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Partition/Ensemble (UQÀM & Concordia)

Partition/Ensemble (UQÀM & Concordia)

Publié le par Marc Escola (Source : Nicole Nolette)

Partition/Ensemble : Appel de communications libres, conférences-démonstration ou présentations par affiche

 

La Société québécoise d’études théâtrales (SQET) et l’Association canadienne de la recherche théâtrale (ACRT) organisent conjointement un colloque bilingue du 25 au 28 mai 2020, à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université Concordia. L’événement, qui a pour thème Partition/Ensemble, se veut un lieu d’échanges autour des modes de composition, de création et de transmission (« partition » en français), ainsi que des traditions intellectuelles et artistiques – à la fois partagées (« ensemble ») et distinctes (« partition » en anglais) – au Canada. Dans le cadre de ce colloque, nous vous invitons à traverser la ville de Montréal et les deux langues officielles du pays.

Le thème de l’édition 2020 du colloque constitue déjà un tel geste. En français, une première définition de « partition » réfère à un système de notation qui intègre plusieurs notes afin de produire une composition musicale. Si le concept de la partition est présent en anglais sous l’appellation « score » - notion centrale à une pratique créative contemporaine non axée sur le texte –, « partition » renvoie d’abord et avant tout, dans la langue de Shakespeare, à un acte de séparation, à l’état divisé d’un objet. D’autre part, les sens du terme « ensemble » se chevauchent considérablement en français et en anglais ; dans chaque langue, « ensemble » représente une réunion, une collection ou une totalité d’éléments assortis, ce qui renvoie aussi à un sens commun dans les arts de la scène : un collectif d’acteur·rice·s, de musicien·ne·s ou de danseur·se·s travaillant à atteindre un même objectif. Recouvrant à la fois les idées de partage collectif et de division (ou cloisonnement), Partition/Ensemble ouvre donc sur une constellation de sens qui se déclinent diversement en anglais et en français, mais qui résonnent intensément dans ces deux langues. Le colloque 2020 est l’occasion d’interroger tout le potentiel esthétique et politique de telles notions à l’œuvre dans les arts vivants.

Les mots « partition/score » peuvent être envisagés selon deux perspectives : graphique et performative. Graphique, en ce qu’ils référent à des modes de notation et de codification d’une œuvre, qui visent sa transmission suivant des règles préétablies ; performative, lorsqu’ils sont plutôt associés au processus de création, à des façons de créer une œuvre. Julie Sermon et Yvane Chapuis (2016), dans l’ouvrage qu’elles consacrent à la partition et aux objets et concepts des pratiques scéniques aux 20e et 21e siècles, écrivent que « le terme de partition a en effet pour spécificité de renvoyer à un objet de médiation concret : c’est un support matériel, consignant un ensemble de signes qui ont vocation à être déchiffrés puis mis en jeu, en fonction de règles et de conventions plus ou moins rigoureusement établies ».

Parmi les axes possibles de réflexion, on retiendra :

  • La partition comme lieu de l’invention de modes de compositions scéniques, corporels, musicaux inédits au sein d’un ensemble ou d’un collectif artistique. Comment les différents « langages » de la partition (notation du mouvement, de la lumière, de l’analyse dramaturgique, de la création sonore) se rassemblent-ils dans des productions artistiques qui traversent les frontières disciplinaires ?
  • La partition en tant que matériau mémoriel, qui a comme visée de garder la trace d’une création, d’un processus, en vue d’une transmission (artistique, historique, pédagogique, etc.).
  • La partition comme forme esthétique fondée sur l’assemblage, le fragment, des tâches à exécuter plutôt que sur le récit dramatique.
  • La partition comme mode d’engagement en dialogue avec d’autres créateur·rice·s du passé, du présent et de l’avenir, pour incarner une forme d’ensemble. Puisque le terme « partition » évoque notamment la division et la distribution (des rôles, du travail, des tâches, par exemple), la question du partage et de l’organisation du travail créatif dans les collectifs d’artistes est également un enjeu.

Ces axes devraient conduire à examiner les différentes formes d’intersections esthétiques, créatives et culturelles que ces traversées permettent, empêchent ou remettent en question dans les arts vivants contemporains.

Nous souhaitons également creuser un deuxième sens associé au terme « partition », lequel est plus courant en anglais : la partition en tant qu’élément spatial et social. Ainsi, qu’elle soit physique ou conceptuelle, la partition peut être incarnée autant par un rideau que par une frontière territoriale, appelant une rupture géopolitique et un dissensus social. Se voient alors mises en évidence les marques des réalités coloniales canadiennes envers les populations autochtones, par exemple, ce qui continue d’informer les idées que nous nous faisons du savoir, et comment nous vivons ensemble – même rupture qui influe, de manière marquante et durable, sur la configuration socio-spatiale de Montréal, notre ville hôte en 2020, et qui appelle une seconde partition le long de la question linguistique. Ainsi la partition revêt-elle des significations profondément théâtrales dans la mesure où de nombreuses pratiques liées à la performance se fondent sur des divisions sociales et spatiales d’un type ou d’un autre : les coulisses vs la scène, le public vs l’interprète, etc. Et pourtant, comme les arts vivants le montrent, l’espace créé par la partition en est aussi un qui rime avec jointure ou connexion ; en même temps qu’une frontière divise les terres, elle les connecte, comme le suggère le mot « partager ».

Nous pourrons ainsi poser les questions suivantes :

  • Quels territoires se partagent (au sens de répartitions et de divisions) la SQET et l’ACRT ? De même les études théâtrales, les Performance Studies, les études autochtones et d’autres disciplines.
  • Quels partages sont possibles dans les espaces coloniaux, postcoloniaux, décoloniaux et profondément plurilingues comme l’île de Montréal ?

Ces deux lignes directrices du colloque n’ont pas à être conceptualisées séparément, mais plutôt de manière concomitante ; par exemple, les pratiques créatives instituent toujours, sur le plan micropolitique, des manières d’être ensemble qui s’inventent, s’élaborent et se négocient par le collectif ; les divisions territoriales et linguistiques sont également des points de rencontre.

Nous accueillerons une variété de sujets de recherche et d’approches: même si nous encourageons les propositions s’inscrivant dans les axes proposés autour du thème Partition/Ensemble, nous considèrerons également les propositions hors-thème. En plus des propositions à communications, nous accueillerons aussi les propositions de conférence-démonstration ou performées ainsi que les propositions de présentation par affiche. Pour les propositions de conférence-démonstration, veuillez indiquer vos besoins en espace et en technique.

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Vos envois doivent inclure : une proposition de 250 mots, votre nom et votre affiliation, ainsi qu’une bio de 100 mots. La date limite pour envoyer vos propositions est le 4 décembre 2019, à partitionensemble@gmail.com.

Une fois leur proposition acceptée, les participant·e·s devront adhérer à la SQET ou à l’ACRT, ou devenir membres (à prix réduit) des deux associations.

Pour de plus amples informations sur la SQET ou l’ACRT, pour devenir membre ou pour renouveler votre adhésion, veuillez visiter les sites http://www.sqet.uqam.ca ou www.catracrt.ca.

Sylvain Lavoie (Université Concordia)

Nicole Nolette (Université de Waterloo)

Coresponsables – Comité de programmation du colloque