Questions de société

"Pour tous les jeunes, défendre et transformer la formation des enseignants" (communiqué de la FSU, 07/11/09) + "Penser la formation ." (Café pédagogique 09/11/09)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

Rappel: Masterisation: la direction de la Fsu avec Darcos, communiqués d'Émancipation intersyndicale et du Se-Unsa 29/05/09.

La FSU commencerait-elle à se réveiller ?

Ci-dessous:

- Pour tous les jeunes, défendre et transformer la formation des enseignants (communiqué de la FSU, 7 novembre 2009)

- "Penserla formation, c'est penser la conception du métier... Mais quelleconception ?" Assises de la FSU - Le Café pédagogique, 9 novembre 2009

Pour tous les jeunes, défendre et transformer la formation des enseignants (communiqué de la FSU, 7 novembre 2009)

http://www.fsu.fr/spip.php?article1864

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3105

Ce texte a été lupar G. Aschiéri, secrétaire général de la FSU, à la fin des AssisesNationales de la Formation des Enseignants, le 7 novembre 2009.

Notreconception du système éducatif, notre volonté d'aller vers une Écoleréellement démocratique qui assure la réussite de tous les jeunes, quilutte contre l'échec scolaire de tous les jeunes et cherche à faire queles inégalités sociales ne se transforment pas en inégalités scolaires,nous amènent à lancer cet appel pour défendre et transformer laformation des enseignants. Nous estimons que l'élévation du niveau deformation et de qualification de tous et leur reconnaissance est unimpératif démocratique. Un plus grand nombre d'étudiants issus desmilieux modestes doit pouvoir accéder dans de bonnes conditions à unhaut niveau d'études supérieures.

La réforme qui se met en place contre l'avis de tous les acteursconcernés, débouchera à terme sur une ségrégation sociale plus grandeet une dégradation de la formation. La suppression massive d'emplois,les dégradations de la formation, la disparition programmée des IUFM,la remise en cause du temps de formation pendant l'année defonctionnaire stagiaire marquent l'abandon de toute ambition pourdémocratiser le système éducatif. À quelques jours d'annonces dont toutlaisse présager qu'elles seront néfastes pour les élèves, lesétudiants, les formateurs, la Fsu demande à nouveau l'abandon de cetteréforme ainsi que le retrait des textes d'application déjà publiés auprofit d'une toute autre réforme.

Une vraie réforme de la formation doit permettre une réelleélévation de la qualification de tous les personnels d'enseignement etd'éducation, articulant exigences scientifiques etprofessionnalisation, intégrant dimensions disciplinaire, didactique etprofessionnelle. Nous appelons à construire une formation progressiveet intégrée qui commence dès la licence, intègre le master et l'annéede fonctionnaire stagiaire. La formation continue doit s'appuyer surcette formation initiale et être garantie à tous dans toute la carrière.

Mieux former les enseignants exige de développer le lienenseignement recherche à tous les niveaux et dans tous les domaines dela formation. Nous exigeons en particulier des créations d'emploisd'enseignants chercheurs ou de chercheurs, ainsi que des moyensfinanciers pour que Université et leurs IUFM,,les organismes derecherche et INRP développent des thématiques trop souvent tenues àl'écart en France notamment l'histoire des disciplines, épistémologie,didactique, analyse de pratiques …

Nous affirmons la nécessité de conserver et développer une structurede formation spécifique aux enseignants au sein de l'Université. LesIUFM doivent être rénovés et s'appuyer sur des coopérations avec lesdifférentes composantes d'une université et entre établissements.L'Etat doit assurer un cadrage national de la formation et l'équité surle territoire national. La formation suppose des approches plurielles ;les équipes pluri-catégorielles de formateurs IUFM comprenant aussi desenseignants en service partagé ou des maîtres formateurs, ne doiventpas être démantelées mais au contraire élargies.

Nous sommes attachés au recrutement des enseignants par concours, cequi garantit une équité sur le territoire, et au statut defonctionnaires de l'État, leur permettant d'assurer sereinement leursmissions.

Nous l'affirmons, réformer la formation et le recrutement desenseignants relève d'un choix de société. Ce sont deux leviersessentiels pour transformer l'école en profondeur et revaloriser lesmétiers de l'enseignement et de l'éducation.

Nous appelons dans l'urgence les ministres à ouvrir des négociations en vue :

puce-32883.gif de mettre en place un système d'allocations d'études et de pré-recrutement
puce-32883.gif d'assurer une carte des formations qui permette la préparation de tous les concours
puce-32883.gif d'élaborerun cadrage national qui articule la mise en place de masters de qualitéet une préparation aux concours de recrutement
puce-32883.gif de conforter le rôle des IUFM et de leur potentiel de formation pour la formation initiale et la formation continuée
puce-32883.gif demettre en place une année de fonctionnaire stagiaire qui comporte 60%du temps de service accordé à la formation professionnelle.
puce-32883.gif Un plan pluriannuel de recrutement et de résorption de la précarité

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"Penserla formation, c'est penser la conception du métier... Mais quelleconception ?" Assises de la FSU - Le Café pédagogique, 9 novembre 2009

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/primaire/elementaire/Pages/assisesFsuFormation.aspx

Dansquelques jours, le 13 novembre, les deux ministres de l'EN et de larecherche vont annoncer les décisions qu'ils vont prendre à partir desgroupes de travail, sans concertation avec les organisationssyndicales. La FSU appelle à une grève le 24 novembre, y compris pourexprimer son opposition à la réforme prévue. Mais à l'intérieur de lafédération, les syndicats semblent divisés, entre le SNUipp et leSNESup, qui réclament un concours à la fin de la première année de M1,comme le SGEN et le SE-UNSA, et les syndicats du second degré (dont leSNES), qui penchent pour un recrutement en M2.

L'organisation d'une journée nationale sur la formation était doncun défi pour ceux, SNEP en tête, qui entendent poursuivre le travailpour dépasser les rancoeurs et les débats internes. Seule solution,inviter à la tribune des experts, pour décaler le débat et prendre durecul. Les militants qui avaient fait l'effort de passer un samedi àParis n'ont pas été déçus du voyage…

Ouvrant les débats, Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, pose un cadre qu'il veut serein.

Travailler sur la réforme de la formation des enseignants, c'estouvrir un débat sur la conception de sa profession, le devenir desIUFM, les conséquences sur l'Université dans le cadre de la loi LRU… « Le débat est normal, tout ne monde n'a pas le même point de vue, au sens premier du terme, ni les mêmes intérêts »,explique-t-il. Dans ce contexte, il met l'accent sur ce qui faitposition commune : volonté d'amélioration et démocratisation du systèmeéducatif, obtention d'un master délivré par l'université, rejet duprojet gouvernemental coupable de «  dégrader la formation professionnelle », demande d'une « autre réforme ». Il insiste sur la «  question centrale » de l'avenir des structures IUFM, l'augmentation de la sélection sociale avec la suppression de l'année de stage…

« Ce qui fait débat, c'est la place du concours, en fin de M1 ou en fin de M2  ?Comment avoir un master de qualité, tout en permettant aux étudiants depasser un concours sélectif ? Faut-il faire se succéder dans le tempsformation disciplinaire et professionnelle, ou les intégrer au risquede mélanges explosifs ? Toutes les questions sont imbriquées, c'est cequi fait la complexité de la construction de la réponse… ». D'autant plus que certains métiers, par exemple les PLP, n'ont pas actuellement de filière universitaire de niveau master…

C'est au tour des invités de prendre la parole. Un plateau de choix est rassemblé, dont les propos vont secouer la salle…

Quels sont les gestes professionnels d'un enseignant ? Comment les faire acquérir en formation initiale ?

Pour Dominique Bucheton, de l'Université Montpellier 2 (IUFM), « le « geste professionnel »de l'enseignant, c'est ce qu'il fait en direction de ses élèves, avecdes intentions, des convictions, des valeurs, en s'inscrivant dans uncollectif de travail qui cherche à gagner en efficience pour gagner endémocratie. Mais cet « agir enseignant est un produit complexe, fruitde multiples préoccupations qui s'enchainent à une vitesse prodigieuse,avec les prises de décision « à jet continu » et des réajustementsconstants. « Je suis pour dire que nous ne savons pas encore asseztravailler ces questions, notamment les logiques d'action et lesvaleurs des enseignants. Le métier est à réinventer, à transformer. »

Comment ces gestes s'apprennent-ils ? « Dans l'action et dans laconceptualisation, on le sait. Mais on ne réfléchit pas comme ça à sonmétier. Il faut s'y outiller. Les étudiants ne font pas les liens entreles différentes dimensions théoriques du métier. Les résistances nesont pas que dans l'institution, elles sont aussi dans nos métiers etdans nos têtes ». L'agir enseignant est aussi quelque chose qu'ilfaut protéger. Envoyer des stagiaires face à des élèves n'importecomment, c'est développer de l'émotivité sans donner les moyens de se « développer professionnellement ».Pour les jeunes enseignants comme pour les élèves, il faut, pour sedévelopper, faire l'expérience d'une première réussite, faute de quoion risque de provoquer rupture et désistements. Nous devons donc penserla formation avec de nouveaux dispositifs, filés, accompagnés,questionnés, parlés en collectif pour apprendre à nommer les situations.

"Comment l'Université professionnalise-t-elle ?

Artigue, Président de l'Association des directeursd'Instituts universitaires professionnels (IUP), engage la salle versdes horizons décapants, en faisant des parallèles saisissants…

« L'Université cherche depuis longtemps à professionnaliser,d'abord les ingénieurs, dans des institutions spéciales, puis dans lesIUT. Mais former des professionnels ne se fait pas avec des enseignantschercheurs purs et durs. Il y a eu jusqu'à 300 IUP en France, notammenten génie civil, banque, communication, en alternance, avec le soucid'être en adéquation avec les besoins de l'emploi. Mais faute de lesavoir protégés, ils ont presque disparu avec le retour de l'Université« traditionnelle » qui a repris le pouvoir avec le LMD, qui a réclamédes formateurs « habilités » ayant fait des publications pour formernos étudiants, ce qui était totalement décalé. On a cassé ce système,déqualifié les masters professionnels au profit des master recherche…Quand un ingénieur fait un pont, il doit croiser de multiples entréesde savoirs, de cultures, de savoir-faire… Les enseignants du supérieurn'ont-ils pas accompagné le ministère dans ce démantèlement, enréclamant l'universitariation à tout crin sans se préoccuper descontenus professionnels à construire, à tisser pour parvenir à formerdes professionnels efficaces ? ». La salle applaudit, un ange passe…

Patrick Rayou, université Paris 8, en ajoute une couche, dans ladentelle… Il a la lourde responsabilité de répondre à la question « Quellearticulation entre les divers formateurs ? Quel lien avec le terrain ?Quelles évolutions nécessaires dans la formation de formateurs ?"

Il retourne la question posée : « des formateurs pour quelsformations ? Il ne peut y avoir de formation professionnelle que paralternance, et les solutions en découlent. Le potentiel de l'IUFM estconsidérable, et pas toujours assez connu de l'IUFM lui même qui estcarent pour « disciplinariser » son savoir professionnel pour faire« genre professionnel ». Les savoirs-faire desenseignants-chercheurs, mais aussi tous les autres formateurs. Les« séminaires de mémoires » pourraient être l'occasion de renforcer laculture professionnelle croisée des formateurs. On manque de recherchescontextualisées en éducation.

Mais un des drames de la formation, c'est que l'alternance ne permetque trop peu de rencontres entre les différents lieux de l'alternance.Conséquence : les étudiants s'installent dans une séparation entre la« théorie » et la « pratique », entre le centre et le terrain, entreles formateurs du haut et les formateurs du bas… Etre formateur en mêmetemps que chercheur, c'est une des conditions pour mettre les mainsdans le cambouis…

Comment diffuser les résultats de la recherche en éducation ?

Cela touche les savoirs à enseigner et les savoirs pour enseigner.Si on pense en terme de tache d'huile, ça ne marche pas : les savoirsde la recherche ne peuvent intéresser le terrain que s'ils sonttraduits, mis en actes dans la formation, re-problématisées en destermes qui concernent les praticiens.

Il faut oser dire que bien des savoirs de formation s'élaborent ausein de la formation elle-même. Ces savoirs d'action sont trop peucaptés, mis en forme. On ne recueille pas encore les savoirs de métiersdes débutants, et on a l'impression que chaque génération lesréinvente. Les entrants dans le métier peuvent être aussi leurs propresformateurs, pour peu qu'on les y encadre. Les enseignants débutants seméfient des savoirs surplombants, et les mémoires de futurs masterpeuvent avoir toute la richesse universitaire possible pour être devéritables moyens de se former par la recherche, pour peu qu'on lesdiffuse et les traduise.

Former des formateurs par des masters de formation de formateurs,c'est urgent, pour faire du cadre national et développer le métier deformateur en le professionnalisant, en l'inscrivant dans lescollaborations professionnelles nécessaires…

Quel tronc commun de formation et quelle formation spécifique ?

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