Questions de société
Opa sur les universités: un dossier du blog La Science au XXI Siècle (màj 09.02.10)

Opa sur les universités: un dossier du blog La Science au XXI Siècle (màj 09.02.10)

Publié le par Bérenger Boulay

La Science au XXI Siècle Blog international du Collectif « Indépendance des Chercheurs » (France)

Universités françaises et OPA patronale.

Un dossier en cinq parties:

01.02.2010 Universités françaises et OPA patronale (I)

http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2010/02/01/universites-francaises-et-opa-patronale-i.html 


Le 1er février, le président du MEDEF dans le Nord - Pas-de-Calais déclare à la Voix du Nord : « L'avenir de l'université passe par l'entreprise ». Le même jour, et dans le même journal, une interview du président de l'Université Lille II porte le titre : « Désormais, les enseignants-chercheurs vont être rémunérés à la performance ». Un langage dans le droit fil des recommandations du « rapport Aghion » dont le titre est fort parlant : « L'excellence universitaire : leçons des expériences internationales ». Ou, comme dans la présentation du rapport : « L'excellence universitaire : leçons des expériences étrangères ».La cible est donc bien l'université publique française, et le modèleplus ou moins avoué, les universités privées des Etats-Unis ou duRoyaume-Uni. Le 1er février également, The Guardian publie un article intitulé : « Cuts will deprive thousands of university place, academics warn », à propos des coupures budgétaires annoncées dans l'enseignement supérieur britannique. De même, la semaine dernière, la NACUBO (National Association of College and University Business Officers) a diffuséun saisissant tableau des pertes (2008 - 2009) en fonds proprescapitalisés des universités des Etats-Unis et du Canada. Des chiffresauxquels il conviendrait d'ajouter les pertes récentes en liquiditésqui, dans le cas de l'Université de Harvard, ont atteintla somme de 1.8 milliards de dollars US (pour une perte de 11 milliardsen fonds propres capitalisés). En réalité, l'offensive du secteur privécontre la recherche et l'enseignement publics français a lieu dans unesituation de désinformation générale par rapport à la réalité dessystèmes universitaires posés en exemple, mais aussi par rapport aurôle des institutions de la recherche fédérale dans un pays comme lesEtats-Unis. Qu'il s'agisse de la mainmise progressive du secteur privésur l'enseignement supérieur, ou de la politique de démantèlement du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et des autres établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST), l'absence d'un debat transparent est manifeste.

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05.02.2010 Universités françaises et OPA patronale (II)

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Le 5 février, la revue de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS), Science, publie un éditorial du président de l'U.S. National Academy of Sciences, le chimiste et climatologue Ralph J. Cicerone, intitulé « Ensuring Integrity in Science ».L'éditorial évoque notamment l'affaire des courriers électroniquespiratés de l'Université britannique d'East Anglia, laquelle conduit uneenquête sur le comportement des chercheurs concernés. Cicerone seplaint d'une perte de confiance des citoyens à l'égard des institutionsscientifiques, et appelle à une amélioration de la pratique généraleainsi que des comportements personnels. Mais, s'agissant des études surle rechauffement climatique, l'Université d'East Anglia (UEA)n'est pas seule à être mise en cause, et la question des garantiesd'impartialité et d'indépendance se pose autant pour les défenseurs desthéories plus ou moins « officielles » que pour les détracteurs de cesthéories. Le véritable problème de fond, que Cicerone n'aborde pas,semble bien être celui du statut même des universités et desinstitutions scientifiques concernées. Il paraît d'autant plusessentiel d'examiner cet aspect du problème, à un moment où précisémentle « rapportAghion » pose en exemple les universités des Etats-Unis et duRoyaume-Uni et passe outre à l'existence même des organismes derecherche français comme le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et les autres établissements publics français à caractère scientifique et technologique (EPST).Le CNRS et les EPST français seraient-ils vraiment, comme le suggère lacommission Aghion, un « modèle du passé » ? La nature des problèmesrécemment apparus dans l'affaire du rechauffement climatique, maisaussi dans d'autres domaines au cours des années récentes, paraît denature à mettre en cause les certitudes affichées sans aucune preuvepar le rapport Aghion.

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07.02.2010 Universités françaises et OPA patronale (III)

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Notre article du 7 février « George Smoot, mission Planck et Université Paris VII » évoquela campagne médiatique déclenchée autour de l'embauche par l'UniversitéParis VII du Prix Nobel de Physique 2006, George Smoot. Se faisant échode la propagande ministérielle, plusieurs articles tentent d'attribuerce recrutement à la Loi n°2007-1199 relative aux libertés etresponsabilités des universités (LRU) et à l'existence de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR).C'est ainsi qu'une embauche qui avait été largement préparée par unechaire Blaise Pascal octroyée précédement à ce chercheur par uneprocédure sans rapport avec la LRU ou l'ANR, et que les institutions dela recherche et de l'enseignement supérieur français étaientparfaitement en mesure de mener à terme par les procédures habituelles,est présenteé sans raison valable par les médias comme un résultat dela politique de Valérie Pécresse. On procède par ce biais à l'éloge despouvoirs discrétionnaires, du lobbying et de la stratégie deprivatisation de la recherche et des universités préconisée égalementdans le « rapport Aghion ». Et peu importe qu'en réalité la missionPlanck, continuation du programme COBE qui a valu à George Smoot sonPrix Nobel, soit depuis sa conception basée en Europe, notamment enFrance et en Italie, et que la venue de Smoot soit logique dans un telcontexte qui n'est pas le résultat de la LRU ni de la création de l'ANRmais les a précédées d'une décennie. Au même moment, le rapport d'étapedu Conseil pour le Développement des Humanités et des Sciences Sociales(CDHSS) intitulé « Pour des sciences humaines et sociales au coeur des universités » annonce, par son titre même, la marginalisation d'établissements comme le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) dans ce domaine. Le 7 février, une analyse diffuséesur le site de Sauvons l'Université met en évidence les menaces pour leservice public de la recherche et de l'enseignement supérieur contenuesdans ce rapport, notamment l'accent mis sur les études à connotation « gestionnaire »et sur l'usage fait de la notion d'« employabilité » par une commissionqui ne comprend que des membres nommés et dont font partie desreprésentants du secteur privé.

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08.02.2010 Universités françaises et OPA patronale (IV)

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Le 8 février, Sauvons l'Université (SLU) diffuse un communiqué intitulé : « Dramatique concours de circonstance : nous voulons les écrits des concours au printemps 2011 ! », destiné notamment à «redire encore une fois que c'est aux universités d'organiser laformation des enseignants, non aux rectorats, aux instituts catholiqueset aux officines privées ». En effet, la politique suivie en Franceet dans l'ensemble de l'Union Européenne depuis la mise en place duProcessus de Bologne en 1998-89 et de la stratégie de Lisbonne en mars2000 répond à une logique de privatisation et de marchandisation de laconnaissance, de l'éducation et de la recherche. Il en est de même duPacte pour la Recherche, de la Loi n°2007-1199 relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU), des décrets plus récents de Valérie Pécresse, de la politique de démantèlement Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et des autres établissements publics français à caractère scientifique et technologique (EPST)... Le 8 février également, Le Monde a mis en ligne une interview du chercheur et « spécialiste de l'économie industrielle » Elie Cohen, avec le titre : « Une vraie division industrielle du travail », défendant notamment la délocalisation de services informatiques en Inde sur la base d'une « véritable division industrielle du travail selon les compétences des différents pays ».Aussi incroyable que cela puisse paraître en pleine crise économique etfinancière causée principalement par les délocalisations et lesexportations de capitaux, les mêmes pratiques, vieilles de plus d'unsiècle et demi pour un pays comme la France et qui ont déjà produitplusieurs catastrophes historiques, sont relancées une nouvelle fois etdéfendues de manière récurrente. Pire encore, il existe un lien étroitentre la politique de délocalisations et la stratégie de liquidationdes services publics de la recherche et de l'éducation.

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09.02.2010 Universités françaises et OPA patronale (V)

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Le 9 février, France Info diffuse un reportage avec le titre « La précarité s'installe à l'université »,relatif à la situation de la stabilité d'emploi dans les universitésfrançaises mais aussi dans l'ensemble de la recherche publique. L'étudecomplète, qui fait suite à une enquête intersyndicale, est accessibleentre autres sur le site de Sauvons l'Université. S'agissant deschercheurs et des enseignants-chercheurs, le taux de personnels dits «non permanents » est supérieur à 23%. Pour l'ensemble des personnels dela recherche et de l'enseignement supérieur, il dépasse le cinquièmedes effectifs. Le développement sans précédent de la précarité dans cesservices publics prépare leur privatisation, par le biais del'Opération Campus et du « grand emprunt » alliés à la dislocationprogressive du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et de l'ensemble des établissements publics français à caractère scientifique et technologique (EPST).La France est loin d'être le seul pays où les scientifiques etl'opinion publique d'inquiètent de plus en plus des interférencescroissantes des intérêts privés et de la logique marchande dans lefonctionnement de la recherche et de l'éducation. L'Express diffuse un article avec le titre « Ça chauffe pour le Giec », se référant entre autres à un article de Times Online intitulé « Rajendra Pachauri raises more eyebrows with raunchy environmental novel ». Ces articles rappellent en particulier les liens entre le TERI(The Energy and Resources Institute), que dirige en Inde l'actuelprésident du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution duClimat (GIEC), et certaines multinationales. De même, il y a un mois, Nature News avait évoqué, dans une dépêche intitulée « Publish or perish in China »,la prolifération des plagiats et des résultats scientifiques falsifiésdans un pays comme la Chine qui a instauré une économie marchande etouvert les portes aux rapports de production capitalistes, et où labibliométrie est devenue un pilier de l'évaluation scientifique. Toutcompte fait, le CNRS, les EPST et les universités publiques françaisesn'incarnent pas un si mauvais système.

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Voir aussi: Rapport Aghion sur "L'excellence universitaire"