Actualité
Appels à contributions
Penser les médias aujourd'hui

Penser les médias aujourd'hui

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Christian Boissinot)

"Penser les médias aujourd'hui"
Appel de textes pour le 2e numéro de la revue Médiane


La nature et la fonction des médias ont été fortement ébranlées au tournant du XXIe siècle. La révolution numérique permet en effet des concentrations encore impensables à l'époque de la Guerre froide entre presse écrite, téléphonie, télévision, cinéma, vidéo, publicité et informatique. Achats et fusions se succèdent aussi allègrement, orchestrés par des ténors industriels.
Cette convergence des médias suscite de vives inquiétudes, tant du côté des acteurs médiatiques que du public. Certains (Chomsky, Moore, Ramonet) croient notamment que le 4e pouvoir, naguère indissociable des idées de liberté et de vérité, est plus que jamais en péril. Sciemment complice de la logique marchande (Le Lay) et du monde politique (Berlusconi), il se mettrait au service d'une dictature douce qui n'augure rien de bon pour la démocratie. Propagande, censure et manipulation mineraient l'indépendance journalistique et saperaient l'action civique. La surabondance d'informations et l'idéologie du direct et du continu se traduiraient par une éclipse du temps nécessaire pour l'analyse et la réflexion (Debray). L'info-spectacle, qui privilégie des formes d'expression émotionnelles au détriment des contenus, rendrait difficile la distinction entre le vrai et le faux. Favorisant un jugement esthétique au détriment d'un idéal de rationalité (Arendt), les médias traverseraient une crise profonde, à des lieues de l'optimisme un peu béat du village planétaire de Mcluhan. Abrutissement, aliénation par le divertissement, disparition de la mémoire et d'une certaine culture, standardisation des goûts et des intérêts signeraient la venue de cet homme « unidimensionnel » tant redouté par Marcuse et Huxley notamment, qui n'a que faire de la citoyenneté et de l'espace public.
Paradoxalement, des voix plus optimistes s'élèvent (Certeau, Maffesoli, Wolton) qui, sans nier les dangers potentiels du numérique et des concentrations, insistent pour mettre de l'avant les possibilités d'autonomie et de participation des nouveaux médias. Blogues, interactivité, facilité des échanges, accessibilité aux différents médias, radios et journaux indépendants sont vus par plusieurs comme des opérateurs de démocratie, qui viennent limiter l'influence et le pouvoir des conglomérats. L'accroissement des prises de parole et des visions du monde, la promotion du pluralisme, l'élargissement de la communication et les vertus du « zapping » rappelleraient que les médias ne sont que des outils et que l'important est ce que l'on en fait.
Au regard de cette dialectique, comment penser les médias aujourd'hui? De quelle façon affectent-ils notre nouveau rapport au monde? Menacent-ils vraiment (caricature, sondages en période électorale, etc.) nos libertés? Si oui, au nom de quels principes intervenir? Les moyens de communication, les technologies qui s'y rapportent, leur signification, leurs effets et les transformations parfois profondes qu'ils ont engendrés dans nos sociétés ont toujours su inspirer la méditation des philosophes. Ces questions critiques leur sont et vous sont posées.
*
Prière de faire parvenir vos textes au rédacteur en chef de la revue Médiane (mediane@cegep-fxg.qc.ca) avant le 15 novembre 2006. Vous pouvez consulter la Politique éditoriale de la revue dans notre site Web à l'adresse suivante : www.revuemediane.ca