Essai
Nouvelle parution
Pierre Louÿs. Mon journal

Pierre Louÿs. Mon journal

Publié le par Nathalie Fortin

Pierre Louÿs. Mon journal (20 mai 1888-14 mars 1890), Alban Cerisier dir., Paris, Gallimard, "Les Cahiers de la NRF", 2002.

ISBN : 2-07-076157-6

Quatrième de couverture :

"Custos, quid de nocte ?", s'interrogent, dans leur journal respectif, Pierre Louÿs et André Gide en ce début d'année 1890. Que réserve l'avenir aux deux jeunes gens qu'ils sont alors, si tôt conscients de leur vocation littéraire et comme poussés par le même élan à formuler un nouvel art poëtique ?

Louÿs (qui s'écrit encore Louis) et Gide se sont connus en 1888 sur les bancs de l'École alsacienne, en classe de rhétorique. Inédit, ce journal intime de l'auteur d'Aphrodite et de La Femme et le Pantin (qui vient compléter le journal des années antérieures et postérieures publié quelques années après sa mort en 1925) offre l'occasion de saisir au plus près ce que fut l'amitié entre les deux garçons. Amitié dont on sait par ailleurs qu'elle fut aussi sincèrement vécue que rapidement rompue - et cela, sans appel. Mais l'évocation des promenades dans les bois de Chaville et des heures passées sous les galeries de l'Odéon, des soirées à jouer Schumann et à se lire La Divine Comédie, de la visite au vénéré Verlaine à l'hôpital Broussais et de la rédaction fébrile des statuts d'une première revue -La Conque, avec les amis d'alors : Blum, Drouin...- est des plus touchantes par sa sincérité. Et fait de ce journal l'écho vivant à ce que Gide a lui-même écrit sur ces années de formation, le plus souvent en différé et avec plus de retenue peut-être.

De fait, à l'idéal d'ascèse et de contrition de Gide s'oppose déjà l'enthousiasme échevelé d'un Pierre Louis, épris d'absolu -"Les femmes et le génie"- et qui volontiers se livre. Candidat bachelier, issu d'un milieu aisé et cultivé, il vit à Paris avec son demi-frère aîné Georges. Même s'il est un élève brillant, Louis se disperse. Plus que Gide, il semble dans le monde, dans son époque ; il sort, analyse sans complaisance l'agitation boulangiste qui secoue Paris, et prend volontiers position. On le suit avec plaisir dans ses emportements ("Quiconque n'est pas Hugolâtre et Wagnéromane est un philistin, et de plus un malhonnête homme") qui ne sont pas que de jeunesse et dessinent peu à peu les contours d'une oeuvre à venir, avec une incontestable élégance.