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Parcours de "gamins" : regards croisés sur l'enfance d'hier ou d'aujourd'hui (Angers)

Parcours de « gamins » : regards croisés sur l'enfance d'hier ou d'aujourd'hui

Les childhood studies connaissent, en France, un développement depuis plusieurs années. En témoignent les nombreuses manifestations scientifiques qui ont été engagées dans plusieurs disciplines : sociologie, psychologie, littérature, histoire, etc. L’intérêt pour l’enfance – qui correspond aux premières années de vie d’un individu – s’explique en effet par les différentes acceptions auxquelles le concept et ses corolaires renvoient : construction sociale, représentation des enfants, santé de l’enfant ou encore bien-être de l’enfant. Mais le regard porté sur l’enfance ne s’explique-t-il pas tout simplement par la place des enfants dans notre société ? Au-delà du fameux enfant roi, l’enfant, pris comme un citoyen en devenir, est l’objet d’attentions et, à plus forte raison, de mesures qui visent à le rendre autonome, à l’épanouir intellectuellement et à développer un sentiment d’appartenance à une communauté. Les réformes politiques engagées dans l’éducation en sont un exemple. Nombreuses, elles suscitent généralement des tollés et des inquiétudes. Ceci illustre bien la place importante que la société contemporaine confère à cet individu.

C’est à partir de ces quelques questions que s’inscrit la journée d’étude « Parcours de gamins : regards croisés sur l’enfance d’hier ou d’aujourd’hui », qui se tiendra à Angers le 24 mai 2018. Elle est ouverte à tous les doctorants, quelle que soit la discipline. Cette journée d’étude s’inscrit en effet dans une démarche résolument interdisciplinaire afin d’engager des discussions fructueuses et approfondies. 

L’enfant, sa place dans la société

Une approche philosophique de l’enfant montre qu’il n’est pas un objet de réflexion comme les autres. En effet, la conception de l’enfance que proposent certains philosophes permet de définir et de cerner la nature même de la pensée philosophique. Socrate comparait la pensée à un nouveau-né. Descartes voulait que le doute inaugural de la philosophie soit une rupture décisive avec l’enfance. Nietzsche faisait de l’enfant la figure de l’esprit libre, capable de créer le monde et ses valeurs. Il est intéressant de souligner que le terme « enfance » a évidemment mis un certain temps avant de prendre le sens que nous lui donnons aujourd’hui. Même si l’enfant a toujours eu une place dans les sociétés, chacune d’elles ne le perçoit pas de la même manière. Ainsi, il n’y a pas une seule conception de l’enfance, mais plusieurs, apparues successivement au cours de l’histoire et qui ont souvent continué d’être pensées en parallèle par des gens de conditions sociales différentes. Une révolution dans l’attention portée à l’enfant survient toutefois à partir du XVIIe siècle, d’après les propos de Philippe Ariès, historien du XXe siècle. Ce dernier explique l’apparition d’une « conscience de la particularité enfantine ». Les adultes appréhendent l’enfant d’une nouvelle manière à travers la naissance d’un sentiment familial autour de l’enfant. L’époque des lumières accentuent davantage ce phénomène : elle aborde l’enfant pour ce qu’il est plutôt que pour ce qu’il n’est pas encore. Une autonomie lui est accordée, autonomie dont il était jusqu’alors dépourvu. C’est ainsi que l’enfant est de plus en plus considéré comme une personne à part entière. Une nouvelle place lui est accordée. Plus récemment, la sociologie s’est penchée sur des savoirs experts tels que la médecine, la psychologie ou la puériculture qui ont façonné les représentations contemporaines de l’enfance.

L’enfant malade ou en difficultés scolaires, familiales ou comportementales est pris en charge par des institutions spécialisées qui ont évoluées selon les périodes. Ainsi, l’enfant est l’objet de politiques particulières en matière de santé. Son organisme en pleine croissance nécessite des soins spécifiques et adaptés à sa personne. L’enfant entre dès sa naissance dans le circuit médical depuis le XXe siècle avec l’accouchement à l’hôpital. La santé publique concernant les enfants est une préoccupation de l’Etat et les représentations contemporaines se focalisent sur des pratiques spécifiques à l’enfance : la pédiatrie en est un exemple. Il s’agit également d’interroger la manière dont la recherche en sciences humaines et sociales influence les politiques et les formes d’intervention accompagnant la croissance de l’enfant. La manière dont les connaissances entourant la prise en charge du corps de l’enfant sont alors incorporées dans l’évaluation et l’orientation de l’action familiale et éducative. Lors de cette journée d’étude il sera possible d’engager les discussions autour de la prise en charge sanitaire et sociale de l’enfant.

Les contours de l’enfance demeurent difficiles à stabiliser. Si la loi définit clairement les minorités, les capacités et incapacités juridiques des mineurs font encore l’objet d’incertitudes. Une adolescente de 14 ans est-elle consentante lorsqu’elle a un rapport sexuel avec un adulte ? La question porte sur la valeur de la décision et la capacité responsable. Dans quelle mesure un enfant agit-il de façon consciente ? La capacité des enfants à influencer sur les mécanismes décisionnels est pourtant prise en compte. Les publicités audiovisuelles présentant des jouets les prennent pour cibles, bien qu’ils ne soient pas les détenteurs du pouvoir d’achat et donc les acheteurs potentiels du produit. En revanche, ils en sont les consommateurs, et ils sont à ce titre capables d’influencer les mécanismes économiques et sociaux. Les dynamiques spatiales sont-elles marquées par la présence démographique d’une population juvénile plus ou moins forte ? Cette journée d’étude sera l’occasion d’aborder les enfants en tant qu’acteurs, conscients ou inconscients, des sphères juridiques, économiques et géographiques à l’œuvre.

D’Oliver Twist de Charles Dickens (1837) à la saga Harry Potter de J.K Rowling (1997-2007) en passant par les Malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur (1858) ou Enfance de Nathalie Sarraute (1983), la littérature a largement contribué à alimenter la réflexion quant à la notion de l’enfance et à ses représentations. Il en est de même dans les domaines du cinéma ou des arts plastiques avec des œuvres comme Les Ménines de Diego Velasquez (1656) ou des films comme Les Quatre Cents Coups de François Truffaut (1959). En plus d’être un thème pertinent dans beaucoup de domaines, les enfants constituent également un public cible. Depuis le XIXe siècle, nombreux sont les livres écrits pour la jeunesse et les films réalisés pour ce public existent depuis plus de 60 ans. Or, un ultime problème se pose lorsque l’on parle d’art pour la jeunesse et ce problème s’intéresse plus spécifiquement au rôle donné à l'adulte. En effet, dans la mesure où les enfants, dans leur plus jeune âge, ne sont pas en mesure de lire par eux-mêmes les textes qui leur sont adressés, l'adulte devient lui-même l'objet éditorial d'une littérature pour la jeunesse. Dans les arts visuels également ce problème se pose : peut-on tout montrer aux enfants ? L’adulte ne doit-il pas intervenir dans certains cas lorsque l’on sait que l’enfant se construit avec ce qu’il voit à l’écran, à la scène ou sur une toile ? Cette journée d’étude sera également l’occasion pour les doctorants d’interroger cette thématique de l’enfance dans les domaines des lettres, des langues et des arts.

 

Conditions de soumission

Les propositions de communication doivent être soumises par des doctorants. Elles ne devront pas dépasser une page et seront envoyées à asso.aidoc@gmail.com.

Date limite d’envoi des propositions : 16 mars 2018

 

Comité Scientifique

  •  Nathalie Debski, Vice Présidence déléguée à l'Innovation pédagogique et maîtresse de conférences en sciences de gestion, Université d'Angers.
  •  Delphine Guedat-Bittighoffer, Professeur de français langue étrangère et seconde, Université d'Angers.
  •  David Niget, Maître de conférence en histoire contemporaine, Université d'Angers.
  •  Aubeline Vinay, Professeur de psychologie clinique du lien social, Université d'Angers.