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Pierre Jean Jouve : dans l'atelier de l'écrivain (Arras)

Pierre Jean Jouve : dans l'atelier de l'écrivain (Arras)

Publié le par Romain Bionda (Source : Dorothée Cooche-Catoen)

L'idée est de réunir de nouveau la communauté jouvienne, et d’élargir cette dernière, autour d'un thème fédérateur, à Arras, les 21, 22 et 23 mars 2019, notamment dans l'objectif de prolonger les réflexions amorcées en 2012. Ce colloque se fera en collaboration avec l'Université de Nice Sophia Antipolis (Centre Transdisplinaire d’Epistémologie de la Littérature et des Arts vivants), l’université de Louvain-la Neuve, et avec l’expertise de la Société des lecteurs de Pierre Jean Jouve (présidée par Béatrice Bonhomme, Jean-Yves Masson et Jean-Paul Louis Lambert —  http://www.pierrejeanjouve.org).  

Se pencher sur "l'atelier d'un écrivain" tel que Pierre Jean Jouve revient à aborder plusieurs thèmes ou problématiques. 

L'« atelier », tout d'abord, peut se comprendre comme un lieu spatial, celui-là même que l'écrivain investit, dont il s'inspire, et qu'il retranscrit à travers l'écriture. On connait le rôle majeur qu'a joué l’Engadine, à la fois comme lieu d’écriture et comme source d’inspiration, dans l'écriture romanesque. D’autres territoires, comme l’Italie, ont joué un rôle analogue, à la fois comme lieu réel, et comme lieu réinventé par la méditation, la lecture et la contemplation. Il s'agira de s'interroger ici sur les lieux aimés, ou haïs, par l'écrivain, et sur leurs influences dans l'écriture, mais également sur le processus de création — certains lieux étaient-ils davantage propices au développement artistique que d'autres ?

La notion d'atelier renvoie également à l'idée d'artisanat « où on laisse la main faire ». Elle interroge le « faire » du poème, la mise en scène concrète du texte et sa chorégraphie. Pierre Jean Jouve a souhaité dans son acte de création n’« être comptable que devant lui-même », allant parfois jusqu'à créer un lecteur modèle à son image. Pour autant, Jouve prêtait une grande attention à la réception de ses œuvres. Le soin apporté à la présentation concrète de ses ouvrages, à la mise en page, à la typographie le démontre trop bien. La publication s’inscrit-elle donc dans l’acte créateur de l’artiste – le paratexte des éditions originales (dédicaces, exergues, « œuvres du même auteur », notes, remerciements) participe-t-il également à l’acte de création ?

L'« atelier » est également à percevoir comme un lieu de liberté intellectuelle, de travail sur l’hybridité générique. Certes, nous savons que Jouve est resté célèbre pour sa poésie, pour ses romans, mais nous connaissons moins ses écrits plus intimes, sa correspondance (peu éditée) et ses textes non publiés à ce jour – parmi les œuvres de jeunesse : Du Nombre dans l’art, son essai (surtout sur l’art italien) co-écrit à Arras en 1910 avec son épouse, Andrée Charpentier (il en existe deux versions, non définitives mais publiables) ; deux pièces : Le Soleil sur la Cueille (1913), L’Illuminée (1914), où on trouve des portraits très autobiographiques d’un « poète ayant publié », vivant des crises émotionnelles violentes. Ce colloque sera peut-être l'occasion de mettre au jour certains écrits, ou d'étudier les moins connus, afin de mettre en avant (ou non) une homogénéité et/ou, au contraire, le caractère polyvalent et hétéroclite des productions d’un auteur qui a toujours été à la recherche « des mots pour se dire », la « vita nuova » de 1925 constituant la rupture la plus connue (et revendiquée par l’écrivain), mais n’étant pourtant pas la seule.

Enfin, le terme d' « atelier » est aussi un nom générique désignant un collectif de collaborateurs, d'aides, de disciples, « travaillant sous la direction d'un maître ». Nous savons que Pierre Jean Jouve a eu plusieurs maîtres, mais en a-t-il été également un ? Ce rôle s'est-il réduit à l'influence sur quelques poètes, ou l’influence a-t-elle été plus large, sur la poésie contemporaine ? Y a–t-il des écrivains (poètes ou romanciers) qui ont écrit sous l’influence de Jouve, ou en réaction à son œuvre ? Quelle a été son influence sur d'autres arts, tels que le cinéma ou le théâtre ? Lui qui disait mépriser le cinéma y allait beaucoup, et ce n’est pas hasard s’il appelle « Felicitas » une héroïne d’Hécate (1928) qui doit son nom à l’héroïne d’un film avec Greta Garbo. Il y a, bien sûr, le travail de Jouve sur la musique, qui fait l’objet d’études régulières mais qui ne se limite pas à ses deux grands livres sur Don Juan et Wozzeck et qui pourrait donner lieu à des interventions.

Ce colloque abordera donc volontairement, afin de rassembler la communauté jouvienne, des thématiques très diverses comme la composante autobiographique, les intertextualités (souvent croisées), les innovations formelles de l'écriture de Jouve, qui s’est voulu détaché des mouvements d’avant-garde de son temps (le Surréalisme, le Grand Jeu, le Collège de sociologie) tout en rivalisant avec eux « sur le même terrain, mais en regardant dans une autre direction ».

Comité scientifique : 

Béatrice Bonhomme (université de Nice Sofia-Antipolis)
Jean-Yves Masson (université de la Sorbonne-Paris IV)
Christian Morzewski (université d’Artois)
Guillaume Fau (Bibliothèque Nationale de France)
Jean-Paul Louis-Lambert (fondateur et webmaster du site pierrejeanjouve.org)
Philippe Raymond-Thimonga (écrivain, romancier et poète)
Aude Préta de Beaufort (université de Lorraine)
Dorothée Cooche-Catoen (université d’Artois)

Les propositions de communication sont à envoyer avant le 31 mai 2018 à l’adresse suivante : docatoen@yahoo.fr ou dorothee.catoen@univ-artois.fr.

Notez que les repas du midi, le repas de gala ainsi que deux nuitées (maximum) seront pris en charge. Les déplacements et les autres repas sont au frais des participants.

Les actes de colloque feront l’objet d’une publication (format à définir).