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Polar-isations francophones. Cinquante nuances de noir (Iași, Roumanie)

Polar-isations francophones. Cinquante nuances de noir (Iași, Roumanie)

Journées de la Francophonie, IAŞI, 24-25 mars 2017

Polar-isations francophones

Cinquante nuances de noir

 

On a constaté, ces dernières années, un intérêt croissant des gens cultivés pour la fiction policière, celle qui va bien au-delà du divertissement facile et d’une construction schématique et superficielle. Certes, il y a en nous une attraction indéniable pour le mystère et l’énigme, que ce genre littéraire assouvit à profusion, mais il y a bien plus encore, ce qui explique par ailleurs le nombre toujours croissant d’études et de colloques académiques qui lui sont consacrés. Et cet intérêt particulier, qui le légitime largement, est celui de la perspective pluridisciplinaire qu’il suscite, car un bon texte policier – fût-il roman, pièce de théâtre ou nouvelle – se situe au carrefour où la littérature, l’histoire, la géographie, la psychologie, la religion, la philosophie, l’intertextualité, le travail sur la langue, les réflexions sur les mentalités contemporaines se rencontrent plus librement qu’ailleurs et donnent naissance à des réflexions englobantes, d’une portée plus large que celles habituellement éveillées par des lectures disciplinaires et disciplinées.

Si la littérature policière, noire, réaliste ou fantastique s’est imposée assez tard dans la conscience publique, au XIXe siècle, elle a rapidement évolué, assumant et intégrant aujourd’hui une bonne partie de nos interrogations les plus complexes et de nos considérations les plus délicates. Des figures cultes du gentleman cambrioleur Arsène Lupin, ou de l’imperturbable commissaire Maigret jusqu’à Joshua Brolin de Maxime Chattam, par exemple, du code réaliste aux accents burlesques, grotesques ou oniriques jusqu’au néo-réalisme d’aujourd’hui, les audaces de ces écritures francophones brisent nombre de clichés et de prêt-à-porter génériques. Le rythme, la fragmentation narrative, le mélange de réel et de fictionnel, ou l’ironie métafictionnelle dont elles se servent souvent bousculent les traits traditionnels, ou les idées reçues, transformant cet espace en un champ d’expérimentation littéraire et existentielle à la fois.

On pourrait peut-être l’appeler littérature de l’impunité, car ce paysage d’identités masquées et de frontières floues abrite souvent des questionnements très sérieux sur des problèmes sociaux, politiques, économiques ou moraux (voir les polars antillais de Patrick Chamoiseau et de Raphaël Constant), car le genre policier y est étroitement lié. Ou bien, sous le couvert de l’humour, de l’ironie, du sarcasme, certains auteurs, notamment africains, postcoloniaux (comme Bolya Baenga ou Achille Ngoye), s’attaquent aux préjugés et injustices diverses, aux pouvoirs discrétionnaires des nouveaux dictateurs, à la corruption généralisée ou aux plaies encore saignantes des combats identitaires ambigus contre une langue et une culture perçues comme aliénantes au départ, intégrées substantiellement par la suite. L’autodérision, le comique frôlant l’absurde, la fantaisie débridée sont en effet des modalités d’alléger des réalités sombres, parfois indicibles, et la littérature de l’énigme est devenue une sorte de loupe qui aide à analyser et à comprendre la société dans laquelle nous vivons.

Le choix d’un texte policier par un lecteur dépend de plusieurs facteurs et, sans ignorer l’aspect de distraction ou la dimension ludique, il faut de plus en plus compter avec les fonctions de transmission de connaissances spécialisées, même condensées et standardisées, tout comme avec la fonction pédagogique, ou de dénonciation. Il est donc compréhensible que l’on cherche cette prise directe avec une réalité sociale complexe, fuyante, qui est celle de la marge.

Vous êtes donc conviés à explorer ces différents types d’écriture contemporaine de l’énigme francophone, dans une perspective comparatiste, ou d’expérimentation formelle, dans ses rapports avec d’autres genres ou sous-genres, dans la créativité linguistique de ses jeux avec et sur la langue (il suffirait d’évoquer l’inénarrable San-Antonio), dans les défis à la traduction qu’elle pose. C’est un vaste champ thématique, linguistique, civilisationnel, qui offre une image sans fard, in medias res, d’un environnement proche que nous choisissons souvent d’ignorer, et propose une reconfiguration de l’espace et du temps de notre quotidien.

 

Voici quelques axes de réflexion

  • Roman noir, roman policier, polar – (im)pertinence des sous-genres
  • Nouvelles mythologies : figures de policiers, figures de brigands
  • Lieux de la fiction, fiction des lieux, lieux fictionnels
  • Réseaux de l’imaginaire : territorialisation ou globalisation de l’énigme
  • L’articulation du suspens : spécificités françaises, belges, suisses, canadiennes, antillaises, africaines, etc.
  • Traduire la fiction policière : enjeux linguistiques, sociologiques, psychologiques, culturels
  • Codes et transgression des codes dans l’écriture de l’énigme
  • Contraintes génériques, hybridation, discontinu et polyphonie dans la fiction policière
  • Anachronies narratives, alternance de points de vue et multifocalisation – atouts pour un apprentissage dynamique et interactif du FLE

 

Calendrier

Date limite de soumission des résumés : 30 novembre 2016

Notification des acceptations : 20 décembre 2016

Programme préliminaire : 20 février 2017

Programme définitif : 1er mars 2017

 

Soumission

Les propositions d’environ 500 mots suivis d’une brève bibliographie sont à envoyer pour le 30 novembre 2016, sous forme électronique, à Mme Diana Gradu, dianagradu@yahoo.com

 

Questions pratiques

  • Taxe de participation :

60 euros (documents, pauses café, cocktail, déjeuner et publication de la communication dans les Actes) ; 40 euros (ou l’équivalent en RON) pour les membres ARDUF et ARPF.

(no. compte RON : RO07BUCU2361036657330

         no. compte EURO : RO88BUCU2361036657337 (code SWIFT BUCUROBU)

titulaire compte : Gradu Diana, dianagradu@yahoo.com) (AlphaBank, Roumanie, Iasi)

  • Les frais de voyage et de séjour à Iaşi sont à la charge des participants. Les organisateurs peuvent assurer des réservations à la Résidence Internationale de l’Université (Gaudeamus ou Akademos) (40 euros/nuit), dans la limite des places disponibles.

 

Comme d’habitude, les Actes du colloque seront publiés par les Éditions Junimea de Iaşi.

 

Simona MODREANU,

responsable du Département de Français,

au nom des organisateurs.