Questions de société

"Pour une autre mastérisation" (collectif Univ. Paris 12 - UFR LSH et IUFM de Créteil, juillet 2009)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

"Pour une autremastérisation", contribution d'un groupe d'enseignants, enseignantschercheurs, formateurs de l'Université Paris 12 - de l'UFR LSH et del'IUFM de Créteil

SLU mardi 7 juillet 2009

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2816


POUR UNE AUTRE MASTERISATION

Cette contribution est le fruit de réflexions menéespar un groupe d'enseignants, enseignants chercheurs, formateurs del'Université Paris 12 - de l'UFR LSH et de l'IUFM de Créteil,convaincus qu'il est possible de dépasser les « conflits d'intérêt » etles rivalités souvent entretenues entre UFR et IUFM.Elle n'aborde pas le contenu des concours mais l'architecture généraled'une autre mastérisation, pour le domaine des Lettres, langues etsciences humaines. Le dispositif élaboré est synthétisé dans un schémaen fin de document.

PRINCIPES DIRECTEURS :

En préalable à ses propositions, le groupe a commencépar dresser une liste des principes communs aux enseignants mobilisésdes UFR et de l'IUFM, principes à partir desquels devrait être élaborétout projet de masterisation, à savoir :

  • Maintien du lien entre réussite aux concours de recrutement et formation des enseignants ;
  • Préservation de la fonction publique d'Etat ;
  • Refus de la mise en concurrence entre Formation professionnelle et Formation à la recherche ;
  • Un vrai stage de fonctionnaire en responsabilité et en formation alternée ;
  • Des concours à contenus disciplinaires ;
  • Garantie de la présence universitaire au sein des jurys de concours.

PROPOSITIONS :

1) Recruter les enseignants par concours nationaux de la fonction publique d'Etat

Les enseignants, enseignants-chercheurs, formateursrépètent leur attachement au recrutement des enseignants par concours -une procédure de sélection par l'excellence et de manière égalitairepour tous les candidats à l'échelle nationale.

2) Un concours placé en fin de M1

Les concours doivent être placés en fin de la premièreannée de Master ; ils conditionnent l'accès au M2 MEF. Cette solutionest le seul moyen d'éviter la création d'un « marché des enseignants »,de respecter le caractère national du recrutement, et permet laréorientation suffisamment précoce des étudiants ayant échoué auxconcours.

Argument : Le danger (et probablement l'objectif) de laréforme de mastérisation de la formation et du recrutement desenseignants telle qu'elle a été envisagée jusqu'à présent parMme Pécresse et M. Darcos est la création d'un nombre de diplômés auxmasters des métiers de l'enseignement bien supérieur à celui des reçusaux concours de recrutement des enseignants. Le résultat prévisibleserait la création d'un « marché des enseignants » ouvert auxrecrutements par des commissions rectorales ou des établissements, surdes contrats dépourvus des garanties statutaires de la fonctionpublique.

A la différence du projet actuel du gouvernement, quiprévoit l'allongement de la durée des études d'un an sans rémunération,ce dispositif permet de concilier le maintien de l'entrée dans lafonction publique d'Etat dès le début de l'année Bac + 5, et lasanction par le diplôme de master d'une formation à la foisdisciplinaire et professionnelle.

La dissociation entre admissibilité en M1 et admissionen M2 n'est pas souhaitable : l'année de M2 se ferait dans ce cas sousstatut d'étudiant et non de fonctionnaire-stagiaire.

3) Une formation validée par des ECTS

La réussite à un concours conditionne l'attribution des 60 ECTS permettant de s'inscrire en M2 MEF.

L'admissibilité permet aux étudiants de capitaliser une partie, à définir au niveau national, de ces 60 ECTS.

En cas d'échec au concours, les étudiants peuventpoursuivre en M1 MEF l'année suivante et se représenter au concours, oubien se réorienter dans des Masters d'autres mentions (ou d'autresdomaines).

Des commissions ad hoc attribuent le cas échéant deséquivalences d'ECTS de M1 pour les masters d'une autre mention dudomaine d'origine. Des réorientations peuvent avoir lieu dès la fin dupremier semestre de M1. Des ECTS sont attribuées en fonction desrésultats de ce premier semestre.

4) Master MEF : Un diplôme de master sanctionnant une formation disciplinaire et professionnelle.

L'année de fonctionnaire-stagiaire consécutive à laréussite au concours doit rester une étape essentielle de laprofessionnalisation des enseignants, grâce à une formation enalternance. Il s'agit de l'année de M2 MEF, sous statut defonctionnaire-stagiaire.

Les deux années de masters comportent une dimensiondisciplinaire (dominante en M1) et une dimension professionnelle(dominante en M2).Le diplôme de master vient donc sanctionner les deux années depréparation de concours et de stage de formation en alternance,partagée entre stage(s) en responsabilité sur le terrain (1/3 du temps)et la formation à l'université (2/3 du temps).

Des EC de préprofessionnalisation sont proposés auxétudiants dès l'année de L3. Les stages avant le recrutement desenseignants par concours sont des stages d'observation ou de pratiqueaccompagnée.

Les lauréats aux concours, fonctionnaires-stagiaires,s'inscrivent alors en M2 mention MEF dans la spécialité correspondantau concours qu'ils ont réussi : professeur des écoles, professeur decollège et lycée, professeur de lycée professionnel, conseillerprincipal d'éducation.La capitalisation des 60 ECTS de l'année de M2 leur permet d'obtenir lediplôme de Master délivré par l'université.La titularisation relève du rectorat.

5) Souplesse des cursus pour les étudiants, des mentions sans exclusive

Afin de permettre aux étudiants de « circuler » entremaster MEF et master Recherche, les nouveaux masters doivent êtreinscrits au niveau de la mention, ou de la spécialité, (et non duparcours) ; ainsi, les étudiants issus de licence ne seront pas placésdevant des choix exclusifs.

Argument : Une des difficultés majeures engendrée parle projet de réforme gouvernementale réside en la mise en concurrencedes masters recherche actuels et des nouveaux masters, qui risquent de« vider » les masters recherche en imposant un itinéraire unique auxétudiants ; car il est théoriquement impossible de faire deux mastersdans la même spécialité. Il faut donc que les masters MEF et lesmasters Recherche soient fléchés comme des spécialités différentes(seule garantie pour que les étudiants ne soient pas « interdits » demasters recherche dès lors qu'ils auront fait un master enseignement,ou l'inverse.

Ex : un étudiant d'une licence d'un domaine pourra toutd'abord mener à bien une année de M1 mention Recherche, avant des'inscrire en M1 mention MEF pour passer un concours. Statistiquement,les étudiants, déjà titulaires d'un M1 recherche sont actuellementbeaucoup plus nombreux à réussir les CAPES en lettres, langues etsciences humaines. Il leur sera possible aussi de s'inscrire en M2recherche, soit après leur année de M1 recherche, soit en même tempsque leurs années de Master MEF, soit après avoir obtenu leur MasterMEF. Mais un étudiant pourra aussi faire le choix de s'inscrire en M1MEF dès après sa licence, par exemple pour passer le concours deprofesseur des écoles ou de professeur de lycée professionnel.

Cette souplesse d'itinéraires permet d'adapter laformation aux besoins de chaque spécialité du métier d'enseignant sansmettre en question l'unité du statut d'enseignant fonctionnaire.

6) Renforcement du lien entre Recherche et Formation professionnelle

La mastérisation doit être l'occasion de reconnaître etd'améliorer une formation de cinq ans aux métiers de l'enseignement. Unmémoire de recherche sera réalisé au cours de l'année de M2, dans unchamp en relation avec les métiers de l'enseignement et de laformation : didactique disciplinaire, sciences de l'éducation,sociologie de l'éducation, histoire de l'enseignement … Il pourra êtrepoursuivi au cours de l'année de néo-titulaire 1.

D'autre part, afin de favoriser la mise en place de« troncs communs » entre masters recherche et masters MEF au sein d'unemême discipline, le groupe de réflexion propose d'étudier lapossibilité de mettre en place au niveau du concours une épreuvesupplémentaire de « recherche » (encore en débat au sein du groupe),consistant en un mini-mémoire qui serait présenté et évalué par le jurydu concours, sur le principe des « épreuves sur dossier personnel » desconcours d'entrée à certaines écoles, comme par exemple les écolesd'art. Les sujets de ce « mémoire » présenté au concours pourraientaussi bien porter sur la recherche disciplinaire que la recherche endidactique.Argument : Une telle épreuve favoriserait la validation d'un M1 MEF envue d'un M2 Recherche sur la base d'une réelle formation.

7) Agrégation

Le pré-requis pour passer le concours d'agrégation, en M1 MEF, est d'être titulaire d'un M1 recherche.

Enseignants ayant participé au groupe de réflexion :Arnaud BAUBEROT (UFR LSH, Histoire), Jeanne-Marie BOIVIN (UFR LSH,Lettres modernes), Karine CHAMBEFORT (UFR LSH, Anglais), MartineDAUZIER (UFR LSH, Lettres modernes), Pascale DELORMAS (IUFM de Créteil,Sciences du langage), Jean-François DUBOST (UFR LSH, Histoire), ClaireFABRE (UFR LSH, Anglais), Pierre FIALA (UFR LSH, Lettres modernes),Marie FRANCO (UFR LSH, Langues romanes), Isabelle LABORDE-MILAA (UFRLSH, Lettres modernes), Guillaume MARCHE (UFR LSH, Anglais), DidierMENDIBIL (IUFM de Créteil, Géographie), Eric PELLET (UFR LSH, Lettresmodernes), Fabrice RIPOLL (UFR LSH, Géographie), Béatrice RODRIGUEZ(Langues romanes), Elisabeth ROTHMUND (UFR LSH, Allemand), Marie-Albanede SUREMAIN (IUFM de Créteil, Histoire), Michel SOLONEL (IUFM deCréteil, Géographie), Ludovic THELY(UFR LSH, Histoire), Tatiana WEETS(UFR LSH, Anglais)

Rédacteurs : Marie-Albane de SUREMAIN et Eric PELLET