Questions de société

"Où fout le camp le CNRS et où va la recherche française ?", par D. Steinmetz (27/10/09)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

Où fout le camp le CNRS et où va la recherche française ? Daniel Steinmetz, élu SNTRS-CGT au CNRS (27 octobre 2009)

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3070

Ce texte a été envoyé par l'auteur aux listes SLR et Coord. des Labos. Il vient en écho fort au verbatim du colloque des 70 ans du CNRS.

Le 19 novembre, pour les 70 ans du CNRS, la ministre et la direction duCNRS ont signé le Contrat d'objectif. On pouvait croire que cettesignature scellait pour deux ou trois ans (pas plus, n'ayons pasd'illusions) la situation du CNRS, pas encore totalement éclaté, pasencore totalement vidé de ses fonctionnaires, bref une situation d'entredeux, une presque armistice obtenue après trois ans de bagarre avec unpouvoir le plus dur et le plus obstiné que nous avions en face de nousdepuis très longtemps.

Mais, que se passe t il ? Nous attendions pour la mi-septembre la sortiede deux décrets, celui portant sur les nominations au CA du CNRS et celuisur le statut de l'organisme (le décret cadre). Aucun de ces deux décretsn'est encore publié. Sans personnalités nommées, pas de conseild'administration. Celui-ci était prévu pour le 29 octobre, on l'a reportéà une date ultérieure, probablement le 4 novembre mais là encore suspense…

Déjà, on annonce aux 4 élus des personnels que le délai de 2 semaines pourconvoquer le CA et lui communiquer les dossiers ne sera pas respecté pourclause d'urgence ! On peut faire des hypothèses sur ce retard ; uneexplication plausible : des désaccords sur la liste des nommés entre leministère et la direction du CNRS. En tout état de cause, seule certitude :tout sera fait pour mettre en payement la prime d'excellence scientifiquedès décembre 2009 au moins pour les médaillés ; il s'agit de ne pasdécevoir le ministère.

Le décret cadre n'est lui aussi toujours pas publié. Là aussi uneexplication quasi certaine : le conseil d'Etat n'a pas accepté la variantedans le type de direction qu'avait proposé la présidence du CNRS : unprésident à qui on laisse le choix de se nommer lui-même PDG ou bien derester président en nommant un directeur général. Un tel imbrogliostatutaire a été refusé par le Conseil d'Etat qui a imposé un PDG. Maisd'après nos informations, l'équipe en place resterait jusqu'au terme deson mandat c'est-à-dire le 15 janvier 2010 et ne serait pas obligée de laisser saplace à la publication du décret.

Pour le CNRS c'est une situation de quasi vacance du pouvoir. Le seul àêtre sur de son avenir, c'est le secrétaire général [A. Resplandy-Bernard, note de SLU] qui a été renommé pourtrois ans au printemps dernier. Cette situation d'une direction du CNRSsans scientifique mais avec un énarque dévoué à sa tête ne doit pasdéplaire au gouvernement.

D'autant plus qu'en ce moment tout s'accélère et se précise. Regardezrapidement sur le site de l'Elysée la vidéo du discours que Sarkozy vientde prononcer ce 26 octobre devant les industries de santé. La recherchepublique sera mise à leur service au moyen d'une Alliance dont lagouvernance sera intégrée dès cette année malgré les réticences decertains (suivez le regard, il va vers le CNRS). C'est la mise au serviced'un secteur qui surfe en ce moment sur 25% de taux de profit au motif queles années à venir verront la concurrence accrue des génériques. L'Insermannonce déjà le recrutement conjoint de ses chercheurs avec ceux du CNRS.

Sanofi est très clair, la preuve du concept ( cad la preuve del'efficacité du médicament) doit être à la charge du secteur public.Regardez l'article Trautman Bodin sur le site de SLR ou la déclarationSNTRS CGT Sanofi sur le site du SNTRS-CGT.

Bref au moment où le CNRS fout le camp, la recherche va dans le sens d'unpouvoir clairement à la solde du grand capital (pour employer uneexpression consacrée)

Daniel Steinmetz, élu SNTRS-CGTau CA du CNRS