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Colloque :

Colloque : "Péritexte et Transmédia" (Québec)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Évelyne Deprêtre)

Colloque : "Péritexte et Transmédia" (Québec)

 

Calendrier :

Date de remise des propositions de communication : 10 mars 2019

Acceptation ou non-acceptation des propositions : 30 mars 2019

Colloque : 23 et 24 mai 2019

Le colloque donnera lieu à une publication d'articles qui seront soumis à un comité de lecture

Soumission des articles : 30 juin 2019

 

Appel à communications - Québec (Ville de Québec) 

Conférenciers invités :

Alanna Thaine, professeure à l'Université McGill,

et Christophe Gelly, professeur à l'Université Blaise-Pascal

 

PRÉSENTATION

La technologie numérique est un véritable acteur du changement de sensibilités chez les lecteurs et les spectateurs. En exerçant sa force de convergence et de dématérialisation des supports, elle les a progressivement transformés en sujets actifs dans le processus de création d’objets culturels et de divertissements. Ces consommateurs deviennent, parfois inconsciemment, auteurs de narrations qui, de façon collective et continue, se construisent à travers l’agencement de divers médias, et par conséquent, à travers l’agencement des divers mécanismes de création de sens propres à chaque médium. Cette « remédiation » continue et collective est au cœur de notre projet de recherche Péritexte et Transmédialité, dans le champs des études culturelles.

Nous posons l’hypothèse qu’elle se joue dès le péritexte des œuvres, c’est-à-dire tout ce qui les emballe, par exemple la couverture d’un livre ou le générique d’un film. Ce projet de recherche s’inscrit dans la continuité de notre recherche intitulée Tranmédialité, Bande dessinée, Adaptation qui a donné lieu à un collectif sous presse. Cependant, seul le phénomène transmédial est cette fois pris en considération parce que nous souhaitons en définir et en théoriser plus spécifiquement les formes et les processus. Ainsi, la plus grande pertinence de ce projet réside dans notre volonté de consolider les fondements théoriques et analytiques de la transmédialité par la rencontre des différents courants de pensée (notamment anglo-saxon et francophone).

De plus, l’arrimage du phénomène de la transmédialité et du péritexte, espace d’ouverture ou de couverture où se concentrent de plus en plus souvent de nombreux indices de la narration propre à chaque œuvre, en constitue la majeure partie de sa singularité. En effet, les chercheurs en études culturelles n’ont, à notre connaissance, pas encore porté leur intérêt sur le péritexte, pourtant lieu et témoin-clé des processus transmédiaux. 

Les objectifs de ce colloque sont :

  • comprendre, définir et analyser les formes et les processus transmédiaux ;
  • faire converger les différents courants théoriques de la transmédialité ;
  • étudier le péritexte d’œuvres ou d’objets transmédiaux ;
  • comprendre et décrire les mécanismes de compression narrative qui ont lieu dans le péritexte.

Pendant longtemps, certains médias ont pu sembler inconciliables avec d’autres. Leur nature spécifique semblait les éloigner radicalement les uns des autres. Cependant, le phénomène de la remédiation a toujours été présent. En effet, les diverses expériences adaptatives au cours de l’histoire nous laissent penser qu’il n’a jamais été possible de concevoir un médium d’une façon isolée.

Pourtant, il est étonnant de constater qu’il a fallu attendre les années soixante, pour que s’opère théoriquement un rapprochement entre les médias, avec la notion d’intermédia proposée par Dick Higgins, et la fin des années quatre-vingt, avec des chercheurs tels que Raymond Bellour, Jacques Aumont et François Jost[1], pour que l’intermédialité devienne petit à petit un axe de recherche indispensable à l’étude des médias. Avec le développement de la technologie numérique, et sa popularisation autour du millénaire, l’intermédialité, comme création intermédiale s’est substituée, par des effets propres à la convergence médiatique déjà évoquée, en une approche transmédiale qui engloberait progressivement la production des objets culturels, axe central de la culture contemporaine.

En effet, la transmédialité, conceptualisée par Henri Jenkins[2], représente un carrefour où se croisent, et parfois convergent, divers systèmes sémiotiques propres à différents médias. De plus, avec le phénomène de convergence médiatique exercée par la technologie numérique, on remarque que le concept d’adaptation s’est quelque peu émancipé des champs des études littéraires et cinématographiques pour désigner un champ sémantique qui pointe à la fois vers une force industrielle et une culture économique[3]. Et cette convergence semble trouver un terrain de prédilection dans le péritexte des œuvres.

Gérard Genette l’a caractérisé comme étant l’ensemble des pages de couverture d’un livre ainsi que tout ce qui précède ou entoure le texte[4]. Nous partons du principe que le péritexte non seulement participe à contenir l’objet livre mais crée aussi son seuil – pour en pénétrer ou en sortir. De la même manière, le générique est péritextuel[5]dans la mesure où il occupe la fonction de « vestibule » du film auquel est consacré un emplacement relativement fixe, c’est-à-dire autour du film. Nous considérons que le péritexte fait partie de tout objet culturel. Ainsi l’analyse du système constitué par le péritexte et le texte d’œuvres médiatiques nous semble-t-elle un moyen pertinent pour mettre en évidence et mieux comprendre les mécanismes tant de compression narrative qui se jouent dans le péritexte que les processus transmédiatiques qui sont en train de se développer dans le contexte numérique contemporain.

 

[1]Voir à ce sujet l’article de Jürgen E. Müller, « L’intermédialité, une nouvelle approche interdisciplinaire : perspectives théoriques et pratiques à l’exemple de la vision de la télévision », Cinéma et intermédialité, 2000, vol. 10. n° 2-3.

[En ligne] https://www.erudit.org/fr/revues/cine/2000-v10-n2-3-cine1881/024818ar/. Consulté le 27 décembre 2017.

[2]Voir notamment Henri Jenkins, Convergence Culture: Where Old and New Media Collide (Revised with a New Afterword), New York, New York University Press, 2006.

[3]À ce propos, voir Simone Murray, The Adaptation Industry. The Cultural Economy of Contemporary Literary Adaptation, London, Routledge, 2011. 

[4]Gérard Genette, Seuil, Paris, Seuils, 1987, p. 10.

[5]Nicole de Mourgues, Le générique de film, Paris, Klincksiek, 1999, p. 22.

 

Comité organisateur

Évelyne Deprêtre, Université TÉLUQ

German A. Duarte, Freie Universität Bozen