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Pour ou contre la métaphore ? Pouvoir, savoir, histoire et esthétique

Pour ou contre la métaphore ? Pouvoir, savoir, histoire et esthétique

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Janusz Przychodzen)

Déjà, pendant l'Antiquité, la question de la métaphore s'est posée au coeur de la réflexion sur le langage. Depuis, elle a régulièrement mobilisé l'attention de littéraires, de philosophes, d'historiens et de linguistes. Ainsi, de nombreuses approches et explications ont été proposées en rapport avec diverses disciplines et domaines de savoir pour comprendre la nature, la place et le fonctionnement de cette figure de style critique. Nietzsche, Bachelard, Jakobson, Cassirer, Sontag et Ricoeur, pour ne mentionner que ces quelques noms, se sont tous penchés, avec des résultats différents, sur la question de l'implication de la métaphore dans la production du sens et la représentation du monde.

La métaphore ne figure pas dans le dictionnaire, mais elle demeure omniprésente dans le langage, écrivait Ricoeur. Néanmoins, il s'est constitué dans le discours social, en dehors de la sphère poétique, une aporie de la métaphore. En faisant écho en quelque sorte aux positions prises jadis par Platon et par Aristote au sujet de la métaphore et, par le fait même, de l'esthétique, cette aporie reposerait essentiellement sur une ambivalence qui se caractérise, d'une part, par une dévaluation constante de la figure et, d'autre part, par sa continuelle utilisation, voire même parfois par sa survalorisation. En effet, la métaphore, qui participe autant à l'embellissement du langage qu'à sa dépréciation, comme, par exemple, dans le cas de la parole discriminatoire, aurait-t-elle une valeur qui lui serait propre ? Vérité d'aujourd'hui, métaphore de demain, clamait Nietzsche. Y a-t-il toutefois une « vérité métaphorique » ? Quelles sont la place et l'importance de la métaphore dans la constitution, la transformation ou même dans le détournement d'une représentation ou d'une argumentation ? Peut-on parler du pouvoir de la métaphore ? Si oui, comment se constitue-t-il et comment s'opèrent son déclin et son usure ?

Le présent colloque se propose d'explorer ces questions en invitant les chercheurs en sciences sociales à faire des analyses du fonctionnement équivoque de la métaphore dans des domaines non littéraires du langage (philosophique, historique, militaire, politique, juridique, médiatique, scientifique, médical, etc.) en vue d'en dégager des éléments propres à une « poétique » du langage ordinaire, par opposition à la poétique du langage esthétique.

Ces études, que l'on pourra rapprocher des analyses en littérature appliquée, devraient permettre de mieux comprendre le fondement esthétique des concepts et des valeurs-clés du langage : vérité, pouvoir, justice, connaissance, etc. Nous accepterons aussi bien des propositions de communication qui proposent d'explorer des approches théoriques que celles qui envisagent des études de cas dans une perspective historique ou contemporaine. Seront également acceptées des propositions de communication qui se donnent pour objet le discours de la critique littéraire ou qui mettent en rapport, d'une part, le discours social dans ses manifestations et ses questions de pouvoir, de connaissance et de représentation concrètes et, d'autre part, le traitement esthétique des mêmes aspects dans le langage des oeuvres littéraires.

Thèmes proposés

- La métaphore, productrice de la valeur et du préjugé dans le discours social ;

- Le trafic de la métaphore dans le discours politique ;

- Le discours militaire : métaphore en temps de paix et de guerre ;

- La métaphore et la construction de la vérité historique ;

- La valeur épistémologique de la métaphore en science ;

- La place de la métaphore dans la vulgarisation scientifique ;

- L'usage thérapeutique de la métaphore dans le discours médical ;

- La métaphore dans le discours juridique (culturel) : poétique de la justice ;

- La fonction de la métaphore dans les médias (journalisme et publicité) ;

- La métaphore et la poétique du témoignage (récit de vie) ;

- La métaphore et la pensée philosophique du langage et de la réalité ;

- La métaphore dans le discours critique (littérature, film, théâtre, art) ;
Etc.

Les propositions de communication, en français ou en anglais, doivent inclure un résumé de 300 mots, accompagné d'un titre et des coordonnées (nom, fonction, université, département d'attache, etc.). Elles doivent parvenir aux organisateurs avant le 31 novembre 2006 :

François-Emmanuël Boucher
Collège militaire royal du Canada
Francois-Emmanuel.Boucher@rmc.ca

Janusz Przychodzen
Université York
januszp@yorku.ca

Sylvain David
Université Concordia
sdavid@alcor.concordia.ca

Important : Le comité reçoit également des propositions d'articles sur le même thème. Les articles choisis seront inclus dans le collectif, qui sera publié à la suite du colloque. La priorité sera donnée aux communications présentées lors du colloque et sélectionnées par le comité de lecture. Les propositions d'articles doivent parvenir aux organisateurs avant le 31 novembre 2006. Les avis d'acceptation seront envoyés par le comité de sélection avant le 1er janvier 2007. Le colloque aura lieu au Collège militaire royal du Canada à Kingston (Canada)les 24 et 25 mai 2007.