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Ph. Delisle, Dictionnaire esthétique et thématique de la Bande dessinée - article

Ph. Delisle, Dictionnaire esthétique et thématique de la Bande dessinée - article "Esclavage"

Publié le par Nicolas Geneix

Philippe Delisle, Dictionnaire esthétique et thématique de la Bande dessinée - article "Esclavage"

Article paru sur le site neuviemeart.citebd.org, novembre 2016.

"Il faudrait plutôt évoquer « les esclavages », car le phénomène de la servitude existe en bien des lieux et bien des époques, tout en revêtant des formes quelque peu différentes. Dans l’Antiquité, les maîtres et les esclaves ne se distinguaient pas forcément par l’apparence physique, et l’on sait qu’à Rome des affranchis pouvaient parfois accéder à de très hautes charges. En revanche, la traite négrière atlantique et l’esclavage colonial se sont développés à partir du XVIe siècle sur fond de racisme. Les partisans du travail forcé soutenaient que les Africains étaient par nature destinés à être asservis, convoquant même parfois la Bible, avec le fameux « mythe de Cham », selon lequel Noé aurait voué les Noirs, par sa malédiction, à servir les autres « races ». Même s’il réussit à obtenir son affranchissement, un ancien esclave reste par conséquent, en Amérique, dans une position sociale inférieure, liée à la couleur de son épiderme et entérinée par un ensemble de règlements ségrégationnistes. Le poison du racisme se maintiendra bien après les abolitions successives de l’esclavage prononcées par les diverses nations occidentales au long du XIXe siècle. Enfin, de nos jours, il existe encore des formes d’esclavage, sur bien des continents : traite des femmes, vente d’enfants, travail forcé et non rémunéré de domestiques…

L’esclavage antique apparaît dans nombre de BD à vocation plus ou moins historique. On songe d’abord à la sérieAlix, lancée en 1948 dans le journal Tintin, qui a popularisé dans le monde francophone les aventures « en costumes d’époque ». Dès les premières planches du premier épisode, Jacques Martin y met en scène un jeune héros qui est aussi un esclave. L’auteur souhaitait sans doute provoquer la compassion des petits lecteurs pour cet enfant asservi, vêtu d’un simple pagne autour des hanches, et balloté entre les assauts des Romains et ceux des Parthes. Alix sera rapidement adopté par le gouverneur d’une province et il deviendra donc un homme libre, mais des esclaves apparaîtront dans ses différentes aventures, plus ou moins furtivement. Des séries plus récentes, situées elles aussi à l’époque de la Rome antique mais destinées à un public plus adulte, cultivent des sillons parallèles. (...)"

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