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Œuvre, exposition et récit en art contemporain

Œuvre, exposition et récit en art contemporain

LESA (EA 3274, ED 354 Aix-Marseille Université), axe de recherche Constructions contemporaines de l'imaginaire à travers les arts, programme Interférences et récit dans les œuvres d’art au XXIe siècle (2014-2016, resp. J. Arnaud)[i]

 

Œuvre, exposition et récit en art contemporain

 

Appel à communications pour journées d’études - Vendredi 5 et samedi matin 6 février 2016

Organisation : Jean Arnaud (professeur des universités en Arts plastiques, LESA)

 

Ces JE constituent un second temps de réflexion faisant suite à celui qui a été consacré en 2014 aux Nouveaux enjeux du récit contemporain : le texte, l’image et le son dans l’expérience des œuvres (organisation Susana Dobal, université de Brasilia, et Jean Arnaud)[ii].

Thème, objectifs

Les deux nouvelles JE viseront à analyser les relations entre l’œuvre, son exposition et les formes de récit qui les traversent, en se fondant sur le constat suivant : dans la réception du spectateur, une confusion est parfois possible entre la forme de l’œuvre conçue par l’artiste et celle de l’exposition produite par le curateur, ce dernier faisant récit en rapprochant diverses œuvres. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation, parmi lesquels :

- tout dispositif curatorial est un outil critique de présentation, qui pose un récit sur l'œuvre par le sujet et le contexte de l’exposition (il tisse des liens entre document et monument[iii]). Mais actuellement, de nombreux artistes utilisent des documents ou des œuvres existantes pour créer. Un brouillage s’établit ainsi entre la posture d’un artiste qui exploite ces possibilités de construire un récit sur l'œuvre pour faire œuvre, d’une part, et d'autre part celle du curateur qui entend faire œuvre et sens à partir de leurs récits ;

- aussi bien pour un artiste que pour un commissaire d’exposition, document et construction fictionnelle interfèrent dans la mise en espace de ces récits ; ceci engendre des porosités et des zones d'indécidabilité entre réel et imaginaire dans l’expérience du spectateur ;

- ces phénomènes de brouillage concernent les modes de production artistique (pluralité des médiums, association de matériaux réels ou virtuels et d’objets ready-made) autant que les modes de présentation monographique ou collective aujourd’hui très diversifiés (musée, galerie, réseaux multimédias…).  

Les journées articuleront ainsi les réflexions critiques menées par des artistes, des théoriciens, des historiens et des commissaires autour de quelques questions complémentaires, afin d’analyser les formes et les enjeux de cette nouvelle relation œuvre/exposition/récit  :

- responsabilité historique de l’artiste et du commissaire d’exposition : la limite entre subjectivité du premier et prétendue objectivité du second[iv] fait-elle encore sens aujourd’hui, en regard des théories de la narrativité, du montage et du reenactment ?

- quelles sont les relations entre l’espace de l’œuvre, l’espace muséal et l’espace médiatique (sites artistiques, dispositifs relationnels, interactifs, praticables, vitrines…) dans l’élaboration de récits ? 

- l’efficacité des techniques communicationnelles du storytelling[v] empêche souvent de distinguer clairement réel et fiction dans nos sociétés consuméristes : quelles procédures artistiques et quels processus critiques de médiatisation du récit permettent-ils d’en démonter les mécanismes économiques et politiques, de contrer leur puissance de formatage socioculturel de l’individu ?

- comment le recours à l’intermédialité dans une œuvre affecte-il la réception des récits, dont le contenu et la structure sont spécifiques à chaque media ?

Mots-clés : récit, œuvre/document/exposition, objectivisation/subjectivation, médias, intermédialité, réel/fiction.

Date et lieu : vendredi 5 et samedi matin 6 février 2016 (12 participants ; AMU, Maison de la recherche site Schuman - Aix-en-Provence, bât. T2, salle des colloques).

Date limite pour l’envoi des propositions : 31 octobre 2015 (mille caractères maximum). Merci de joindre une courte notice biographique.

Envoi des propositions à :

jean.arnaud@univ-amu.fr

Tel. portable : +33 (0)6 13 13 33 20

Expertise scientifique : Susana Dobal (photographe et professeure à l’université de Brasilia), Bruno Goosse (artiste et professeur à l’Académie royale des Beaux arts de Bruxelles), Eddie Panier (artiste et MCF Arts plastiques à l’université de Valenciennes), Jean Arnaud.

Date de réponse d’acceptation : 15 novembre 2015.

Une publication Interférences et récit en art contemporain est prévue en 2016-17 à partir des résultats de ces journées d’études 2014-2016.

NOTES:

[i] Ce programme (2014-2016) porte sur l'analyse des phénomènes de migrations et de transferts entre les œuvres, les spectateurs et les supports. Son objectif général est d’étudier l’influence des nouveaux phénomènes d’interférences médiatiques et culturelles sur les structures du récit et ses modes de production, ainsi que leur incidence sur l’imaginaire contemporain. Ce champ d’études sur les processus créatifs et l’expérience des œuvres actuelles est envisagé selon deux topiques :

-Les artistes organisent aujourd’hui des formes critiques concernant les modes de circulation des messages et des signes visuels. En associant et en transformant ces derniers dans leurs œuvres, ils mettent à nu les mécanismes de la confusion entre réel et fiction actuellement provoquée par une production pléthorique et chaotique de récits dans nos sociétés.

-En utilisant eux-mêmes l’interférence médiatique ou culturelle pour construire leurs œuvres, les artistes élaborent de nouvelles formes de récits, et ils produisent de fait un nouvel imaginaire. S’appuyant sur les notions d’interactivité, d’intermédialité et d’intertextualité, cette topique vise à analyser l’inventivité actuelle en matière d’élaboration du récit ; mais il convient également d’étudier dans quelle mesure certaines œuvres peuvent elles-mêmes créer de la confusion, au point que le spectateur ne puisse plus identifier le type de récit qu’elles produisent.

[ii] Voir http://lesa.univ-amu.fr/?q=node/225

Neuf contributeurs à cette 1ere JE : Éts. Decoux (artiste, professeur à Artsイ2 - école supérieure des arts de Mons), Luiz Cláudio Da Costa  (professeur à l'Institut des Arts de l'Université d'Etat de Rio de Janeiro), Susana Dobal (photographe et professeure à l’Université de Brasilia), Bernard Guelton  (professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR ACTE), Christine Esclapez (professeure à Aix-Marseille Université, LESA), Julie Fabre (doctorante en Arts plastiques et Sciences de l’art à Aix-Marseille Université, LESA), Yves Schemoul (artiste, professeur Agrégé enseignant au Département Arts de l’Université d’Aix- Marseille ; docteur en Arts plastiques et Sciences de l’art, LESA), Anna Guilló (artiste et maître de conférences à l’Université Paris 1 –­ Panthéon-Sorbonne), Belinda Redondo (docteure en Urbanisme et Aménagement de l’espace, chercheuse associée au Lab’Urba  à l’Institut d’Urbanisme de Paris – Université Paris-Est).

[iii] « Tout ce qui est “monument” pour quelqu’un sert de “document” à quelque autre, et inversement », Erwin Panofsky, L’Œuvre d’art et ses significations. Essais sur les arts visuels (1955), Paris, Gallimard, 1969, p. 38. Voir aussi Michel Foucault, L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969 (introduction, p. 9-28).

[iv] Le curateur donne sens à l’exposition sur le principe que le tout est plus que la somme des parties ; mais plus particulièrement, quid de l’objectivité du curateur lorsqu’il reformule des expositions historiques (When attitudes become form, Venise, 2014 ; Realism Capistalism leben mit Pop, Düsseldorf, 2014) ?

[v] « Depuis qu’elle existe, l’humanité a su cultiver l’art de raconter des contes et des histoires. Un art au cœur du lien social dans toutes les cultures. Mais qui a commencé à prendre une allure de cauchemar depuis la fin du XXe siècle, quand il a été investi aux états-Unis par les logiques de la communication et du capitalisme triomphant, sous l’appellation anodine de “storytelling“ », Christian Salmon, Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, La Découverte, 2008, 1ere de couv.