Revue
Nouvelle parution
Parole de l'autre et genres littéraires (XVIe-XVIIe siècles)

Parole de l'autre et genres littéraires (XVIe-XVIIe siècles)

Publié le par Marielle Macé (Source : Marie-Hélène Servet)

Cahiers du GADGES , n° 5

Parole de l'autre et genres littéraires (XVIe-XVIIe siècles), 2007, 342 p.

Présentation de l'éditeur :

Après les recherches sur « la parole masquée » publiées dans le volume 2 des Cahiers du Gadges, les communications rassemblées ici poursuivent la réflexion sur la dynamique des genres en examinant cette fois les modes d'intégration de la parole d'autrui dans une oeuvre littéraire. Par ses facettes variées, cette inscription de la parole de l'Autre dans une matière ou un genre intéresse aussi bien le philosophe et l'historien des mentalités que le linguiste qui réfléchit sur les modes d'énonciation ou le littéraire qui s'efforce de comprendre l'identité et l'évolution des genres. Étudier l'insertion de la parole de l'autre suppose qu'on s'interroge à la fois sur la nature de cet Autre et sur les modalités de l'insertion. Il faut d'abord cerner les contours de l'altérité et tenter de distinguer l'Autre en tant que texte, l'Autre en tant que personne, voire en tant qu'idéologie. Si la première approche ouvre la voie à toutes les analyses sur l'intertextualité, la seconde amène à envisager un personnage ou une doctrine dont l'altérité peut être intellectuelle ou morale, sociologique ou géographique, radicale ou relative… On le voit, les possibilités sont multiples, tout autant que les processus d'insertion qui modulent l'altérité selon une gamme subtile : discours indirects, citations, lettre insérée, allusions, et toutes les formes de polyphonie… Recherchera-t-on les raisons qui poussent les écrivains à utiliser cette parole allogène ? Mimésis, information, argumentation sont les plus fréquentes. À elles seules, ces trois motivations ouvrent très largement les champs d'application. Quant à l'inscription générique, elle propose à l'écrivain d'autres modulations et au chercheur de nouvelles pistes d'analyse. On ne prétendra pas, dans ces conditions, offrir un panorama complet de ces jeux avec la parole d'autrui, mais plus modestement quelques exemples de la relation entre genre littéraire et insertion de la parole de l'Autre, essentiellement aux XVIe et XVIIe siècles. Parole de l'autre et intertextualité, parole de l'autre et littérature de voyage, parole de l'autre et autobiographie, parole de l'autre et récits de l'imaginaire quand le discours de l'autre s'intègre dans le surnaturel ou l'utopique, telles sont les grandes entrées d'une réflexion ordonnée selon le degré de fiction des genres. Quel que soit celui-ci, il apparaît très vite qu'insérer la parole de l'autre dans une histoire, c'est participer à un art de masquer, tout en les révélant, des vérités sur soi données, entre les lignes, au diligent lecteur. Parole de l'autre et herméneutique de soi : les genres littéraires s'avèrent les instruments mais aussi les produits de ces troublants jeux de miroirs.

Sommaire :

Pierre Servet, Introduction


L'autre texte : traduire, composer


Mathilde Thorel

De la parole étrangère à la parole exemplaire : Maurice Scève traducteur de La Deplourable fin de Flamete (1535)


Pierre Servet

D'une parole l'autre : Louise Labé à la recherche de sa voix


Récits de voyage : paroles d'ailleurs


Javier Gomez-montero

L'Europe entre le Même et l'Autre. La connaissance des Nouveaux Mondes au XVIe siècle dans la littérature espagnole


Olivier Gosset

La parole du Sauvage dans l'Histoire d'un Voyage faict en la terre du Bresil de Jean de Léry


Tania Manca

Représentation de la parole de l'Autre d'Afrique dans des récits de voyage des XVIIIe et XIXe siècles


Histoire, mémoires, autobiographie : le je sous l'Autre


Xavier Le Person

Rentrer en grâce. La lettre de justification aux XVIe et XVIIe siècles


Christiane Pilaud

Paroles de l'autre, paroles autres. La mise en scène de la parole de Mazarin dans l'Apologie du Prince de Marcillac


Jean Garapon

Parole de l'autre et autobiographie dans les Mémoires du cardinal de Retz


Myriam Tsimbidy

Faire dire pour faire croire. La parole de l'autre dans les Mémoires du cardinal de Retz


Marie-Hélène Servet-Prat

Sa Vie à ses enfants d'Agrippa d'Aubigné : paroles de soi ou paroles d'un autre ?


L'autre de nulle part : surnaturel, merveilleux, utopie


Sabine Gruffat

La parole oraculaire dans Iphigénie de Racine


Eric Tourrette

La parole des fées. Retour sur un conte de Perrault


Michèle Rosellini

Paroles de l'Autre monde : les usages hétérodoxes du dialogue dans les Etats et Empires de Cyrano de Bergerac


Jean-Charles Darmon

Des « mondes à l'envers » sans monde à l'endroit. Ironie et relativisme dans la poétique libertine de Cyrano de Bergerac

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Cahiers du GADGES  


Les Cahiers du GADGES sont publiés chaque année par le Groupe d'Analyse de la Dynamique des Genres et des Styles (XVIe-XVIIIe siècles), qui appartient au Centre de recherche en littérature Jean Prévost (EA  3712) de l'Université Jean Moulin-Lyon 3.

Les recherches du GADGES s'inscrivent dans une période où se construisent, se redéfinissent, s'infléchissent, se subvertissent de nouveaux systèmes et de nouveaux codes littéraires. L'intérêt porté à la notion de dynamique :

  • implique en diachronie l'étude des évolutions : constitution des genres dans une période d'effervescence et de normalisation théoriques (naissance de genres et de sous-genres, définitions, manifestes, polémiques…), transformations des pratiques d'écriture (le récit de voyage, le conte…), relations avec l'institution littéraire ;
  • appelle un travail sur les interactions : genres « limitrophes » (la tragi-comédie, les stances) ; influences extérieures (genres venus d'Italie, d'Espagne) ou intérieures (contaminations de genres, énonciations multiples, discours rapportés) ; emprunts d'un genre à l'autre, d'un art à l'autre (les ekphraseis) ;
  • impose une réflexion sur les mutations : glissements entre genres et registres (le tragique sans la tragédie), succession des genres (les avatars de l'épopée, la pastorale, discours, traités, dialogues), constitution et « littérarisation » d'une écriture de l'histoire, de la géographie, du discours scientifique ou didactique ;
  • suggère des approches variées : la dynamique peut être saisie à travers un thème, un motif, un type d'écriture, un ou des genre(s), un procédé, un phénomène ou un mouvement littéraire...


Les Cahiers du GADGES publient en alternance des actes de colloques et les travaux du séminaire, ordonnés autour d'un thème bisannuel et associant les communications de jeunes chercheurs aux conférences d'intervenants de renom.

Ils sont diffusés par la

Librairie DROZ, 11, rue Massot, CH-1211 Genève 12

Numéros parus :

  • N°1 : Le doux aux XVIe et XVIIe siècles. écriture, esthétique, politique, spiritualité, 2003, 262 p.
  • N° 2 : La parole masquée, 2005, 377 p.
  • N° 3 : Le temps des beaux sermons, 2006, 294 p.
  • N° 4 : Education, transmission, rénovation  à la Renaissance, 2006, 336 p.
  • N° 5 : Parole de l'autre et genres littéraires (XVIe-XVIIe siècles), 2007, 342 p.

à paraître en 2008 :

  • N° 6 : Discours politique et genres littéraires.