Essai
Nouvelle parution
Pétrus Borel, Œuvres poétiques et romanesques, éd. M. Brix

Pétrus Borel, Œuvres poétiques et romanesques, éd. M. Brix

Publié le par Université de Lausanne (Source : Michel Brix)

Référence bibliographique : Pétrus Borel, Œuvres poétiques et romanesques, éd. M. Brix, Editions du Sandre, 2017. EAN13 : 9782358211154.

 

Pétrus Borel, OEuvres poétiques et romanesques, textes choisis et présentés par Michel Brix, Paris, Éditions du Sandre, 2017, 782 pages

 

Contient: Rhapsodies, Champavert. Contes immoraux, Madame Putiphar, Fictions en prose et poésies diverses

« Le chemin de la poésie est étroitement dépendant de celui des idées révolutionnaires, mais il existe une tradition révolutionnaire spécifiquement poétique. De Pétrus Borel et de Nerval, ce chemin passe par le pays de Baudelaire pour rejoindre les régions de Lautréamont, de Tristan Corbière et de Rimbaud. » — Tristan Tzara

 

Sommaire :

Rhapsodies
Champavert. Contes immoraux
Madame Putiphar
Fictions en prose et poésies diverses
     [Vers]
     Les Pressentiments. Médianoche
     Jérôme Chassebœuf
     Vendrapédrou (traduit de l’anglais)
     Janiquette
     Yariko
     Le Capitaine François de Civille
     Miss Hazel
     La Nonne de Peñaranda
     Le Trésor de la caverne d’Arcueil
     Gottfried Wolfgang
     Daphné
     Mab Ivin de Roscof
     Le Fou du roi de Suède
Annexe I
      Le Petit Cénacle et la police de Louis-Philippe
Annexe II
      Pétrus Borel, destinataire d’un billet de Gautier ?


L’histoire littéraire a retenu le rôle fédérateur de Borel, au début des années 1830, mais semble s’être beaucoup moins intéressée au contenu de ses œuvres. Or, même si celles-ci sont restées dans l’ombre à l’époque de leur publication (l’échec de Madame Putiphar entraîna d’ailleurs la ruine des ambitions de l’écrivain, qui se résolut quelques années plus tard à devenir fonctionnaire colonial en Algérie, où il mourut), elles se distinguent néanmoins par leurs qualités formelles, leur noire puissance et la profonde humanité de leur propos.

Baudelaire lui-même, dont les avis sont des plus décisifs, a invité la postérité à ne pas oublier Borel, alias le «lycanthrope» : sans lui, remarquait l’auteur des Fleurs du Mal, il y aurait une «lacune» dans le romantisme français. Autre caution, non moins prestigieuse : celle des surréalistes. André Breton a salué le génie de Borel, lui a réservé une place dans son Anthologie de l’humour noir et l’a présenté comme le «bouc émissaire» du romantisme – «cela parce qu’il se montra dans sa foi [romantique] plus irréductible qu’aucun autre». Mais ce que les surréalistes apprécient davantage encore chez Borel, c’est de voir celui-ci s’emparer de la tradition du roman gothique, dans laquelle s’était inscrit avant lui M. G. Lewis, l’auteur du Moine. Tzara, quant à lui, a vu en Borel une des figures emblématiques de ce que le Maître Dada appelait la poésie «activité de l’esprit», à savoir celle qui – comme chez Rimbaud – se manifeste autant dans la vie que dans l’œuvre de l’écrivain.

Tous ceux qui liront ce recueil pourront convenir que Baudelaire, Breton et Tzara ne se sont pas trompés. À l’évidence, la voix du «lycanthrope», l’«homme-loup», est puissante et porte toujours jusqu’à nous ; quant à ses ouvrages, ils n’ont rien perdu, aujourd’hui, ni de leur pertinence, ni – ce qui est mieux encore – de leur impertinence.