Revue
Nouvelle parution
Pratiques n° 153/154, Littéracies universitaires : nouvelles perspectives

Pratiques n° 153/154, Littéracies universitaires : nouvelles perspectives

Publié le par Perrine Coudurier (Source : André Petijean)

Pratiques n° 153/154, Littéracies universitaires : nouvelles perspectives

Coordonné par Isabelle Delcambre et Dominique Lahanier-Reuter

Metz : CRESEF, 2012.

ISSN : 03382389.

Présentation de l'éditeur :

L’enseignement supérieur est un espace où se multiplient écrits et écritures. Cette multiplicité n’est pas qu’abondance, elle est aussi hétérogénéité, diversité, singularité.

En effet, ces écritures ont des fonctions diverses : elles ne sont pas uniquement des lieux d’évaluation (il existe des écrits autres que ceux d’examen) pas plus qu’elles ne se cantonnent à des transcriptions (les étudiants écrivent d’autres choses que des notes de cours). Leurs contextes le sont tout autant : quels leviers pédagogiques ou didactiques les suscitent, quelles aides les accompagnent ? S’ils n’ont pas la même durée de vie, ni la même temporalité d’écriture, si les contraintes et les normes qui les régissent les différencient, ces écrits se distinguent également selon leurs destinataires (construits ou non, fictifs, attendus, effectifs), mais aussi selon le statut de leurs auteurs : certes enseignants et étudiants écrivent, mais qu’est-ce qu’être étudiant lorsque l’on écrit ? S’agit-il d’être un futur professionnel ou d’être un disciple s’abreuvant éternellement de savoir ? La question se décline également pour les enseignants : sont-ils plutôt des professeurs ou plutôt des chercheurs ? Enfin, de façon presque évidente, ces écritures se différencient selon leurs contenus, et leurs références (s’agit-il d’écrire plutôt à partir de son expérience, de ses lectures, de ses connaissances ?). Nous arrêtons là ce qui devient énumération pour poser simplement que cette multiplicité est à interroger et à comprendre, ce que ce numéro permet de faire, en partie.

Problématique et situation de ce numéro
Ce numéro permet en effet de croiser et d’interroger les pratiques de littéracies (1) (ici restreintes à la production plus qu’à la réception de l’écrit) qui se développent dans les formations universitaires, en focalisant sur trois ensembles de questions qui permettent de tracer les contours de l’analyse de ces pratiques :
1. en quoi les disciplines instituées peuvent-elles être considérées comme des facteurs explicatifs de variations dans les pratiques d’écriture, à l’échelle d’une même formation ? En fin de compte, qu’est-ce qu’une discipline ? Quels rôles les disciplines jouent-elles dans l’institution de l’univers académique ?
2. quelle est la place à l’université des écrits professionnels ou professionnalisants ? Quel rôle l’écriture joue-t-elle ou peut-elle jouer dans les formations professionnelles (d’enseignants, d’ingénieurs, de travailleurs sociaux, d’infirmières, etc.) ?
3. que pouvons-nous dire aujourd’hui des pratiques discursives à l’université ? Comment en décrire la diversité, tant du côté des enseignants, des chercheurs que des étudiants (pratiques d’écriture scientifique, pratiques d’accompagnement de l’écriture des étudiants, pratiques du cours magistral, pratiques numériques) ?
Sont ici rassemblées des recherches produites dans le champ des Littéracies universitaires qui prolongent explicitement par leur objet d’études le numéro de Pratiques publié en 2004, Les écrits universitaires (n° 121-122, coordonné par F. Boch, I. Laborde-Milaa et Y. Reuter ), qui mettait au jour la nécessité de démasquer des problèmes longtemps occultés, concernant l’écriture à l’université, liés à une trop grande focalisation sur les dimensions strictement linguistiques au détriment d’une approche discursive et épistémologique, liée aux disciplines. Mais ce numéro se situe aussi à la croisée de celui qui a été consacré à La littératie (dirigé par J.-M. Privat et M. Kara en 2006) et de celui intitulé Les écrits de savoir (coordonné par M. Kara en 2009). Le premier participait du courant de réflexion sur la notion anglo-saxonne de littéracie qui a émergé en France au tournant des années 2000 (2) et a contribué à développer la fécondité des recherches menées par Jack Goody ; le second interrogeait de manière non exclusive mais importante les fonctions heuristiques de l’écriture dans les apprentissages disciplinaires. Les liens entre écriture et disciplines sont l’objet d’une interrogation ancienne dans Pratiques, puisque les numéros Description (1998), Récits et disciplines scolaires (2007), Images du scripteur (2002) en présentent, dans tout ou partie de leurs sommaires, des analyses extrêmement variées, quant aux disciplines concernées, quant aux méthodologies convoquées, quant aux niveaux scolaires investigués.
Ce numéro cependant, s’il s’inscrit dans une continuité de réflexion et d’études, est une ouverture. Il est en effet le lieu d’une confrontation entre recherches américaine, britannique et française sur l’écriture à l’université, particulièrement intéressante en ce qu’elle présente aux lecteurs français des traditions de recherche rarement diffusées en France (3) ainsi que celui d’une confrontation méthodologique entre analyses ethnographiques, linguistiques, didactiques ou rhétoriques des écrits ou des pratiques d’écriture, liées aux différentes traditions de recherche.
L’unité de ce numéro tient aussi à l’usage de la notion de littéracies qui sous-tend l’ensemble des articles ici présentés, non pas seulement parce qu’ils sont issus, pour certains d’entre eux du champ de recherche nommé Academic Literacies, mais parce qu’ils envisagent tous, d’une manière ou d’une autre, des questions liées à l’inscription des pratiques de l’écrit dans des contextes, institutionnels, disciplinaires, professionnels ou culturels, voire dans des contextes qui croisent plusieurs de ces déterminations, ce qui constitue un des apports importants du champ des New literacy studies à l’analyse des pratiques de l’écrit. [...]

Sommaire

I. Université et mondes professionnels : une formation par l’écriture ?

David R. Russell : Écrits universitaires / écrits professionnalisants / écrits professionnels : est-ce qu’« écrire pour apprendre » est plus qu’un slogan ?

Julio Gimenez : Conceptualisations de l'esprit critique, des formes de validation et de l'effacement énonciatif dans l'écriture universitaire en sciences infirmières et dans les formations de sages-femmes.

Theresa Lillis, Lucy Rai : Quelle relation entre l’écrit académique et l’écrit professionnel ? Une étude de cas dans le domaine du travail social.

Fanny Rinck, Frédérique Sitri : Pour une formation linguistique aux écrits professionnels,

II. Écriture, disciplines et institutions : points de vue sur la formation professionnelle d’enseignants en France

Anne-Laure Le Guern, Jean-François Thémines : Discipline et rapport au monde professionnel : le portfolio comme self assessment pour des professeurs-stagiaires d’anglais et d’histoire-géographie.

Pascale Delormas : Contribution à une analyse de l'ethos discursif de l'enseignant en formation, envisagé à travers le critère de la réflexivité.

Jacqueline Lafont-Terranova, Maurice Niwese : Acculturation à l’écriture de recherche et formation à la didactique de l’écriture.

III. Discours universitaires : disciplines et pratiques des discours
a.– Discours scientifiques et disciplines universitaires : des interrogations critiques

Jean-Louis Fabiani : Du chaos des disciplines à la fin de l’ordre disciplinaire ?

Francis Grossmann : Pourquoi et comment cela change ? Standardisation et variation dans le champ des discours scientifiques.

Yves Reuter : Les didactiques et la question des littéracies universitaires.

b.– Pratiques des discours à l’université : évolutions, transformations

Fiona English : Écrire différemment, apprendre différemment : repenser le genre.

Robert Bouchard, Chantal Parpette : Littéracie universitaire et oralographisme : le cours magistral entre écrit et oral.

Colleen McKenna : Textes numériques et construction d’espaces d’écriture : la production d’écrits universitaires en hypertexte.

Varia

Laurent Perrin : L’ethos et le temps fictif de l’oralité à l’écrit.

CRESEF éditeur : publications@pratiques-cresef.fr