Questions de société

"Peut-on parler de « cigales » grecques et les opposer aux « fourmis » du Nord ?" par Jean-Michel Muglioni (blog Mezetulle)

Publié le par Marc Escola

La cigale et la fourmi
Peut-on parler de « cigales » grecques
et les opposer aux « fourmis » du Nord ?
par Jean-Michel Muglioni


Jean-Michel Muglioni refuse le modèle de la fourmilière qui lui semble être le seul « idéal » aujourd'hui proposé aux hommes par les politiques : travailler plus !


C'était en hiver ; leur grain étant mouillé, les fourmis le faisaient sécher. Une cigale qui avait faim leur demanda de quoi manger. Les fourmis lui dirent : « Pourquoi, pendant l'été, n'amassais-tu pas, toi aussi, des provisions ? – Je n'en avais pas le temps, répondit la cigale : je chantais mélodieusement. » Les fourmis lui rirent au nez : « Eh bien ! dirent-elles, si tu chantais en été, danse en hiver. » Cette fable montre qu'en toute affaire il faut se garder de la négligence, si l'on veut éviter le chagrin et le danger. (La cigale et la fourmi, Esope (VIIe-Ve siècle avant J.-C.), Fables, traduction de Claude Terreaux, Arléa, 1994).
La fable d'Esope condamne sans appel la cigale. Il y manque l'ironie de La Fontaine dont le poème chante, et donc sauve les cigales, c'est-à-dire les poètes. La Fontaine n'est pas dupe de l'avarice d'une fourmi peu prêteuse.

Nous devons à Platon un éloge des cigales dans un mythe que Socrate raconte à Phèdre au bord de l'Ilisos, tous deux accablés par la chaleur de l'été attique et envoûtés par le chant des cigales. Les érudits n'ont pas trouvé l'origine de ce mythe qu'on croit donc généralement inventé par Platon. Or n'est-ce pas d'abord l'inversion de la fable d'Esope et de l'éloge de l'avarice ordinaire ?

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