Édition
Nouvelle parution
P. Voisin (éd.), Tacite, La Germanie

P. Voisin (éd.), Tacite, La Germanie

Publié le par Laurent Angard (Source : Editions ARLEA)

Tacite, La Germanie. L'origine et le pays des Germains, traduit du latin, annoté et présenté par Patrick Voisin

Paris, Arléa, collection "Retour aux grands textes",  mars 2009, 100 p.

  • Prix : 14 €
  • EAN 9782869598508

La Germanie, monographie écrite par Tacite, un Romain, a souvent été considérée comme une apologie des Germains, mettant en exergue leur supériorité et donnant une leçon de vertu à Rome. Si Tacite ne peut rester silencieux sur les moeurs brutales des Germains, leur manque d'organisation politique, leur niveau de vie souvent misérable et leur inhumanité, il les présente cependant comme des gens vertueux, vivant dans une sorte de conservatoire naturel préservant la pureté de leur race et de leurs moeurs.
On peut faire deux lectures du texte de Tacite : d'une part celle d'un ouvrage créant de « l'identitaire » et des ancêtres pour le peuple allemand – comme l'ont compris les nationalistes au XIXe siècle, Herder, Fichte, Wagner, Mommsen –, et qui démarque la « germanité » de la « romanité » en faisant de celle-ci, par la bande, le lieu de la corruption ; d'autre part celle d'un ouvrage qui va à la rencontre de l'Autre, le Germain, pour le maintenir à l'extérieur de la civilisation.
Entre ces deux lectures, La Germanie offre une autre leçon, celle du va-et-vient de l'esprit entre Soi et l'Autre. Comme partout dans le monde, il y a à prendre et à laisser aussi bien chez les Germains que chez les Romains.
On a donc eu raison, à la Renaissance, de qualifier de libellus aureus (« petit livre d'or ») La Germanie de Tacite. C'est une oeuvre pleine de puissance, qui permet de comprendre à la fois la politique impériale romaine, puisque Tacite a sans doute voulu mettre en garde Rome contre la menace que représentaient les Germains derrière le limes naturel du Rhin et du Danube, mais aussi l'antiquité la plus lointaine, au temps des Indo-Européens, ou encore le développement de la féodalité, puis de la chevalerie au Moyen Âge.
Présentant tantôt des Barbares sans barbarie, tantôt des Barbares pratiquant la barbarie, Tacite laisse deviner que la barbarie n'a pas toujours besoin de Barbares.
Voilà en quoi il est utile de lire et relire La Germanie.