Essai
Nouvelle parution
Paul-Henri Bourrelier, La Revue blanche – Une génération dans l'engagement 1890-1905

Paul-Henri Bourrelier, La Revue blanche – Une génération dans l'engagement 1890-1905

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : MICHEL, Pierre)

Paul-Henri Bourrelier, La Revue blanche – Une génération dans l'engagement 1890-1905, Fayard, 1200 pages, à paraître le 19 septembre.


La Revue blanche, dont l'aventure n'a pourtant guère duré plus de dix ans, a joué en France un rôle-charnière essentiel. La plupart des écrivains, peintres, musiciens, hommes politiques, intellectuels, les plus marquants de la fin du XIXe et du début du XXe siècle y ont collaboré ou l'ont côtoyée. Créée, financée et dirigée par les trois frères Natanson, jeunes Juifs polonais, avec la complicité enthousiaste de leurs condisciples du Lycée Condorcet, La Revue blanche devient vite un lieu de débat sur tous les sujets qui agitent la France.
Elle mène des combats politiques sous l'impulsion d'anarchistes comme Fénéon, Mirbeau ; de socialistes, tels Blum, G. Moch, Péguy ; de dreyfusards et des fondateurs de la Ligue des droits de l'homme, comme Reinach et Pressensé. En témoignent ses campagnes dénonçant le génocide arménien, les dérives coloniales, la barbarie des interventions, européenne en Chine, anglaise en Afrique du sud, et la diffusion des pamphlets de Tolstoï, Thoreau, Nietzsche, Stirner...
Elle promeut les peintres Nabis, les Néo-impressionnistes et l'Art nouveau, anticipe le fauvisme, de futurisme et les arts premiers. Toulouse-Lautrec, Bonnard, Vuillard, Vallotton, Hermann-Paul, Cappiello illustrent les articles de la revue, Le Cri de Paris, hebdomadaire satellite, et les ouvrages publiés par ses Editions.
Soutenue amicalement par Mallarmé, proche de Jules Renard, de Tristan Bernard et d'Henri de Régnier La Revue blanche accueille Proust, Gide, Claudel, Tristan Bernard, Jarry, Apollinaire qui y débutent, tandis qu'elle édite une nouvelle traduction des Mille et une nuits et Quo Vadis, le premier best seller du siècle. Elle contribue à l'innovation dramatique avec Antoine et Lugné-Poe, Ibsen, Strindberg et Tchékhov, sans oublier le triomphe de l'école française de musique avec Debussy.
Humour et esprit de fête, liberté, engagement et créativité, pacifisme, laïcité, mondialisation sont les valeurs promues par cette génération emportée dans le sillage de La Revue blanche.

Cet ouvrage illustré et nourri de nombreuses citations décrypte l'histoire de cette avant-garde, nous familiarise avec ses membres, ses réseaux, ses utopies et ses réalisations. Il donne la mesure de l'étape majeure alors franchie par la société française vers le modèle culturel et politique qui est le sien aujourd'hui.

Paul-Henri Bourrelier, ingénieur général au corps des mines, a dirigé plusieurs établissements publics. Il anime actuellement l'Association française pour la prévention des catastrophes naturelles, et un programme de coopération en vue des économies d'énergie en Chine. Il a fait de communications sur Mirbeau, Lorrain et l'affaire Dreyfus.

Une exposition : La Revue blanche et Le Cri de Paris, Vallotton, Cappiello, Hermann-Paul se tiendra dans les Salles Royales de l'église de la Madeleine du 24 octobre au 10 novembre. Renseignements sur le site www.revueblanche.com