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Plastir n°13 (12/2008)

Plastir n°13 (12/2008)

Publié le par Sophie Rabau (Source : Plasticités Sciences Arts)

PLASTIR est une Revue Transdisciplinaire de Plasticité Humaine publiée par l'association Plasticités Sciences Arts. Elle couvre des domaines croisés : Sciences, Arts, Epistémologie, Philosophie, Transdisciplinarité et a comme exigence une écriture de qualité explorant les différents attributs de la plasticité. 4 publications/an.  

Numéro 13 (12/2008)


Naissance de la Plasticité ? L'air d'anaximène

Jean-Paul Galibert est agrégé et docteur en philosophie. Il a notammentpublié « Socrate, une philosophie dudénuement » (L'Harmattan, 1998), « Invitationsphilosophiques à la pensée du rien » (Editions Léo Scheer, 2004) et publieraprochainement « L'idée de la ludique » aux éditions Publie.net. Il nouslivre pour PLASTIR une interrogation fort à propos sur les originespotentielles de la plasticité et ses liens étroits avec la naissance de laphilosophie présocratique. Plus précisément, l'auteur relie la découverte d'Anaximènede Milet à propos de la nature enveloppante et ubiquitaire de l'air à la notionde plasticité. Et la démonstration est séduisante. L'horizon est «… la forme plastique de la limite de l'air, ilest la forme des formes, la forme où toutes les formes se produisent ets'ajointent ». D'où la naissance d'un nouveau plan visuel qui nousfait prendre conscience que nous sommes prisonnier d'une vie sphérique oùl'illusion perceptive prévaut, où les axes verticaux et horizontaux sechevauchent, où le réel s'estompe au profit du monde et inversement.Ainsi : « Je puis aller aussivite que je voudrais : je ne percevrais jamais qu'un mouvement du monde seprécipitant vers moi, pour peu que seulement je fasse attention à ce que jevois et que je n'ajoute rien de ce je sais » dixit l'auteur. Seule lalumière passe, une lumière aveuglante, capable de percer le monde, de révélerl'infinitude céleste que l'homme a habillée de Dieux pour oublier la question.Et Jean-paul Galibert de nous montrer là les biais dela métaphysique et la suprême plasticité de l'air d'Anaximène dont il ditlui-même qu'il est « …le principe dela totalité des choses… ». Forme aérienne du vide, de la métamorphose,de l'infinité où l'homme s'insère naviguant entre les opposés, posant bienavant l'idéel de Platon les premiers jalons d'une unité entre la science et lapoésie.

L'essence première du mouvement - notesde libre-propos -

Eric Bois est astronome théoricien àl'Observatoire de la Côte d'Azur et docteur en Mécanique Céleste del'Observatoire de Paris. Membre de la Société Scientifique de Bruxelles,lauréat de la Fondation américaine John Templeton,expert pour de nombreuses revues scientifi­ques internationales et auteur deplus d'une centaine de publications scientifiques, il est professeur invitédans plusieurs universités françaises et étrangères. Spécialiste de la rotationdes corps célestes ainsi que de stabilité dynamique des systèmes de planètesextrasolaires, Eric Bois est l'auteur de plusieurs théories analy­tiques etmodèles relativistes. L'une de ses réalisations les plus importantes est lemodèle SONYR (Spin-Orbit N-bodY Relativistic model), modèle de Systèmesolaire unique au monde. Avec ce modèle, ses recherches lui ont permis quelquesavancées récentes dans l'étude la planète Mercure,notamment concernant son obliquité (siège de librations) et la nature de son noyau (fluide contenant du soufre). Mais outre ses travaux d'Astrodynamique et Planétologie, les recherches d'Eric Bois s'étendent en Astro-Epistémologie, enCosmologie, Philosophie de la Nature etMédecine. Il a ainsi co-fondé le laboratoire Episteme de l'université deBordeaux I. De fait, par une épistémologie dequelques objets d'astrophysique contemporaine : la signification du chaos dynamique,la structure de la causalité physique ou encore la question del'origine de l'Univers, sesrecherches contribuent au renouvellement de la philosophie de laNature et par suite à une reprise de la Métaphysique. Ces champs d'activité nous ontinévitablement rapproché, et Eric Bois fut ainsi un des membres fondateurs duGroupe des Plasticiens qui a précédé PSA contribuant à l'élaboration deplusieurs projets de recherche du GDP (voir Nos Précédentes Activités sur le site de PSA).C'est pourquoi c'est une joie d'accueillir ces libres propos extraits de sonouvrage « L'univers sans repos oul'essence première du mouvement » paru chez Peter Lang en 2002,d'autant qu'ils concernent à la fois un des attributs de la plasticité (ladynamique d'expansion du cosmos) et une des interrogations fondamentales del'homme. En effet, l'auteur s'interroge sur la nature du mouvement, le pourquoide sa présence et de son universalité rejoignant le questionnement légitime duphilosophe face à l'intelligibilité du réel. Ainsi, c'est tour à tour Aristote,Descartes, Kant, Laplace, Einstein ou Prigogine qui sontinterrogés sur la notion fondamentale de mouvement conduisant Eric à formulerune approche transdisciplinaire originale regardant « l'ontologie dumouvement ». Cette approche, issu de ces travaux sur le chaos dynamique,la relativité générale et d'une réflexion de nature épistémologique que vousdécouvrirez succinctement dans PLASTIR nous invite à réfléchir sur le chaos,les niveaux de réalité, le couple essentiel matière-forme,qui pour nous forme un complexe articulé par la plasticité (Debono,2008), la philosophie de la nature ou encore sur la mathématisation du vivant.

Apropos de la symétrie des bifaces acheuléens

Michel De Caso estpeintre, plasticien et membre du CIRET. Chantre de la Rectoversion,il se consacre depuis plus d'une vingtaine d'années à la recherche,l'expérimentation et l'enseignement de la peinture rectoversée,publiant de nombreux ouvrages et exposant régulièrement ses oeuvres à travers lemonde. Ayant été interpellé par l'exposé du paleoarchéologue Derek Hodgson sur lesbifaces Acheuléens paru dans le n°12 de PLASTIR, il lui répond dans cet articlede façon directe et argumentée. Sa première interrogation vient du fait quel'axe de symétrie de Hodgson ne s'applique pas au rapport entreles deux faces du biface étudié, mais à la correspondance entre le bifaceacheuléen et le triangle d'or, considérée sur une seule face de l'outil. Aprèsavoir défini les deux plans de symétrie en matière d'art classique :harmonie et effet miroir de la symétrie bilatérale, Michel De Caso établit une critique positive des hypothèses del'auteur quant aux rapports entre le nombre d'or et l'harmonie ou entre lacapacité de perception visuelle de la symétrie dès le paléolithique et le faitd'examiner l'outil non plus sur une seule mais sur ses deux faces. Il en vientainsi à nous montrer, au travers de photos de bifaces de José-ManuelBenito Álvarez le bien fondé des notions de symétrieparadoxale et du concept de rectoversion oùapparaissent les ambiguïtés dimensionnelles des bifaces, des double facespercés et la nature tantôt continue, tantôt discontinue, mais fondamentalementémouvante des bifacial handaxe taillés par la main de l'homme.

L'INtelligence neuroscientifique au service del'intelligence neuroéconomique

Daniel-philippe de Sudres est chercheur indépendant enneurosciences cognitives et a créé une approche nouvelle, la neuroconnectique, visant, selon les propres termes del'auteur, à mettre en relation « ce qui perçoit et se meut (la perception etl'action), ce qui est ému et émeut (la réception et la production d'émotions)et ce qui « pense » (la réception/transformation d'idées - réflexion- et la production/création d'idées - cogitation) en nous, du point de vue dela communication interne, avec notre environnement : le« monde » des objets, le « monde » des êtres et le« monde » des idées, en termes de communication externe ».Cette discipline issue de la neuropsychologie cognitive a pour objet « la programmation cérébrale et l'étude despossibilités de la modifier soi-même » «… en neuroconnectant les différentesparties de l'être en soi », autrement dit prône un sujet plus actif,plus intégré, maniant à volonté l'intentionnalité et qui serait capable de s'autostimuler (d'entrer dans un stade de veille particulier)dans le sens d'une plus grande autonomie, d'une plus grande intégration, d'uneplus grande conscience de lui-même, en bref un sujet éveillé. Unefois n'est pas coutume, la contribution de l'auteur sera présentée sous formed'une interview réalisée par plusieurs acteurs du monde économique,diplomatique ou sociologique. Les questions portent sur la motivation, laschizoïdie de l'homme à l'ère de l'information en temps réel, laspécialisation, le devenir de la gouvernance institutionnelle ou des relationshorizontales dans les entreprises. Une réponse prédomine: retrouver sonintuition et son identité profondes au travers de la société en se neuroconnectant à soi et à autrui. Ainsi, « …au stade III de veille, ma réalité est en moi et non àl'extérieur... et je commence à développer en moi  un moi-même réel....commençant à se construire en fonction des évènements marquant l'instantprésent.»

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Plastir, mot introduit dans la langue française au XIXème siècle et intrinsèquement lié à la plasticité (ouplassein) depuis l'antiquité grecque, signifiefaçonner, modeler, épouser la forme ou l'accoucher, la donner. Ce sera lenom de notre nouvelle revue qui symbolise les différents attributs de laplasticité. Celle-ci revêt en effet un sensimmédiat – trompeur, galvaudé, ambigu -, celui d'élasticité molle, depassivité, et un sens dynamique caché ou substitué. Ce sens est en réalitéseulement voilé, pris dans de fausses évidences, méconnu du fait même de sonuniversalité. Il s'agit du caractère foncièrement bijectif de l'acte plastiquequi ne se contente pas de subir la forme, participe de la genèse et l'irruptiondéfinitive de l'oeuvre. Il s'agit de l'incarnation de cette dialectique qui sedélivre de son enveloppe esthétique pour atteindre une nouvelle sémantique. Ils'agit encore de l'intelligibilité du monde, qui, du déroulement del'espace-temps à la biodiversité du vivant, décline le mythe d'Epiméthée ou laplasticité humaine.

La revue PLASTIR,qui couvrira notamment le champ épistémologique, les arts, les sciences et laphilosophie a donc pour ambition à la fois de constituer un fonds derecherche Plasticités Sciences Arts (PSA) qui sera régulièrement enrichipar les écrits et travaux de nos membres ou invités, mais également de fairepeu à peu reconnaître le concept de plasticité. En effet, un trait commun auxnombreux auteurs utilisant le terme de plasticité est leur assignation purementmétaphorique, ou au contraire spécifique, contextuelle et générique, mais sansréelle interrogation sur le concept manié, à savoir s'il s'agit d'une propriétépurement systémique ou fondatrice. Or, nous suggérons fortement que la secondeacception, qui signifie que la plasticité n'est pas une fonction isolée, maistraduit l'inscription d'un processus actif, est la bonne, car c'est la seulequi réponde à la fois de l'intelligence des formes et du dépassement descontradictoires. Elle conduit non seulement à réévaluer le contenu – ce que leterme sous-tend comme processus –  mais le contenant, le signifié de la forme, la métaplasticité du sujet, de la conscience humaine etl'attitude que cela engendre dans la société d'aujourd'hui.