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Po&sie110: Trente ans de poésie italienne (1975-2005)

Po&sie110: Trente ans de poésie italienne (1975-2005)

Publié le par Marc Escola (Source : Martin Rueff)

La revue Po&sie, pour fêter la parution du second des deux numéros (109 et 110) qu'elle consacre à la poésie italienne contemporaine, vous invite à entendre et à rencontrer deux poètes et un critique italiens dont les oeuvres sont, aujourd'hui, parmi les plus marquantes :

Mariangela Gualtieri, poète et femme de théâtre
Valerio Magrelli, poète et critique
Andrea Cortellessa, critique littéraire

Avec
Jacqueline Risset
Carlo Ossola
Et
Michel Deguy
Claude Mouchard
Martin Rueff
Tiphaine Samoyault

le mercredi 2 février à la Maison de l'Amérique Latine
217 Boulevard Saint-Germain à 19.00

NUMÉRO 110 DE PO&SIE
1975-2004 : TRENTE ANS DE POÉSIE ITALIENNE, VOLUME 2


Près de 600 pages consacrées à la poésie italienne qui s'écrit depuis trente ans ! C'est chose faite : avec le numéro 110, l'entreprise de la revue Po&sie arrive à son terme. Le lecteur français dispose désormais d'un ensemble sans équivalent, y compris en Italie.
C'est pourquoi l'association Italiques a voulu récompenser notre effort en nous attribuant son prix.
*

Si le 109 faisait la part belle aux poètes reconnus, le 110 propose d'abord 19 poètes dont l'oeuvre est encore peu diffusée en France. Après un hommage à Giovanni Raboni constitué de la traduction de quelques sonnets et d'un texte d'Andrea Zanzotto, nous offrons ainsi les poèmes inédits de Patrizia Cavalli, Mariangela Gualtieri, Milo De Angelis, Patrizia Valduga, Gianni d'Elia, Mario Santagostini, Silvia Bré, Valerio Magrelli, Gabriele Frasca, Fabio Pusterla, Massimo Bocchiola, Antonella Anedda, Tommaso Ottonieri, Mauro Ferrari, Gianmaria Villalta, Stefano dal Bianco, Vito M. Bonito, Edoardo Zuccato, Paolo Febbraro.

Tous ces poèmes sont inédits et figurent donc en bilingue dans la revue.

Après quoi, la parole est donnée aux points de vue critiques. Stefano Agosti, Massimo Cacciari, Andrea Cortellessa, Niva Lorenzini, Claudio Magris, Adriano Marchetti, Antonio Prete, Jacqueline Risset, Fabio Scotto nous ont fait l'amitié de répondre au questionnaire que nous leur avions adressé.

Enfin, et conformément à la tradition de la revue et aux exigences du pensiero poetante, le 110 s'achève sur des grandes proses théoriques qui offrent autant d'instruments critiques. Elles sont classées par ordre chronologique. L'ensemble s'ouvre sur le grand texte de Gianfranco Contini, Notes préliminaires sur la langue de Pétrarque annoté, puis c'est le tour des Espaces métriques d'Amelia Rosselli, de Poésie claire, poésie obscure de Guido Ceronetti, du très célèbre texte d'Alfonso Berardinelli, Effets de dérive, d'un essai de Luciano Anceschi, Les miroirs de la poésie, d'une méditation d'Andrea Zanzotto, Parmi des ombres de perceptions fondatrices, d'une réflexion politique de Gianni D'Elia, Vers la poésie incivile, et de deux textes inédits : le premier de Massimo Cacciari consacré à Andrea Zanzotto, le second de Giorgio Agamben, Parodie.
Pour que le dernier mot soit au poème, c'est Attilio Zanichelli qui achève le 110 avec deux poèmes de Quelque chose sublime.


Le comité de rédaction de la revue Po&sie
(Rédacteur en chef Michel Deguy,
Editions Belin, 8, rue Férou, 75278 Paris cedex 06)

Vous aviez lu dans le 109

Pier Paolo Pasolini, Sandro Penna, Edoardo Calzavara, Edouardo Cacciatore, Giorgio Caproni, Attilio Bertolucci, Vittorio Sereni, Mario Luzi, Piero Bigongiari, Emilio Villa, Toti Scialoja, Franco Fortini, Nelo Risi, Margherita Guidacci, Andrea Zanzotto, Bartolo Cattafi, Luciano Erba, Giuseppe Bonaviri, Giovanni Guidici, Roberto Roversi, Raffaello Baldini, Tolmino Baldassari, Michele Ranchetti, Giampiero Neri, Elio Pagliarani, Edoardo Sanguineti, Amelia Rosselli, Franco Loi, Alda Merini, Giovanni Raboni, Augusto Blotto, Antonio Porta, Lucio Mariani, Cesare Greppi, Iolanda Insana, Cosimo Ortesta, Valentino Zeichen, Patrizia Vicinelli, Giuseppe Alberto Episcopi, Michele Sovente, Lucio Mariani, Giuseppe Conte, Vivian Lamarque, Flavio Ermini, Cesare Viviani, Eugenio De Signoribus, Luciano Cecchinel, Michele Sovente, Franco Nappo, Umberto Fiori, Ferrucio Benzoni.


***

POEMES OU EXTRAITS DE POÈMES DES TROIS DES AUTEURS TRADUITS DANS LE N°109


PATRIZIA CAVALLI

Asso di quadri. Che cos'è? I soldi?
Asso di quadri mi avvolgo intorno al collo,
seta rossa che fruscia quando è mossa.

As de carreaux. C'est quoi ? L'argent ,
As de carreaux et je me passe autour du cou
de la soie rouge qui fait froufrou quand on la bouge.

MARIANGELA GUALTIERI

Vieni. Togli il mal seme d'Adamo dallo scalino
basso, e dagli colore, calore, chicchi,
parole, salute mentale, silenzi di
grandi pianure, dagli voce.
Che non inutilmente
traversi la magica china dei
vivi ma lasci orme ben fatte per i suoi
bambini. Vieni.

Viens. Enlève la mauvaise graine d'Adam de la marche
d'en bas, et donne-lui de la couleur, de la chaleur, des grains
des mots, de la santé mentale, des silences
de grandes plaines, donne-lui voix.
Qu'il ne traverse pas en vain
la pente magique
des vivants, mais qu'il laisse des traces bien faites
pour ses enfants. Viens.

Traduit par M. Rueff

VALERIO MAGRELLI

Piccolo schermo
La legge morale dentro di me,
l'antenna parabolica sopra di me

Petit écran

La loi morale est en moi,
l'antenne parabolique est au-dessus de moi.

Programmi Tv

Brilla il vapore iridescente dei pixel
per fare arcobaleno
sulla cascata di immagini
È la fontana della giovinezza,
questo pozzo catodico ?
É la fontana dell'identità,
da dove si esce uguali
a quando si era entrati,
uguali, ossia peggiori
Perchè un poco invecchiati.

Programmes Télé

Elle brille la vapeur
iridescente des pixels
et forme un arc-en-ciel
par-dessus les images en cascade. .
Est-il fontaine de jouvence,
ce puits à rayons cathodiques ?
Il est fontaine de la coïncidence,
d'où l'on sort exactement
comme on était entré,
identique, à savoir empiré
parce que vieilli, imperceptiblement.

Traduit par Tiphaine Samoyault

ANDREA CORTELLESSA

Le territoire en mesure d'accueillir la nouvelle communauté des réfugiés ne serait pas homogène à son extension topographique ce serait au contraire une structure topologiquement discontinue, trouée, percée d'innombrables parcours croisés et superposés. Ce modèle topologique en évoque un autre, le modèle " rhizomatique " défini dans les années 70 par Gilles Deleuze et Félix Guattari. Or, justement, la pensée du dernier Deleuze, dramatiquement inachevée pour cause de disparition prématurée (et telle qu'on la découvre, par fragments, dans le volume Critique et clinique, Minuit, 1993), semble dans une certaine mesure proche de la pensée politique d'Agamben. Le dernier Deleuze assigne à la littérature une lourde tâche, en reprenant une très belle phrase de Paul Klee (dans la conférence de Iéna de 1924) : " la santé comme littérature, comme écriture, consiste à inventer un peuple qui manque [...] un peuple à venir encore enfoui sous ses trahisons et reniements [...] ce n'est pas un peuple appelé à dominer le monde. C'est un peuple mineur, éternellement mineur, pris dans un devenir-révolutionnaire. Peut-être n'existe-t-il que dans les atomes de l'écrivain, peuple bâtard, inférieur, dominé, toujours en devenir, toujours inachevé. " Le " but ultime de la littérature " est donc d'" écrire pour ce peuple qui manque " : phrase dont un poète comme Gabriele Frasca a fait, avec le temps, sa devise éthique et existentielle. C'est-à-dire politique : au sens le moins contingent, le plus nécessaire du terme.
ATTILIO ZANICHELLI

Una cosa sublime

A una certa ora, monotona come il declino
Del corpo, vive in me uno sperduto sublime
di cui non ho più sentire né voce o presenza
dolce di quando pareva cantare da un rudere. Una
rara e confusa memoria di come chi firma con una croce,
come una incauta rondine si aggrappa ai fili invisibili.
Essa pur sempre parla invidiata dall'altitudine
da cui si appresta, sorridendo e talvolta
rompente come chi non ha mai peccato, orba
del vuoto come io di cio non posso, e stento
ad afferrarla mentre essa mi sgomenta, quanto
toccarla mi svanisce. E' certo troppo lontana.
E' impenetrabile per noi e si chiama delizia
del giusto.

Quelque chose sublime

Il est une heure, monotone comme le déclin
du corps, où vit en moi un sublime éperdu
dont je ne perçois plus ni cette voix, ni cette présence
douce du temps où il semblait chanter du fond d'une ruine. Une
mémoire rare et troublée comme de qui signe avec une croix,
comme une hirondelle imprudente qui s'accroche aux fils invisibles.
Et pourtant elle parle toujours attirée par l'altitude
d'où elle s'apprête en souriant et d'autres fois
elle est cassante comme qui n'a jamais péché, orbe
du vide comme moi qui n'y peux rien et ne peux
la saisir tandis qu'elle m'effare, quand
la toucher m'échappe. Elle est vraiment trop loin.
Elle nous est impénétrable et elle s'appelle délice
du juste.

Traduit par M. Rueff