Questions de société
Occupation de la planète sciences po : des visiteurs de la galaxie des universités franciliennes.

Occupation de la planète sciences po : des visiteurs de la galaxie des universités franciliennes. "chez nous" ! [ATTAC Science-Po]

Publié le par Bérenger Boulay (Source : attac sciences po)

Voir aussi: Occupation de Sciences-Po Paris 17/03/09 (Communiqués, Rue89, Libération)

Occupation de la planète sciences po : des visiteurs de la galaxie desuniversités franciliennes... "chez nous" !

Communiqué d'ATTAC Science-Po.  

La contestation s'est invitée à l'IEP…

 Mardi 17 mars, 17h : environ 200 étudiants et professeurs des universités franciliennes ont « investi » l'IEP pour protester contre les réformes actuelles de l'enseignement supérieur et du statut des enseignants chercheurs. Le projet des manifestants était de dénoncer le dualisme dans l'enseignement supérieur, les inégalités entre facs et grandes écoles… et d'en discuter avec les étudiants de l'IEP. Ils ont voulu organiser un débat à ce sujet dans l'amphi Boutmy en lieu et place du cours de M. Duhamel.  Expérience controversée qui a suscité de l'émotion, quelques altercations… et beaucoup d'incompréhensions. D'un côté : des étudiants de facs qui accusent le symbole de la reproduction sociale, et des élèves de Sciences Po qui les soutiennent, de l'autre : des étudiants de l'IEP qui n'approuvent pas la critique dure de leur Ecole, ou refusent simplement les modalités d'action… et un certain nombre d'étudiants qui finalement sont partis avec leur professeur. 

Facs et Grandes Ecoles : un fossé concret, des inégalités criantes
Si la question des modalités de l'action doit faire débat, on ne peut simplement ignorer son message et ce qu'elle révèle plus largement : le clivage profond qui sépare et semble maintenant dresser les uns contre les autres les étudiants des facs et ceux des Grandes Ecoles. Ce clivage s'ancre dans des réalités très concrètes : une scolarité complète dans le système des grandes écoles bénéficie d'un investissement public quatre fois plus important qu'une scolarité complète universitaire en droit ou en sciences économiques. Or, les grandes écoles sont presque exclusivement accaparées par les enfants des classes supérieures. Le taux d'enfants de cadres supérieurs ou professions libérales s'élève à 81,5% à l'IEP de Paris. Les réformes actuelles qui préparent la mise en concurrence des universités et la privatisation de leurs financements vont encore accroître les inégalités dans l'enseignement supérieur.


Sciences Po, un modèle qu'ils devraient admirer ?
Sciences Po se présente très souvent comme un modèle, à la fois en terme d'efficacité (insertion professionnelle, « image »…), mais aussi de justice sociale (ouverture aux ZEP, suppléments bourses…). Ces « réussites » reposerait sur son autonomie, sa capacité à d'adapter dans un univers de concurrence, la possibilité de moduler les droits d'inscription… En réalité, son financement privilégié, et la sélection sociale à l'entrée en sont les plus sûrs ingrédients.
Quand à l'ouverture sociale vers les ZEP, elle est évidemment appréciable, mais marginale ; surtout elle ne doit pas être confondue avec de la redistribution ou de la justice sociale : il s'agit d'une politique d'investissement dans le potentiel des élèves les plus talentueux. L'IEP a la clairvoyance de reconnaître l'intelligence dans les quartiers populaires, cela ne veut pas dire qu'il s'inscrit dans une logique de service public pour tous. Ce genre de politiques est pratiqué par de nombreuses facs américaines, et les études montrent que cela ne permet pas de compenser la privatisation des financements, de plus en plus orientés vers les classes supérieures (plus « rentables »). Sciences Po n'est donc certainement pas le modèle que l'on peut proposer à l'ensemble de l'enseignement supérieur, et la contestation de ce modèle est légitime.

Dans l'IEP, aux côtés des facs, une mobilisation à amplifier !
L'action des étudiants des facs doit nous interpeller, à Sciences Po, sur ces enjeux de financement, et d'inégalité dans l'enseignement supérieur, en même temps que le débat et la mobilisation sur les réformes actuelles de l'enseignement supérieur doivent s'amplifier. Ces réformes nous concernent également et questionnent notre position dans le système actuel de l'enseignement supérieur : à nous d'en débattre et de définir notre place dans la mobilisation actuelle !

Mardi 24 mars: Débat sur les réformes de l'enseignement supérieur. Université alternative (amphi Jean Moulin)