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Peuples indigènes et environnement

Peuples indigènes et environnement

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Laurence Machet)

L'ambition de ce colloqueest de construire une réflexion sur le rôle joué par les peuples indigènes dansla production de discours et pratiques liés à l'environnement.

En Amérique latine, principalement depuis les années1990, la reconnaissance des peuples indigènes au plan juridique a étéaccompagnée d'un cadre législatif visant à protéger leurs territoires. Depuis,seize pays de la région ont modifié leurs constitutions pour reconnaître ladiversité culturelle et l'existence d'un habitat historique des peuplesindigènes. En 2007, tous ces pays, à l'exception de la Colombie, ont signé laDéclaration des Droits des Peuples Indigènes ; elle proclame le droit à l'autodétermination,le respect de la propriété des territoires sur lesquels vivent les peuples indigènes, le droit des indigènes d'utiliser les ressourcesissues de ces territoires et l'obligation faite aux Etats d'assurer lapréservation de ces territoires par des moyens juridiques[1].

En 2010, le gouvernement d'Evo Morales a organisé unSommet Climatique des Peuples Indigènes, lequel a donné lieu à la formulationd'un « Projet de déclaration universelle des droits de la TerreMère ». Paradoxalement, ce même gouvernement tire les principalesressources du pays de l'extraction des hydrocarbures, un type d'activité quin'est pas connu pour être des plus écologiques.

Fin avril 2010 aux Etats-Unis, le gouvernement fédérala autorisé la construction du plus grand champ d'éoliennes off-shore dans leNantucket Sound. Les partisans et les adversaires du projet se sont opposéspendant neuf ans. Des Indiens se trouvaient des deux côtés. Des Wampanoags duMassachusetts protestaient contre le fait que les éoliennes, situées entre euxet le soleil levant, perturberaient une cérémonie rituelle. De plus, laconstruction des éoliennes détruirait des vestiges submergés. En revanche, lesPocasset Wampanoag soutiennent le projet puisque Cape Wind produirait del'énergie “in harmony with nature” (TheBoston Globe, 5 mars 2010).

En Australie, le gouvernement a récemment créé unprogramme appelé « Working on Country » dont le but est de donnervoix au chapitre aux détenteurs de « savoirs aborigènes » utiles à laprotection de l'environnement et à la gestion des ressources naturelles. Dansle même temps, ce programme est destiné à améliorer les conditions de vie desaborigènes en favorisant le développement économique de ces communautés, dansle respect de leur environnement.

Les facteurs d'ordre politique et économique quiinterviennent dans la définition des politiques publiques sont très importants– les conflits entre communautés et autorités locales, fédérales ou nationalessont extrêmement fréquents. Et l'un des problèmes récurrents auquel seconfrontent scientifiques, chercheurs en sciences sociales et peuples indigènesdes zones protégées est celui de la définition de ce qui est« naturel ». Comme corollaire, se pose la question de la véritéscientifique définie par les biologistes, botanistes, zoologues et ce quemettent en relief les sciences qui s'intéressent aux êtres humains occupant ceszones. Il y a aussi les pratiques, lesconnaissances et la vision de l'avenir qu'ont les habitants de ces zoneseux-mêmes.

Récemment, aux Etats-Unis, l'image de l'Indien commeprotecteur des ressources naturelles a été l'objet de débats houleux. Certainsscientifiques ont avancé la thèse que les peuples indigènes du continentaméricain étaient responsables de l'extinction de la méga-faune du Pléistocène.Des ouvrages tels que celui de Shepard Krech, The Ecological Indian, ont remis en question les représentationstraditionnelles de l'Indien respectueux de l'environnement. Depuis lapublication de ce livre, d'autres scientifiques, indigènes ou non, ont remis enquestion les conclusions de Krech.

Au cours de ce débat, il a été démontré que lespeuples indigènes sont capables de saines pratiques écologiques autant que depratiques destructrices. Cette dichotomie rend nécessaire une réflexion pourdépasser ces clichés.

Un autre objectif sera de comprendre lacontradiction face à laquelle se trouvent les peuples indigènes pris entre desvaleurs et des pratiques économiques mondialisées, et les attentes créées parles images populaires et le discours écologique occidental.

On prêtera particulièrement attention auxthématiques suivantes :

- La validité, la construction et l'influence del'image de « l'indigène écologiste » dans les sociétéspostcoloniales, ainsi que la remise en question de cette image par des intellectuelsindigènes ou non ;

- L'utilisation des « savoirsindigènes » dans l'environnementalisme ;

- Le discours environnementaliste indigèneaujourd'hui ;

- La place, plus ou moins grande, de l'écologiedans les sociétés indigènes aujourd'hui, lorsque celles-ci sont en proie à desdifficultés socio-économiques dues à leurs situations (post-)coloniales ;

- L'ingérence écologique

- La question de la brevétisation par l'industriemultinationale de plantes et molécules situées en territoires indigènes.

Les approches interdisciplinaires sont encouragées. Une approcheculturelle, littéraire, sociologique, historique, économique ou légale de cesthèmes peut être envisagée.

Le colloque aura lieu à Bordeaux les 8, 9 et 10décembre 2011. Le temps imparti aux présentations est de 20 minutes. Leslangues du colloque sont le français,l'anglais et l'espagnol. Les versions écrites des présentations orales devrontêtre envoyées avant le 31 janvier 2011. Une sélection d'articles sera publiée.

Les propositions doivent être envoyées avant le 31janvier 2011 aux destinataires suivants :

Lionel Larré : Lionel.Larré@u-bordeaux3.fr

Laurence Machet : lmachet@u-bordeaux3.fr

AntoineVentura : aventura@u-bordeaux3.fr

VeraAlvizuri : Verushka.Alvizuri@u-bordeaux3.fr


[1]Cette déclaration, soumise à approbation et approuvée, a donné lieu à 4 votescontre (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande et Etats-Unis d'Amérique) et 11abstentions (Azerbaïdjan, Bangladesh, Bhutan, Burundi, Colombie, Géorgie,Kenya, Nigeria, Russie, Samoa et Ukraine).