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Penser l'amitié

Penser l'amitié

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Mathilde Branthomme)

Journée d'étude et de réflexion

Penserl'amitié

Groupe doctoral et postdoctoral « Penserla théorie »

http://www.penserlatheorie.com

« Mes amis, il n'y a pas d'amis »

L'amitié, force d'amour, mais aussi possibilité de trahison habite la philosophie, la littérature et les arts. Elle évoque des moments lumineux où l'autre n'est plus l'étranger, mais l'ami, où le soi accueille en lui-même l'étranger (Agamben). L'amitié permet d'envisager l'union, la marche commune, pour un temps. Car « nul mieux qu'un homme ne convient par nature à un autre homme, à condition d'organiser la Rencontre » (Deleuze). Autrefois possibilité d'éducation, maintenant chassée par l'institution, l'amitié concerne autant l'esprit que le corps et les affects. Dans la professionnalisation du savoir, l'amitié fait bien triste figure, la collégialité se réduisant souvent à de secs échanges de spécialistes.
Il s'agit de repenser ici l'importance de l'amitié, tant pour le savoir que pour la transmission du savoir. En quoi l'amitié est-elle liée au savoir? Comment la littérature permet-elle de penser l'amitié? Comment l'interdisciplinarité, la transdisciplinarité peuvent-elles être saisies à partir de l'amitié?
L'amitié aveugle, l'ami est si proche que je ne peux en faire « ni une représentation, ni un concept » (Agamben). Dans cet impossible de la conceptualisation, comment peut-on poser l'amitié à la base de la pensée? Que cela implique-t-il : quelle foi, quelle confiance, quel risque? Si l'amitié appartient au domaine du sentir (Aristote), quelles sont les conséquences, pour le savoir, d'une telle disposition de l'être, de la pensée?
L'ami trahit, abandonne aussi. Est-ce dans la trahison de l'ami, mais aussi dans la trahison des mots - amis de la littérature, que se creuse la pensée? Est-ce dans la difficulté insurmontable de la trahison que se dessine la pensée, dans la contradiction de la littérature, dans la révélation qui se dérobe sans cesse? Prendre le risque de devenir l'ami, c'est prendre le risque d'être trahi, d'être abandonné, c'est s'exposer à la fuite. Prendre le risque de se faire, à travers un texte, l'ami de la littérature, c'est aussi s'exposer à la fuite de la raison, à la fuite de la compréhension.
Finalement, l'importance de l'amitié, sa grandeur et sa beauté, ne se révèle-t-elle pas aussi dans la mort et dans la disparition? Écrit-on pour laisser sa place au mort, à l'ami disparu ou à l'ami dont on sait qu'il partira?
En proposant ces quelques lignes de réflexion, nous cherchons à faire d'une journée de colloque un réel moment d'amitié, ouvert à la pensée, à la littérature, à la philosophie et aux arts.

Jeudi 14 avril 2011

Université Concordia, Département d'études françaises, 6e étage, Pavillon McConnell, salle LB 612

Invitée d'honneur : Mme Tassia Trifiatis

9:00 – 9:30 Accueil et ouverture

9:30 – 10:00 GuillaumeBellon, Université de Tokyo (endirect)

« Le récit"compromettant" : autour de Foucault et Ce qu'aimer veut dire de Mathieu Lindon »

10:00 –10:30 Mathilde Branthomme, The University of Western Ontario (en direct)

« Des éloges de l'amitié et del'oubli de sa fureur »

10:30– 10:45 Pause café

10:45 – 11:15 MirellaVadean, Université Concordia

« L'amitié pour faire croire,faire apparaître et faire taire »

11:15 – 11:45 Katrie Chagnon, Université Montréal

« Amitiés théoriques et relationaffective chez Georges Didi-Huberman »

12:00– 13:00 Dîner

13:00 – 13:30 Invitéed'honneur : Mme Tassia Trifiatis, écrivaine

« L'amitié, est-ce assez? »

13:30 – 14:00 DaoudNajm, Université McGill

« Bedside Manners, De l'amitié au temps du sida »

14:00– 14:15 Pause café

14:15 – 14:45 BenoîtFaucher, Université de Montréal

« L'amitié est-elle le dernierbastion de la sincérité contemporaine? »

14:45 –15:15 Jason D'Aoust, The University of Western Ontario

« L'Écho de l'ego: l'amitié et lenarcissisme »

15:30 – 16:00 Conclusion et fin de lajournée