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Pour une cartographie des récits de soi. De l’autobiographie aux webcams (Vancouver, Canada)

Pour une cartographie des récits de soi. De l’autobiographie aux webcams (Vancouver, Canada)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Jorge Calderón)

Appel de communications

Pour une cartographie des récits de soi : De l’autobiographie aux webcams

Colloque annuel de l’APFUCC

Congrès des Sciences humaines du Canada

University of British Columbia

Vancouver, Canada

Du 1er au 4 juin 2019

 

Le postmodernisme, les théories du soi et celles de la performance ont permis de repenser et qualifier de façons nouvelles l’instance du « soi », cristallisant ces changements, entre autres, dans le récit de soi. En effet, à partir des années 60, plusieurs éléments au niveau de l’écriture, du sujet humain, de l’identité et du soi se transforment et les théories (Marvin Carlson, Performance; Linda Hutcheon, The Politics of Postmodernism; Paul Ricœur, Soi-même comme un autre) qui en découlent touchent fortement la manière d’envisager, d’analyser et d’écrire sur soi. En bref, ces théories suggèrent un constructivisme fort qui rejette complètement les idées de nature et de vérité absolue que prônait l’autobiographie traditionnelle. De cette subjectivité et de cette identité constamment socialement construites et performées selon les contextes, les demandes et les réceptions multiples possibles, émane une écriture de soi envisagée comme en progrès, qui ne fixerait plus le soi, mais qui rédigerait une instance en évolution, changeante et instable. Le sujet du récit de soi devient donc fragmenté, non unifié, divisé, pluriel, à voix multiples, et celui/celle qui écrit n’est plus perçu.e comme le centre de l’œuvre, maître de son sens et de celui de ses actions ou de ses pensées. 

Le récit de soi, dès lors, peut être considéré comme une stratégie performative de l’auteur.e afin de se constituer et de construire un soi social, sans connaître l’issue ou les effets de cette performance, une façon de réaliser une subjectivité, ici narrative, et non de représenter fidèlement une identité qui existerait en dehors de la représentation. Comme la signification du soi se trouve maintenant aux frontières de l’écriture, de la narration et de la représentation, où elle est toujours créée et à la fois remise en question, en mouvement, le récit de soi peut aussi être considéré comme un outil d’expérimentation et d’exploration de ce sens qui bouge sans arrêt. Notons également que le passage à l’ère numérique a transformé nos façons de construire, de créer et de représenter le soi. Dans cet atelier, nous nous intéressons alors également à élargir la définition du récit de soi au-delà du domaine littéraire, afin de mettre en valeur des constructions de soi émanant du cinéma, des arts visuels, ainsi que des réseaux sociaux numériques. 

Les théories sur le soi réintroduisent également un lien fort avec l’altérité lorsqu’on parle d’identité et d’écriture de soi. Le récit de soi ne serait ainsi plus uniquement considéré comme narcissique et nombriliste, mais il prendrait en considération le monde et aurait le pouvoir d’agir sur celui-ci. D’abord simplement en participant à la création de la culture à partir de laquelle il est produit, ensuite en devenant co-créateur du sens du soi au moment de chaque expérience de lecture et enfin en transformant la norme, la normalité et la normativité. Ainsi, le sujet du récit de soi aurait la capacité de résister aux identités institutionnalisées par la société disciplinaire et régulatrice (Foucault) – pensons ici à l’exemple des identités LGBTQ2+ – en défiant les normes dominantes du genre et de la sexualité. Cette altérité entre également dans le récit de soi lorsqu’on considère cette instance comme réflexive, pouvant être sujet et objet à la fois, ayant la capacité de se regarder comme « un autre ». Le récit de soi engendrerait ainsi un soi-auteur.e, un soi-écrit et un soi-lecteur/lectrice ; lesquels auraient la capacité de s’observer, s’analyser, dialoguer, subvertir, résister et s’émanciper à travers l’écriture, montrant encore le caractère contradictoire et fragmenté de soi.  

Cet atelier portera ainsi sur le récit de soi dans toute sa complexité socialement construite, performée, hétérogène, contradictoire, à voix multiples et instable. Nous nous intéressons à la façon dont nous pouvons maintenant créer et écrire le soi, la mémoire, l’expérience humaine. Nous sommes aussi intéressés aux problèmes, aux limites, que ces conceptions du soi amènent lorsque vient le temps de s’écrire, se représenter et se construire. En nous penchant sur les diverses modalités d’écriture de soi, nous tenterons également d’analyser la façon dont le sujet humain construit sa subjectivité, son agentivité, sa performativité, voire son identité dans des œuvres littéraires, artistiques, cinématographiques, théâtrales et médiatiques. Nous invitons donc des propositions qui portent sur l’écriture de soi en fonction de certains axes de réflexion (de façon non exhaustive) :

  • L’autofiction (la fiction et le récit de soi)
  • Les voix dans le récit de soi
  • La construction de l’identité par l’écriture (stratégies, limites, conséquences)
  • La performance de soi par l’écriture (stratégies, limites, conséquences)
  • L’altérité et le récit de soi
  • Le temps du récit de soi (mémoire, présent, inachèvement)
  • L’indicible de l’expérience humaine (stratégies narratives, écrire la mémoire, le traumatisme, l’inconscient)
  • Les identités LGBTQ2+ et le récit de soi
  • La construction de soi à travers les réseaux sociaux numériques (Tinder, Youtube, blogues, Snapchat, Instagram, Facebook, Twitter, Grindr, etc.)
  • La construction de soi à travers le cinéma, l’art visuel et le documentaire.

Date limite pour l’envoi des propositions (250-300 mots) : le 15 décembre 2018. Veuillez faire parvenir les propositions de communications à Laurence Gauvreau (laurence_gauvreau_sinotte@sfu.ca) et à Hasheem Hakeem (hha48@sfu.ca).

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des organisateurs de l’atelier avant le 15 janvier 2019 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. Ils doivent être réglés avant le 31 mars 2019 pour bénéficier des tarifs préférentiels. La date limite pour régler les frais de conférence et l’adhésion est le 15 avril 2019. Passé cette date, le titre de votre communication sera retiré du programme.

Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication pour le colloque de 2019. Toutes les communications doivent être présentées en français (la langue officielle de l’APFUCC) en personne, même dans le cas d’une collaboration.

Responsables de l’atelier :

Laurence Gauvreau

Département de français & World Literature Program, Simon Fraser University

laurence_gauvreau_sinotte@sfu.ca

Hasheem Hakeem

Département de français & Faculty of Education, Simon Fraser University

hha48@sfu.ca

 

Sites web :

http://apfucc.net

https://www.congres2019.ca