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Pour une théorie du skaz. Conf. C. Géry (Lausanne)

Pour une théorie du skaz. Conf. C. Géry (Lausanne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Alexei Evstratov)

La Section de langues et civilisations slaves et de l'Asie du Sud (SLAS) de l’Université de Lausanne

a le plaisir de vous convier à la prochaine séance

du séminaire de recherche « Lettres russes : théories & histoires »

jeudi 21 mars 2018 à 17h00 dans la salle 4165 (Anthropole).

Mme Catherine GÉRY (INALCO, Paris) y interviendra sur le thème : 

Pour une théorie du skaz

M. Arnaud NICOD (SLAS, UniL) commentera sa conférence qui portera sur une question abordée à la fois par les formalistes russes et par Walter Benjamin.

Mme Géry y a consacré un livre publié en 2017,

sous le titre Leskov, le Conteur. Réflexions sur Nikolaï Leskov, Walter Benjamin et Boris Eichenbaum).

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Résumé de présentation de Catherine GÉRY :

Dans l’historiographie de la littérature russe, Nikolaï Leskov est identifié comme le représentant emblématique du skaz – le « conte oral » ou « dit ». En ce qu’il reproduit dans le texte écrit les codes narratifs et linguistiques de la littérature populaire russe et du discours oral, le skaz n’est pas tant un genre littéraire qu’un type de discours qui suppose un engagement du narrateur dans l’acte d’énonciation (Benveniste). La langue du skaz est donc une sorte de troisième langue, une langue de la narration qui n’est ni celle de la prose ni celle de la poésie, ni celle de l’écrit ni celle de l’oral, mais qui appartient à la fois au régime de l’un et de l’autre. 

Chez Leskov, l’oralisation du discours narratif est une méthode (l’imitation d’une langue populaire à l’intérieur même de la culture savante et écrite), et c’est une morale : le skaz signe en effet un retour aux sources du récit oral porteur d’expérience sociale mais menacé de disparition dans les sociétés modernes. C’est dans la prise en compte de cette double dimension que l’ouvrage Leskov, le Conteur. Réflexions sur Nikolaï Leskov, Walter Benjamin et Boris Eichenbaum a été conçu comme une tentative de croiser les approches de deux parmi les plus grands exégètes de l’œuvre de Leskov : le philosophe allemand Walter Benjamin pour son analyse du skaz dans ses implications idéologiques (ce que j’ai appelé une éthique du skaz dans la première partie de l’ouvrage où j’envisage, à la suite de Benjamin, le skaz comme un mode d’inscription de la connaissance et de l’expérience du conteur dans le monde, mais aussi comme une forme de résistance à la modernité socioéconomique), et le formaliste russe Boris Eichenbaum pour son analyse du skaz comme ensemble de procédés phoniques et acoustiques (une esthétique du skaz en tant que processus de communication et façon de donner corps à ce processus). 

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Catherine Géry est professeure de littérature et de cinéma russes à l’INALCO, directrice du Centre de recherches Europes-Eurasie (CREE), rédactrice en chef de la revue Slovo et co-directrice de publication de la collection Europe(s) aux Presses de l’Inalco. Elle est spécialiste de l’œuvre de Nikolaï Leskov à qui elle a consacré de nombreux articles et ouvrages, ainsi que des traductions qui ont été couronnées en 2003 par le Prix Halpérine-Kaminsky « découverte ». Elle a publié en 2015 aux éditions Honoré Champion un essai intitulé Crime et sexualité dans la culture russe (à propos de la nouvelle de Nikolaï Leskov Lady Macbeth du district de Mtsensk et de ses adaptations) et en 2017 une monographie sous le titre Leskov, le Conteur. Réflexions sur Nikolaï Leskov, Walter Benjamin et Boris Eichenbaum aux éditions des Classiques Garnier. Ses recherches portent également sur l’historiographie littéraire, le traitement des héritages du XIXe siècle et l’intermédialité.