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Penser la bibliothèque. Les bibliothèques d'écrivains et d'artistes belges XIXe-XXIe s. (Bruxelles)

Penser la bibliothèque. Les bibliothèques d'écrivains et d'artistes belges XIXe-XXIe s. (Bruxelles)

Publié le par Marc Escola (Source : Mélanie de Montpellier d'Annevoie)

"Penser la bibliothèque"

Les bibliothèques d'écrivains et d'artistes belges (XIXe-XXIe siècles)

Université libre de Bruxelles, square Jean Servais, local : AY2.114 (bât. A, porte Y)

17 mai 2019

 

ARGUMENTAIRE 

« […] on m’oubliera. En attendant, j’aurais écrit, aimé, bondi de surprise en surprise, et surtout lu, lu sans fin », déclare Caroline Lamarche, auteur belge, sur la page « varia » de son site officiel. Cet onglet présente une série de citations tirées de divers ouvrages : Autobiographie de Thérèse d’Avila, Histoire d’une solitude de Milán Füst, Histoire de l’œil de Georges Bataille, et bien d’autres. Alors que la personne même de l’écrivain, selon Lamarche, sera finalement oubliée après « avoir été fauchée par le néant » – pour paraphraser cette dernière –, cette liste de lectures perdura et nous rappellera que « l’écrivain mort, l’ensemble de ses livres parle encore » (Valéry). Ainsi, en dévoilant une partie de son horizon de lecture, Caroline Lamarche révèle le terreau de ses idées et de sa création littéraire, un rapport ontologique s’établissant entre la bibliothèque et son propriétaire. Dès lors, il nous est possible d’envisager la bibliothèque comme un terrain de recherche pertinent pour ses dimensions intellectuelle et herméneutique, tant dans le champ littéraire qu’artistique.

L’exemple de Lamarche éclaire à propos la problématique que nous nous proposons d’aborder lors de la journée d’études consacrée aux bibliothèques d’écrivains et d’artistes (plasticiens, architectes, musiciens) belges, du XIXe siècle à nos jours. Il s’agira de penser la bibliothèque selon une perspective à la fois méthodologique, théorique et pratique, en abordant quatre axes principaux susceptibles de se croiser :

  • Premièrement, la bibliothèque peut être considérée comme un dispositif régissant le rapport à la culture (S. Lojkine, 2007) et mettant au jour les réseaux intellectuels qui caractérisent l’horizon culturel de son propriétaire ; ce qui invite à s’intéresser, entre autres, aux questions de conservation et d’inventaire de la bibliothèque matérielle (celle qui subsiste matériellement), de reconstitution de la bibliothèque virtuelle (ensemble de tous les livres lus par l’écrivain/l’artiste), d’analyse de la culture lettrée et de la dynamique intellectuelle du propriétaire, des réseaux de pensée qui traversent la bibliothèque.
  • Deuxièmement, comme l’ont souligné les généticiens Paolo D’Iorio et Daniel Ferrer, la bibliothèque participe à la genèse des œuvres : cette dernière en est une composante à la fois intellectuelle et matérielle, tant pour l’artiste (par exemple, en tant qu’iconothèque) que pour l’écrivain. Dans cette perspective, nous nous intéresserons notamment à l’étude des traces de lecture, internes et externes au volume (annotations dans les marges, carnet de notes, brouillons, épreuves, etc.), ainsi qu’à la physionomie de la bibliothèque en elle-même au sein de laquelle s’établit un dialogue entre le lecteur et les livres.
  • Troisièmement, nous nous intéresserons à la représentation de la bibliothèque, en littérature comme dans les arts visuels : comment la bibliothèque, dans la matérialité de son agencement (meuble ou salle) et la virtualité de ses lectures et de son catalogue, est-elle représentée par l’artiste ou l’écrivain, quels sont les enjeux d’une telle figuration artistique ou littéraire pour son auteur et pour son œuvre ?
  • Quatrièmement, notre intérêt portera enfin sur la manière dont l’écrivain ou l’artiste organise ses propres œuvres en bibliothèque : usage de reliures luxueuses, don de reliures par ses amis, effets d’uniformisation ou de différenciation, usage des volumes collectifs (réunissant plusieurs œuvres) ou singularisation des œuvres. Il s’agirait ainsi, notamment, de comprendre la bibliothèque comme « tombeau » de soi à travers la monumentalisation de cette dernière.

Cette journée d’études sera donc l’occasion, selon une perspective interdisciplinaire croisant arts et littérature, de penser la bibliothèque dans le champ belge et, par là même, peut-être, de réveiller quelques fonds endormis.

 

PROGRAMME

Module 1 : Penser la bibliothèque

9h : Accueil des participants

9h30 : Présentation de la journée – par Laurence Brogniez et Mélanie de Montpellier d’Annevoie (ULB)

9h50 : Bibliothèques réelles, bibliothèques fantasmées, bibliothèques virtuelles – par         Daniel Ferrer (Institut des Textes et Manuscrits Modernes)

10h20 : La bibliothèque comme biotope : représentations photographiques d’écrivains « à la bibliothèque » – par Anne Reverseau (UCL)

10h50 : pause

11h05 : « Prenez, lisez, voici mon corps ». Quand les bibliothèques d’écrivains entrent au musée – par Véronique Jago-Antoine et Laurence Boudart (Archives et Musée de la Littérature)

Module 2 : Des bibliothèques belges

11h45 : L’archonte et l’écrivain : les bibliothèques de Charles Bertin et d’Henry Bauchau, entre archives et création d’un patrimoine – par Sofiane Laghouati (Musée royal de Mariemont)

12h15  : lunch

13h15 : visite de la Réserve Précieuse de l’ULB

14h00 : Dans la bibliothèque du violoniste : Eugène Ysaÿe, entre musique et culture lettrée – par Mélanie de Montpellier d’Annevoie et Joanna Staruch-Smolec (ULB)

14h40 : Voyager et perdurer. Les valises bibliothèque-de-travail et les valises bibliothèque-archives de Christian Dotremont – par Yves Chevrefils Desbiolles (Institut Mémoires de l'édition contemporaine)

15h10 : pause

15h30  : Caroline Lamarche raconte sa bibliothèque – discussion modérée par Sofiane Laghouati

 

Inscription souhaitée avant le 29 avril 2019 à l'adresse suivante : medemont@ulb.ac.be