les domaines d’application de la pragmatique et leurs limites/frontières (qui restent sujets à controverse). Nous pouvons énumérer ces champs d’application (sans prétention aucune à l’exhaustivité), qui touchent directement ou indirectement aux diverses définitions de la pragmatique de la manière qui suit :

a. La pragmatique aura-t-elle comme tâche principale (exclusive?) l’étude de l’usage des signes en contexte ? La pragmatique devrait-elle limiter ses champs         d’investigation dans l’étude des signes, comme le soutient Morris ?

b- Comment la pragmatique est-elle reliée à la sémantique, et plus précisément à la sémantique compositionnelle? Les interprétations pragmatiques sont-elles  compositionnelles ou procédurales ?

c. Est-ce que la pragmatique a réussi à résoudre les clivages essentiels (de     départ) qui la constituaient, à savoir l’opposition entre :

c1/ La pragmatique des langues formelles VS La pragmatique des langues naturelles ; c2/ « les modalités d’énonciation », dont les principes de base se résument dans les jeux de langage de Wittgenstein, le concept austinien de force illocutoire, et, le concept d’acte de langage tel qu’il a été introduit par Searle) VS « les modalités d’énoncé » (avec tous les problèmes et les défis inhérents à ce que beaucoup de spécialistes appellent « sémantique indexicale »).

d. La pragmatique devrait-elle étudier le comportement langagier dans le cadre d’une théorie globale de l’action ?

e. Le travail de la pragmatique peut-il se restreindre essentiellement (exclusivement) dans la communication (dans le sens global de communication) ?  

f. La pragmatique n’a pas eu l’impact qu’elle aurait dû avoir, notamment sur les études littéraires, alors que tout était présent pour le faire: signification conventionnelle, implicature, contexte, métaphore et tropes, style indirect libre, etc. Nous devrions donc nous interroger sur les raisons de cette «inadéquation» persistante entre la pragmatique et l’approche analytique du texte littéraire.

g. Quel(s) apport(s) la pragmatique peut-elle ajouter au niveau de l’étude de l’effet esthétique quand on est face à une oeuvre de fiction ?

            Nous pouvons également étudier le statut et l’apport de la pragmatique autour de quelques thématiques centrales, notamment celles qui suscitent le plus d’intérêt ces dernières années. Il s’agit notamment de (la liste n’est pas restrictive) :

            A. pragmatique et argumentation

            B. signification conceptuelle et procédurale

            C. temps et causalité

            D. pragmatique des mots logiques

            E. interface sémantique pragmatique 

 

 

*Manifestation scientifique parrainée par le Prof. Jacques Moeschler (Université de  Genève)

- Date du Congrès : 3-4 et 5 mars 2016

- Envoi des propositions : jusqu’au 10 novembre 2015 (prière de mettre dans l'objet de votre e-mail : "Congrès Pragmatique Tunis 2016") aux adresses suivantes : salah21degani@gmail.com et jacques.moeschler@unige.ch

NB. Les propositions de 300 à 400 mots sont à envoyer en format Word .doc ou .docx avec une notice bio-bibliographique, qui comprend des informations professionnelles relatives à l'auteur-e de la proposition (Université, Laboratoire, etc.).

- Réponse aux auteurs des propositions : avant le 5 décembre 2015

- Langues de travail : français, arabe et anglais

 

 

- Comité scientifique :

Bourguiba Ben Rejeb (U. Carthage)

Othman Ben Taleb (U. Tunis El-Manar)

Kamel Gaha (U. Tunis El- Manar & BNT)

Chokri Mabkhout (U. Manouba)

Jacques Moeschler (U. Genève)

Laurent Perrin (U. Paris 13)

Alain Rabatel (U. Lyon 1)

- Comité d’organisation :

Mouna Abid-Zaghdène (U. Manouba)

Zouhour Ben Aziza (U. Tunis El-Manar)

Othman Ben Taleb (U. Tunis El-Manar)

Houcine Bouslahi (U. Sousse)

Salah Dégani (U. Carthage)

Kamel Gaha (U. Tunis-El Manar & BNT)

Hassen Slimane (U. Tunis El Manar)

- Responsable scientifique et administratif du Congrès : Salah Dégani (U. Carthage)

 

 

--English Version-- :

            First international Congress* of Pragmatics in Tunisia

            "The pragmatics today: concepts, notions and issues"

 

            It’s nowadays well accepted that the most important factor the most important in the recent history of the pragmatics was Paul the Grice’s contribution of Grice, with its articles «Meaning» and «Logic and conversation». The concepts of ‘non-natural meaning’ and ‘interactive conversational implicature’ are certainly the concepts that mostly influenced researches on the meaning in pragmatics and opened new research orientations.

            As supports claimed by Jacques Moeschler, the pragmatics was at the origin, in the French-speaking context, of strong misunderstanding, because of the following assumptions taken for granted by linguistic structuralism (we summarize below Jacques Moeschler's rationale):

natural languages are codes meaning is linguistically encoded encoded meaning is literal verbal communication is based on the code model linguistic meaning is literal non-literal meaning is outside the fields of the linguistics (such as connotations, tropes, etc.).

           Besides representing an interdisciplinary field, where can meet linguists, philosophers, logicians, semioticists, sociologists, psychologists, computational scientists, etc., we claim that the main contribution of pragmatics – in particular post-Gricean pragmatics – is to shed light on the interplay between language, communication and cognition. This has a very important impact responsible for a closer move of pragmatics into the domain of cognitive sciences.

            In this scientific meeting, we want to raise central issues about pragmatics, namely its role and evolution with regards to other disciplines in language sciences (mainly dealing with structures and usages), literary sciences (mainly dealing with the literary texts) as well as the analysis of discourse (for instance political, advertising and news ones).

            First of all, we want to address the research questions at two main levels. First, to describe the current state of pragmatics in wide-world scientific research, and second, to question the place of the pragmatics, more precisely courses in pragmatics, in Tunisia higher education. Despite of the fact that pragmatics is present since the 80s in few departments of French, Arabic and English studies, an increasing interest fro for pragmatics emerged during the last decades, which is far below the real place it should have as regards teaching’s hours (pragmatics is more often an optional topic in the universities where it is taught), attributed coefficients, articles published, and the number of diploma-awarding research topics in pragmatics.

            Secondly, the issue is to revisit the founding concepts of pragmatics, that is, the concepts on which pragmatics developed its interplay with and against philosophy of language and linguistics. Here are the grounding key concepts of pragmatics (the list being not restrictive) that could be developed in contributions:

speech act context inference performance meaning (we endorse the thesis that meaning is not a strict semiotic concept): as a direct corollary to this problem, the limits and issues linked to the type vs. token dichotomy.

            For example, the classic relation between code and inference was reformulated, recently, in more abstract terms with the opposition between linguistically encoded concept vs. pragmatically inferred concept. One the main consequence was the explicit development of the relation between pragmatics and rhetoric, with a particular insistence on the use of metaphor, irony as well as metonymy. This is why Jacques Moeschler assumes that what pragmatics succeeded by moving pragmatics border is not the notion of code, but the notion of convention. In other words, pragmatics makes the strong assumption that meaning is not a matter of convention. This claim could be a federative topic, because it could differentiate between (neo-)Saussurian approaches to meaning on the one hand and post-Saussurian approaches ones on the other approaches, that is, post-Gricean ones, as Relevance Theory.

            Now, a large number of traditional questions (as the opposition between type/token, competence/performance) can be rephrased. In other words, we should question the domains of application of pragmatics and its limits (borders). Here are some questions addressed to the main approaches to pragmatics:

Is the main task (let alone the exclusive task?) of pragmatics to study the use of signs in context? In other words, should pragmatics be limited to the study of signs, as supported Morris? How is pragmatics connected to semantics, and more precisely compositional semantics? Are pragmatic procedures compositional, or procedural? Did pragmatics managed to solve the main dichotomies which constituted it, that is, the opposition between:

         3a-pragmatics of formal languages VS pragmatics of natural languages;

         3b-The enunciative modalities, whose basic principles are summarized in the sets of language games in Wittgenstein, the Austinian concept of illocutionary force, or the concept of speech act such as introduced by Searle VS the utterance modalities, with all problems and challenges inherent to indexical semantics.

4. Should pragmatics study linguistic behaviour within the framework of a global theory of the action?

5. Is the domain of pragmatic restricted to the study of communication (in a global senses)?

6. Pragmatics had not the forecasted impact it should have, in particular on literary studies, while all concepts were at disposal for such a task: conventional and non-conventional meaning, conversational implicature, context, metaphor and tropes, free reported speech, etc. We should thus wonder why are the reasons of such a persistent mismatch between pragmatics and analytical approaches of literary texts.

7. What contributions can pragmatics bring to the study of aesthetic effects in fiction?

 

We also expect the contributions to the congress will raise more general issues for some central topics in pragmatics, in particular those which gave rise to most interesting works during these last years, as for instance:

Pragmatics and argumentation Conceptual and procedural meaning Time, tense, aspect and causality The pragmatics of the logical words The interface (between) semantic and pragmatic

 

* International congress supported by Prof. Jacques Moeschler (U. of Geneva)

Date of the Congress: 3-5 March 2016.

Deadline for proposal: 10 November 2015, to be sent to the following email addresses: salah21degani@gmail.com and jacques.moeschler@unige.ch  (Please mention in the object of your e-mail: « Pragmatics Congress Tunis 2016 » ).

NB. Proposals from 300 to 400 words are to send to size Word .doc or .docx with a bio-bibliographical note, which includes professional information relative to the author (University, Laboratory, e-mail address, etc.).

Answer to the authors of the proposals: before 5 December 2015

Languages of work : French, Arabic and English.