Actualité
Appels à contributions
Pour une relecture de l’œuvre d’Yves Thériault II

Pour une relecture de l’œuvre d’Yves Thériault II

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Francis Langevin)

En 2003 se tenait à Rimouski, dans le cadre du congrès annuel de l'Acfas, un colloque qui se révéla un véritable coup de semonce dans l'étude du corpus thériausien ; ce colloque fut suivi en 2004 de la publication de la première livraison des Cahiers Yves Thériault.

Depuis un moment déjà, cette oeuvre trônait sur la tablette encombrée des curiosités de la littérature québécoise, ou juste au-dessus, au panthéon des écrivains dont la vie et les aventures pèsent plus lourd que la valeur littéraire de leurs livres.

Pourtant, chacun d'entre nous a sans doute été touché, d'une manière ou d'une autre, par cette écriture à contre-courant, qu'on dit «brutale» ; ou encore par ses côtés scabreux, désinvoltes, exubérants, à mille lieux de certaines écritures compassées qui lui sont contemporaines.

Parler de l'oeuvre d'Yves Thériault, c'est en quelque sorte donner la parole aux milliers de lectrices et de lecteurs qui, au Québec comme à l'étranger, ont lu et continuent de lire cette oeuvre, de la traduire, de l'adapter ; de la lire discrètement, sans chercher à en faire une exégèse pour initiés, sans élitisme littéraire ou autre. Pas que son oeuvre l'interdise, tant s'en faut : seulement, là n'est pas la logique de l'oeuvre, qui s'est construite selon les contingences d'un métier de l'écriture qui, au Québec d'aujourd'hui, fait encore cas d'exception.
Au-delà de ces considérations proprement institutionnelles, socio-littéraires, cette oeuvre, le premier des Cahiers a pu en faire la démonstration, recèle bel et bien une richesse littéraire et surtout de l'imaginaire - qu'on a peut-être négligé de souligner. Que cet imaginaire séduise maintenant des cultures a priori fort éloignées de celles de Thériault (certains de ses romans se vendent mieux en Russie et au Moyen-Orient qu'au Québec !) devrait nous étonner. Cette oeuvre semble devoir être lue en soi, tant il est vrai qu'il est difficile de la rattacher à des préoccupations d'une littérature nationale, du moins dans ses thèmes, ses histoire et rajoutons-en de son imaginaire.

Démesurées, à la grandeur de la vie d'homme qu'il s'est épuisé à construire sa biographie à venir le dira certainement, ses histoires sont à peu près toutes délinquantes, en ceci qu'elles refusent de se soumettre aux cases bien carrées qu'on voudrait dessiner dans l'espace littéraire francophone ; elles apparaissent comme une excroissance qu'on a du mal à cerner. Par conséquent, et c'est peut-être l'excentricité de sa démarche d'écrivain qui lui doit un certain purgatoire, on a tendance à voir Yves Thériault comme une sorte de phénomène culturel marginal, inclassable, pour qui d'ailleurs on crée des cases de toute pièce. Dans une de ces cases, on dit de Thériault qu'il n'a écrit que pour le vulgum pecus des romans vite faits, vite vendus ; qu'il n'a de littéraire que sa sociabilité ; qu'il n'a d'écrivain que la raison sociale.
Qu'advient-il de la singularité de la langue de Thériault ? De son humour, il est vrai, parfois un peu pataud ? De la tendresse ? De sa manière de conter, qui a pu surprendre, mais qui, aujourd'hui, apparaît comme un héritage précieux aux yeux de celles et ceux qui adoptent une posture semblable ? Tout n'a certainement pas été dit qui devrait l'être.

Les collaboratrices et collaborateurs que nous convions à ce colloque, et au numéro des Cahiers qui suivra logiquement, proviennent de Chine, d'Israël, d'Italie, de Pologne, des États-Unis et du Québec. Ils reliront l'oeuvre d'Yves Thériault selon des approches qui visent à rénover l'actualité de cette lecture.

Quelques pistes qui pourront être suivies (telles celles qui mènent vers l'ourse) :

- la place de l'étranger, de l'Autre et ses relations avec le Même, l'homogène
- l'Américanité : posture d'écrivain, personnages et errance
- le réseau, la sociabilité littéraires d'Yves Thériault
- les voyages d'Yves Thériault
- rapport à l'espace, au temps
- la conception forte du héros
- l'humour et l'ironie d'Yves Thériault
- connaissance et transposition des mythes helléniques
- la bibliothèque des Thériault
- Yves Thériault et l'omniscience narrative

Faites-nous parvenir, avant le 15 janvier 2006, un résumé de 10 lignes accompagné d'une bio-bibliographie succincte. Nous encourageons la participation d'étudiants-chercheurs.
Le colloque se tiendra à l'Université McGill, à Montréal, dans le cadre du congrès annuel de l'Acfas, vers le (ou le) 17 mai 2006.

Renald Bérubé et Francis Langevin
(Université du Québec à Rimouski)


Contact :
francis_langevin@hotmail.com

Francis Langevin
Département de Lettres
Université du Québec à Rimouski
300, allée des Ursulines
Rimouski, Québec, G5L 3A1


Avec la collaboration de :

Département de Lettres Université du Québec à Rimouski (www.uqar.qc.ca/lettres)
Les éditions du dernier havre (www.yvestheriault.com)