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Appels à contributions
Prégnance et polyvalence du modèle rhétorique sous l'Ancien Régime

Prégnance et polyvalence du modèle rhétorique sous l'Ancien Régime

Publié le par René Audet (Source : Claude La Charité)

Colloque « Prégnance et polyvalence du modèle rhétorique sous lAncien Régime »

Congrès annuel de lACFAS à lUniversité du Québec à Rimouski - le mardi 20 mai 2003
Appel à contributions

Problématique

Depuis les travaux fondateurs de Marc Fumaroli (LÂge de léloquence, 1980), lon connaît les liens étroits qui unissent la littérature et la rhétorique de la fin du Moyen Age jusquà lâge classique, au point de constituer lune des constantes de la poétique de lAncien Régime, dont procède lesthétique de limitation et contre laquelle le romantisme sinscrira en faux. Mais lempire du modèle rhétorique déborde largement les frontières de la fiction ou même du langage verbal et investit presque toutes les disciplines en tant que principe organisateur et critère de validation épistémologique des savoirs de la Renaissance jusquà la Révolution : on na quà songer à ce que la sprezzatura du modèle du parfait courtisan de Castiglione doit à la négligence étudiée de Cicéron, comme la souligné Alain Pons (voir « La rhétorique des manières au XVIe siècle en Italie », Histoire de la rhétorique dans lEurope moderne, 1999), ou encore le Paradoxe du comédien de Diderot aux théories de lactio de lAntiquité, notamment celle de Quintilien. Ce colloque se propose de mettre au jour cet implicite rhétorique au fondement des savoirs dans une diachronie large, qui regroupe les trois siècles de lAncien Régime, et dans une perspective croisée et interdisciplinaire, afin de dégager, pour chaque savoir envisagé et chaque époque étudiée, lequel des trois pôles du système rhétorique, entre le logos, lethos et le pathos, est privilégié et érigé en modèle, à la manière de lHistoire de la rhétorique des Grecs à nos jours (1999) sous la direction de Michel Meyer mais dans une visée plus nettement transversale.

Propositions thématiques

Les contributions pourront porter sur tous les domaines du savoir avec lesquels la rhétorique a partie liée. Il pourrait être pertinent notamment de sinterroger sur la place de la rhétorique des figures, ou ce que Gérard Genette a appelé la rhétorique restreinte (Figures III, 1972) avant même la révolution ramiste, pour voir, par exemple, dans quelle mesure les remarques autoréflexives des auteurs cautionnent la restitution du système intégral de la rhétorique avec ses cinq parties ou annoncent la réduction imminente à la seule elocutio. En outre, il pourrait être éclairant de prolonger lenquête dAlain Pons au-delà de la Renaissance, pour voir quelle est la pérennité du modèle rhétorique dans les traités de savoir-vivre et dans la politesse de cour. Par ailleurs, il serait profitable de voir quel arrimage existe entre la représentation du pouvoir royal, en particulier le mythe de lHercule gaulois bien vivant pendant presque tout lAncien Régime, et ses implications sur le plan de lart de persuader par la parole dans le cadre de la formation du prince, alors même que les institutions semblent limiter au minimum le discours délibératif. De la même manière, il pourrait être stimulant de voir de quelle manière, parallèlement à la désacralisation du pouvoir monarchique, lappareil judiciaire ressent un besoin croissant de justifier les jugements quil rend et dans quelle mesure cette nouvelle rhétorique judiciaire est annonciatrice de la fin du régime. Enfin, cette enquête gagnerait beaucoup à être étendue au langage non verbal, à la peinture, au théâtre, au mime, à la danse, etc., pour voir jusquà quel point le modèle rhétorique informe ces arts. En somme, il sagira de conceptualiser la prégnance, la prévalence et lambiguïté du modèle rhétorique qui apparaît tout à la fois comme constitutif de la culture et de lépistémè de lAncien Régime et comme ferment de ce qui a entraîné sa disparition, suivant le lieu commun selon lequel les discours ont perdu la France.

Les propositions dintervention doivent parvenir, par courrier électronique de préférence, le plus tôt possible et avant le 31 janvier 2003 à :

Claude LA CHARITÉ
Département de lettres
Université du Québec à Rimouski
300, allée des Ursulines, C.P. 3300
Rimouski (Québec) G5L 3A1
Téléphone : (418) 723-1986 poste 1656
Télécopieur : (418) 724-1848
Courrier électronique : claude_lacharite@uqar.qc.ca