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Colloque sur l’œuvre d’André Roy : « On parlera un jour des archives du désir » (Montréal)

Colloque sur l’œuvre d’André Roy : « On parlera un jour des archives du désir » (Montréal)

Publié le par Aurelien Maignant (Source : Kevin Lambert)

Colloque sur l’œuvre d’André Roy : « On parlera un jour des archives du désir »
 

23-24 octobre 2021

Montréal

 

PRÉSENTATION

« Action Writing[1] », « Les passions[2] », « L’accélérateur d’intensité[3] », « Nuits[4] », « Vies[5] », « La vie parallèle[6]  » : l’œuvre poétique et essayistique d’André Roy est marquée par des cycles et quelques électrons libres[7]. Plus récemment, c’est à une série d’hommages qu’il nous a convié·es, en établissant un dialogue avec l’œuvre de Kafka, de Mandelstam et de quelques écrivain·es persécuté·es ou écorché·es par l’histoire littéraire[8]. Penser sa poésie selon un système cyclique comme il le fait, « c’est faire un vœu sur la durée » (Leclerc, 2012 : 42), ce qui inscrit d’emblée son œuvre dans l’inachèvement, comme un constant work in progress. Mais malgré cette imposante production d’une trentaine de titres sur près de cinquante ans – ayant reçu de nombreux prix[9] – cela n’a pas empêché son œuvre d’être passablement ignorée par le milieu universitaire ; comme on le constate dans la bibliographie jointe à cet appel, si on a consacré une trentaine de critiques à l’œuvre royenne au fil des ans, peu – voire pas – d’études, de mémoires ou de thèses s’y sont intéressé·es. Mise à part sa participation au renouveau formaliste de la poésie québécoise dans les années 1970 – aux côtés de Nicole Brossard, François Charron, Roger Des Roches, Normand de Bellefeuille, Claude Beausoleil et France Théoret, notamment – l’histoire littéraire lui a accordé assez peu d’importance, quelques lignes tout au plus. Pourtant, en 1981, Roy, parlant de sa déconstruction formelle et langagière du recueil de poésie, « [se] réjouiss[ait] d’avance à l’idée que les universitaires allaient barbotter là-dedans », « par malice, par ironie » (Bonenfant et Giguère, 1981 : 53). Le présent appel vise à renverser cette tendance en défrichant les territoires inexplorés de cette œuvre trop longtemps négligée.

Doctorant en études françaises de l’Université de Sherbrooke, professeur de niveaux universitaire et collégial, journaliste, critique littéraire (Fugues) et de cinéma (24 images), André Roy a été un acteur important dans le milieu culturel québécois des dernières décennies[10]. Il est surtout l’un des premiers écrivains ouvertement gai du Québec (avec Michel Tremblay et Jean-Paul Daoust), de même que l’un des premiers à avoir écrit sur le sida dans la littérature québécoise. D’aucuns qualifieraient aujourd’hui son œuvre de queer, formellement et thématiquement : il s’agit d’une écriture ironique qui cherche d’abord la jouissance du texte (Barthes), qui déjoue les conventions formelles et déplace les signifiants, et ce, afin de « parasiter la communication » (Bonenfant et Giguère, 1981 : 53) et d’instituer une nouvelle lisibilité à travers l’indicible, le non‑dit et le manque. Poésie carnavalesque, écriture du détraquage et de la rupture, elle est aussi ancrée dans les pulsions du corps sexué, machinée par le désir ; ce faisant, elle ne cesse de jouer, de produire un dialogue entre le sujet cultivé et le sujet désirant. On a plus souvent qualifié ses textes d’intimistes, voire d’autobiographiques, en considérant l’énonciation au je qui apparaît dès 1979 et la figure d’« André » qui arpente la plupart de ses recueils comme une invitation à la mise à nu solidaire permettant de se retrouver soi‑même dans l’autre. Son œuvre poétique est toutefois ponctuée de références intermédiales (au cinéma, à la peinture, au théâtre, à la danse), et le dialogue avec d’autres œuvres littéraires et d’autres arts en constitue l’une des isotopies dominantes. Sans être didactique, sa poésie porte également une charge politique : s’investissant dans l’écriture d’un désir minoritaire, elle aborde aussi des enjeux sociohistoriques importants (l’épidémie du sida dans On sait que cela a été écrit avant et après la grande maladie, par exemple, ou la persécution du peuple juif dans La très grande solitude de l’écrivain pragois Franz Kafka). Toute cette œuvre lucide est traversée par la réécriture, l’autoréférentialité, le ressassement et une réflexion sur sa propre pratique, au point où Paul Chanel Malenfant l’envisage comme une « chronique de métamorphoses » (1992 : 170).

Dans le cadre de cette journée d’étude, nous vous invitons à entrer en dialogue avec l’œuvre d’André Roy, cette « écriture du désastre, d’un désastre conçu comme l’un des beaux‑arts » (Paquin, 2002 : 35), qui a pour mission de « sauver l’ordre humain, malgré la plaie béante du désir » (Brochu, 1998 : 205). Quelques pistes de réflexion possible :

  • Poésie formaliste, influence structuraliste et contre‑culture ;
  • La réception critique de son œuvre, sa place dans l’histoire et le champ littéraires ;
  • Écriture du corps, écriture de soi ;
  • (Homo)sexualité, désir, queerité ;
  • Intermédialité, intertextualité et travail critique ;
  • Imaginaire et culture américains ;
  • Présences de la psychanalyse ;
  • Cyclicité, autoréférentialité et réécriture ;
  • Altérité, solidarité et pratique citationnelle ;
  • Spiritualité et sacralité.

Les propositions de communication (d’au plus 300 mots), accompagnées d’une courte notice biobibliographique, doivent être envoyées avant le lundi premier juin 2021 à :

Étienne Bergeron, Figura, Uqam, bergeron.etienne.4@uqam.ca

Kevin Lambert, Crilcq, Figura, Université de Montréal, kevin.lambert@umontreal.ca

Comité scientifique :

Jorge Calderón, Simon Fraser University

Nicole Côté, Université de Sherbrooke

Nicholas Dawson, UQAM

Roxane Desjardins, Université de Montréal

Julie Saint-Laurent, cégep Garneau

Chloé Savoie-Bernard, Université de Montréal

*Le colloque aura lieu en présence si les conditions sanitaires le permettent.

*L’appel à communications a été rédigé par Étienne Bergeron.

 

Bibliographie indicative

Œuvres d’André Roy

Roy, André. 1973. N’importe quelle page, Les Herbes Rouges, no 11.

Roy, André. 1974. L’espace de voir, Éditions L’Aurore.

Roy, André. 1974. En image de ça, Éditions de L’Aurore.

Roy, André. 1975. Vers mauve, Les Herbes Rouges, no 28.

Roy, André. 1976. D’un corps à l’autre, Les Herbes Rouges, no 36-37.

Roy, André. 1977. Corps qui suivent, Les Herbes Rouges, no 46.

Roy, André. 1978. Le sentiment du lieu, Les Herbes Rouges, no 62.

Roy, André. 1979. Les Passions du samedi, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 1980. Petit supplément aux passions, Les Herbes Rouges, no 79-80.

Roy, André. 1981. Monsieur Désir, Les Herbes Rouges, no 88-89.

Roy, André. 1983. Les lits de l’Amérique, Les Herbes Rouges, no 116-117.

Roy, André. 1984. N’importe quelle page, suivi de L’extrait d’elle, Les Herbes Rouges, no 11.

Roy, André. 1984. Nuits, Les Herbes Rouges, no 126.

Roy, André. 1984. Les sept jours de la jouissance, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 1985. Action Writing. Vers et proses 1973-1984, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 1986. C’est encore le solitaire qui parle, Les Herbes Rouges, no 144.

Roy, André. [1987] 2019. L’accélérateur d’intensité, suivi de On ne sait pas si c’est écrit avant ou après la grande conflagration, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 1988. Le spectacle de l’homme encore visible, Les Herbes Rouges, no 165.

Roy, André. 1989. Les amoureux n’existent que sur la Terre, Les Herbes Rouges, no 180‑181.

Roy, André. 1992. On sait que cela a été écrit avant et après la grande maladie, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 1994. De la nature des mondes animés et de ceux qui y habitent, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 1994. La vie parallèle. Un carnet (novembre 1992 – avril 1994), Les Herbes Rouges.

Roy, André. 1995. Le cœur est un objet noir caché en nous, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 1998. Vies, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 1999. Voyage au pays du cinéma, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 2002. Nous sommes tous encore vivants, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 2002. Action Writing. Poésie et prose 1973-1985, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 2003. Professeur de poésie, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 2006. Le rayon rose, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 2006. J’ai toujours appris à écrire, Éditions Trois-Pistoles.

Roy, André. 2007. Tout, rien, quelque chose, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 2008. Les espions de Dieu, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 2011. La saison des fantômes, La courte échelle.

Roy, André. 2012. C’est encore nous qui rêvons, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 2014. La très grande solitude de l’écrivain pragois Franz Kafka, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 2016. Quelque chose du paysage, Les Herbes Rouges.

Roy, André. 2017. La très grande science des adieux du poète russe Ossip Mandelstam, Les Herbes Rouges.

 

Réception critique

Bergeron, Carlos. 2007. « Rose comme la mort », Lettres québécoises, no 125, p. 50.

Bonenfant, Joseph et Richard Giguère. 1981. « Les passions de l’écriture : interview avec André Roy », Lettres québécoises, no 22, p. 49‑55.

Bourgeault, Jean-François. 2003. « L’anti-procès : À propos d’Action Writing d’André Roy », Contre-jour, no 2, p. 143‑150.

Brochu, André. 1984. « Flamboyants et profonds », Voix et Images, vol. 9, no 3, p. 155‑164.

Brochu, André. 1986. « Lascaux, les limbes et autres lieux », Voix et Images, vol. 12, no 1 (34), p. 131‑140.

Brochu, André. 1988. « Des rats et des livres », Voix et Images, vol. 13, no 3 (39), p. 506‑515.

Brochu, André. 1998. « Poignée d’herbes rouges », Voix et Images, vol. 24, no 1 (70), p. 203‑206.

Brochu, André. 2013. « Petit spécial “Les Herbes rouges” », Voix et Images, vol. 38, no 3 (114), p. 147‑152.

Castiel, Élie. 2001. « Voyage au pays du cinéma », Séquences, no 211, p. 63.

Corriveau, Hugues. 2004. « Sans équivoque », Lettres québécoises, no 114, p. 32‑33.

Dulude, Sébastien. 2016. « Les devoirs de l’écrivain », Lettres québécoises, no 163, p. 46‑47.

Felx, Jocelyne. 1992. « De l’autre côté du Moi », Lettres québécoises, no 67, p. 39‑40.

Giguère, Roland. 1985. « Les Herbes rouges, encore ! », Lettres québécoises, no 37, p. 47‑49.

Lalonde, Étienne. 2007. « Chaque passion parle un langage différent », Spirale, no 215, p. 45.

Landry, Gabriel. 2004. « Solitaires dans la foule », Voix et Images, vol. 29, no 3 (87), p. 167‑170.

Laverdure, Bertrand. 2004. « La science ardente », Spirale, no 196, p. 40‑41.

Leclerc, Rachel. 2009. « Les prophètes épormydables », Lettres québécoises, no 134, p. 41‑42.

Leclerc, Rachel. 2012. « Dormir, écrire, rêver », Lettres québécoises, no 147, p. 42‑43.

Mainguy, Thomas. 2009. « Les tombeaux de l’adieu », Contre-jour, no 18, p. 167‑172.

Malenfant, Paul Chanel. 1989. « Un “Monsieur” nommé “Désir” », Urgences, no 23, p. 26‑35.

Malenfant, Paul Chanel. 1992. « Poésie, chose vocale? », Voix et Images, vol. 18, no 1 (52), p. 170‑184.

Marquis, André. 1989. « Fantômes, dragons et cendres », Lettres québécoises, no 52, p. 40‑42.

Marquis, André. 1990. « L’attraction terrestre », Lettres québécoises, no 58, p. 33‑34.

Nepveu, Pierre. 1976. « André Roy : le cinéma en miettes », Lettres québécoises, no 4, p. 16‑18.

Nepveu, Pierre. 1977. « La jeune poésie, la critique peut-être… », Lettres québécoises, no 6, p. 13‑15.

Nepveu, Pierre. 1980. « Du corps et de quelques poètes », Lettres québécoises, no 16, p. 21‑23.

Nepveu, Pierre. 1981. « Petites misères du masculin singulier », Lettres québécoises, no 22, p. 29‑31.

Paquin, Jacques. 1995. « Les beaux mensonges de l’intime », Lettres québécoises, no 78, p. 42‑43.

Paquin, Jaques. 1998. « L’alphabet des poètes », Lettres québécoises, no 91, p. 41‑42.

Paquin, Jacques. 2002. « Le danger des images », Lettres québécoises, no 108, p. 35‑36.

Yergeau, Robert. 1986. « Roy, Yvon, Charlebois et Frenette : les multiples contraires de la poésie », Lettres québécoises, no 43, p. 33‑34.

 

[1] N’importe quelle page (1973) ; L’espace de voir (1974) ; En image de ça (1974) ; Vers mauve (1975) ; D’un corps à l’autre (1976) ; Corps qui suivent (1977) ; Le sentiment du lieu (1978) ; L’extrait d’elle (1984) ; Action Writing (1985).

[2] Les passions du samedi (1979) ; Petit supplément aux passions (1980) ; Monsieur Désir (1981) ; Les lits de l’Amérique (1983).

[3] L’accélérateur d’intensité, suivi de On ne sait pas si c’est écrit avant ou après la grande conflagration (1987) ; Les amoureux n’existent que sur la Terre (1989) ; On sait que cela a été écrit avant et après la grande maladie (1992) ; Le cœur est un objet noir caché en nous (1995).

[4] Nuits (1984) ; Le spectacle de l’homme encore visible (1988) ; De la nature des mondes animés et de ceux qui y habitent (1994) ; Nous sommes tous encore vivants (2002).

[5] Vies (1998) ; Professeur de poésie (2003) ; C’est encore nous qui rêvons (2012).

[6] La vie parallèle (1994) ; Voyage au pays du cinéma (1999) ; Le rayon rose (2006) ; J’ai toujours appris à écrire (2006).

[7] Les sept jours de la jouissance (1984) ; C’est encore le solitaire qui parle (1986) ; Tout, rien, quelque chose (2007) ; La saison des fantômes (2011) ; Quelque chose du paysage (2016).

[8] Les espions de Dieu (2008) ; La très grande solitude de l’écrivain pragois Franz Kafka (2014) ; La très grande science des adieux du poète russe Ossip Mandelstam (2017).

[9] Prix du Gouverneur général (1985) ; Grand Prix du Festival international de la poésie (1987) ; Prix de poésie Terrasses Saint‑Sulpice de la revue Estuaire (1998) ; Prix de poésie Radio‑Canada (2008) ; Prix littéraire des enseignants AQPF‑ANEL (2009) ; Prix Alain‑Grandbois (2015) ; Prix Shulamis Yelin (2016).

[10] Codirecteur du journal contreculturel HoboQuébec de 1972 à 1974 ; directeur de la collection « Proses du Jour » aux Éditions du Jour de 1973 à 1974, puis de la collection « Écrire » aux Éditions de l’Aurore de 1974 à 1975 ; cofondateur et rédacteur en chef, de 1979 à 1983, de la revue Spirale ; codirecteur des éditions et de la revue Les Herbes Rouges de 1983 à 1985 ; rédacteur aux Éditions de l’Hexagone et aux Herbes Rouges de 1986 à 1988 ; secrétaire trésorier de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois de 1985 à 1991, etc.