Questions de société
Pécresse rétablit 130 postes de chercheurs pour 2009 (Rue 89 & blog de S. huet 31/03/09)

Pécresse rétablit 130 postes de chercheurs pour 2009 (Rue 89 & blog de S. huet 31/03/09)

Publié le par Bérenger Boulay

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- Pécresse cède sur les chaires... mais pas sur le reste

- Pécresse rétablit 130 postes de chercheurs pour 2009 (31/03/09)

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Pécresse cède sur les chaires... mais pas sur le reste

http://www.rue89.com/2009/03/31/pecresse-cede-sur-les-chaires-mais-pas-sur-le-reste

Par Chloé Leprince | Rue89 | 31/03/2009

Un peu moins médiatisée peut-être, la contestation universitaire neflanche pourtant pas vraiment. Après Normale-Sup, Paris-XI, Paris-VI,ou même Lyon-I (la fac du patron des présidents d'université, Lionel Collet), Dauphine est montée au créneau contre les « chaires d'excellence » lundi 30 mars. Son conseil d'administration a refusé de nommer le comité de recrutement pour la chaire prévue en gestion.

Si plusieurs facs sont mobilisées contre ces chaires mixtes, àl'image de Dauphine malgré une réputation peu frondeuse jusqu'à cetteannée, d'autres étaient pourtant déjà passées à l'acte.

Mais, ce mardi midi, Valérie Pécresse aurait confirmé une reculade présentie depuis la veillesur ce point qui figure parmi les revendications des collectifs et del'intersyndicale. D'après Sauvons la recherche, la ministre del'Enseignement supérieur et de la Recherche se seraient engagée auprès des trois directeurs d'unitéreprésentant les organismes de recherche à reverser au recrutement les130 postes de chercheur que le dispositif supprimait de facto.

25% de recrutement en moins au CNRS avec les « chaires mixtes »

Ce chantier entamé à la dernière rentrée universitaire dans la foulée de la loi LRUavait pour but d'imbriquer, autour d'un même poste de maître deconférences, une charge de recherche qui incombait jusque-là à unsalarié d'un organisme de recherche. Parmi ces 130 « chaires mixtes »,90 correspondaient par exemple à des postes CNRS, qui perdait dans la foulée un quart de ses recrutements à la rentrée 2009.

Sauvons la recherche,  Sauvons l'universitéet syndicats du supérieur se mobilisaient depuis plusieurs semainescontre ce qu'ils regardent comme des suppressions de postes déguiséespuisque ces 130 postes représentent en fait autant de départs à laretraite qui ne seraient pas renouvellés.

Un « dépeçage des organismes de recherche » ?

« Autrement dit, le dépeçage du CNRS et des organismes derecherche », décrypte Isabelle This-Saint Jean, de Sauvons larecherche, qui se félicite de ce recul mais reste « plus queprudente », alors que Valérie Pécresse n'a pas cédé, pour l'heure, sur les autres revendications des chercheurs.

Comme Sauvons l'université, Sauvons la recherchesouligne qu'il ne s'agit « que d'un recul pour la rentrée 2009 », sansgaranties pour la suite. Mardi soir, le cabinet de la ministrepréférait préciser que « les détails arriveraient ultérieurement »,ajoutant tout de même qu'il n'était « pas question que les chairesservent d'outil de gestion de l'emploi ».

Sur le terrain, enseignants, chercheurs et étudiants restentmobilisés et les témoignages continuent d'affluer, alors que lecalendrier commence à se bousculer avec la fin d'année universitaire.Ainsi, plusieurs riverains relayaient le jour-même l'occupation durectorat à Bordeaux le 31 mars, par l'équipe de Bordeaux III, jusqu'àl'évacuation du bâtiment par les forces de l'ordre. Un maître deconférences affirme qu'il s'agit d'une première historique pour cettela fac bordelaise.<p></p>

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Blog {Sciences2}, par Sylvestre Huet, journaliste à Libération

Pécresse rétablit 130 postes de chercheurs pour 2009 (31/03/09)

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/03/pcresse-rtablit.html#more

Première victoire sur le front de l'emploi scientifique: Valérie Pécresse vient d'annoncer le rétablissement de 130 postes de chercheurs pour les organismes de recherche. Le Cnrs en récupère 90. Ces postes seront pourvus sur listes complémentaires dès les concours 2009.

Ce matin la ministre de l'enseignement supérieur et de la rechercherecevait Yves LASZLO, Bruno CHAUDRET et Yves Langevin. Présentés commede simples directeurs de laboratoires, alors qu'enréalité ils étaient là comme animateur de la protestation émise par descentaines de leurs homologues du Cnrs qui menacent de démissionner deleurs fonctions si le gouvernement ne les écoute pas. C'est à cetteoccasion que Valérie Pécresse a enfin concrétisé uneformule floue qu'elle répète depuis plusieurs jours : la création deschaires mixtes entre université et organisme de recherche ne doit passe traduire par une gesion «restrictive des emplois». Formuleflou pour un problème pourtant clair comme de l'eau de roche : lacréation de ces chaires, attribuées à des jeunes maîtres de conférencesrecrutés par les universités, se traduisait par le décompte de deuxposte - un d'universitaire, un de chercheur - pour une seule personne.Une «arnaque», ont estimé les directeurs de labo. La ministre vient de céder sur un point présenté comme un «préalable» à toute négociation.

L'annoncede la ministre n'est certes pas gravée dans le marbre d'un protocoled'accord avec les syndicats, Mais elle prend une allure très précise,puisque selon Yves Laszlo, Valérie Pécresse a pris soin d'indiquer quele coût de ces chaires serait donc pris en charge par une dotationd'origine ministérielle, d'environ 4,5 millions d'euros, et non sur lebudget des organismes.

Le cadre dans lequel la ministre a annoncé cette décision est pour le moins curieux. Ellea en effet reçu les syndicats - qui ont imposé la présence de SLU etSLR venus avec les délégations du Snesup, de la CGT et de Sud - hiersoir de 18h à 22h. Vers 21h, constatant qu'ils n'obtenaient pas deréponse positives à leurs demandes, ces syndicats sont partis enclaquant la porte, tandis que la ministre continuait avec la Cfdt,l'UNSA et Autonome Sup. Elle aurait donc pu leur annoncer cettedécision. Pourquoi ne l'avoir pas fait ?  Mystère et boule de gomme. Surtout que le communiqué publié à 22h30 par le ministère indiquait qu' «Ilne lui paraît pas justifié que la mise en place des chaires conduise àun gel de 130 emplois dans les organismes de recherche au-delà desdispositions de la loi de finances». Il n'y a pas grand écartentre cette formule alambiquée et l'annonce de ce matin, sauf celui quipermet de conclure au rétablissement effectif des postes. Il est toutde même improbable que la décision ait été prise ce matin...

Les trois directeurs ont également obtenu, d'après leur compterendu, l'assurance que le premier ministre devrait dans une déclarationréaffirmer le rôle d'opérateur de recherche des organismes, rôle nonseulement d'employeurs de scientifique mais aussi de détermination destratégies scientifiques propres. Une sorte de désaveu officiel del'affirmation de Nicolas Sarkozy le 22 janvierdéclarant que les organismes seraient transformés en agence de moyens(sans virgule ni restriction) d'ici la fin 2009. Enfin, la ministreleur a promis l'ouverture de discussions sur un plan pluriannuel de dixans sur l'emploi - chercheurs, ITA, précaires, universitaires. Enréalité, elle avait déjà fait cette annonce - notamment ce matin lorsde son discours devant les membres des groupes de travail du comité depilotage de la Stratégie nationale d'innovation et de recherche - parlant même d'analyse discipline par discipline.

Les trois directeurs de laboratoires estiment avoir obtenu «un signe positif, pouvoir recruter autant de chercheurs au Cnrs que l'an dernier, ce n'est pas rien» confie Yves Langevin. Mais s'ils pourraient suspendre quelque temps leur menace de démission et de blocage du système, elle reste puisque «nous n'avons encore rien de concret sur les 10 points que nous avons mis en avant», affirme t-il.