Questions de société
Occupation de l'Université de Middlesex + lettre de soutien et revue de la presse britannique (màj 12/05/10)

Occupation de l'Université de Middlesex + lettre de soutien et revue de la presse britannique (màj 12/05/10)

Publié le par Bérenger Boulay

Sur le site de SLU:

Derniers développements concernant la fermeture du département de philosophie à Middlesex (màj 12 mai 2010)

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"Dear all,

Thank you so much to everyone who has written to protest the closure of Philosophy at Middlesex. The international support for the campaign has been a tremendous boost (over 10 000 signatures/petition ; over 800 protest letters sent to the 'Executives') ; Middlesex students & staff are mobilising quickly, and the administration now has a real fight on their hands.

The campaign blog has been moved to http://savemdxphil.com/. It includes regular updates, press links and a small sampling of the many hundreds of letters of support we've received. We'll be reorganising and expanding it in the coming days.

Earlier this afternoon (Tues 4 May) around 40 students decided to occupy the Board Room (opposite the Dean's office) of the Middlesex Trent Park campus, after Dean Ed Esche and Deputy Vice-Chancellor Margaret House cancelled a meeting scheduled for 10:30am. See http://savemdxphil.com/2010/05/04/students-in-occupation-in-the-boardroom/ and the campaign Facebook page (http://www.facebook.com/group.php?gid=119102561449990) for more information.

If you can get to London tomorrow, especially if you're planning to take part in one of the various strikes & UCU rallies, PLEASE COME TO SUPPORT THE STUDENT OCCUPATION and to celebrate Philosophy at Middlesex at our annual Philosophy Society party, Weds 5 May from 4:30pm. The party/rally will be taking place in The Drawing Room (M005) in the Mansion Building of the Trent Park campus ; directions below.

yours in solidarity,

Eric Alliez, Peter Hallward, Mark Kelly, Christian Kerslake, Peter Osborne, Stella Sandford"

Lettre de soutien;
http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411499

Philosophical view: Middlesex, think again, 6 May 2010

We the undersigned deplore Middlesex University's recent decision to close its philosophy programmes, including its prestigious and successful MAs. This is a matter of national and indeed international concern. Not only does it contradict Middlesex's stated commitment to promote "research excellence", it also represents a startling stage in the impoverishment of philosophy provision in the UK.

We have participated in events organised by the Philosophy Group at Middlesex and can testify to its unique strengths and its significant and distinctive contribution to philosophy in the UK. Its set of MA programmes is currently the largest in the country.

Philosophy is the highest-rated research subject at Middlesex. In the research assessment exercise 2008, it was rated first in philosophy among post-1992 universities, with 65 per cent of its research judged "world-leading" or "internationally excellent".

Middlesex is widely recognised as one of the most important centres for the study of modern European philosophy anywhere in the English-speaking world. It has one of only a handful of philosophy departments left in the UK that provides both research-driven and inclusive postgraduate teaching and supervision aimed at a wide range of students, specialist and non-specialist.

We call on Middlesex to reverse its damaging and ill-judged decision, and to renew its commitment to widening participation in education and excellence in research.

Alain Badiou, emeritus professor of philosophy, Ecole Normale Superieure, Paris; Etienne Balibar, emeritus professor of philosophy, Universite de Paris-Nanterre, and distinguished professor of humanities, University of California; Judith Butler, Maxine Elliot professor of rhetoric and comparative literature, University of California, Berkeley; Jacques Ranciere, emeritus professor of philosophy, Universite de Paris VIII; Gayatri Spivak, university professor in the humanities, Columbia University; Slavoj Zizek, co-director of the International Centre for Humanities, School of Law, Birkbeck, University of London; and 24 others.

Voir aussi: Save History of Medecine at University College London - Save Philosophy at Middlesex University

Lire égalemement sur le site de SLU: Revue de presse anglaise à l'heure de la fermeture du département de philosophie de Middlesex - 5 mai 2010

La fermeture du département de Philosophie de Middlesex

http://savemdxphil.com/

pose de nombreuses questions à la communauté universitaire britannique. En effet, ce département était au contraire voué au succès si l'on s'en tient à la propagande gouvernementale. C'est un petit département (6-7 EC) qui a beaucoup d'étudiants (environ 100) avec des coûts peu élevés (la philosophie n'est pas la physique nucléaire), donc structurellement bénéficiaire, d'autant plus qu'il obtient des contrats de recherche importants. C'est un département dont la qualité scientifique est reconnue, qui malgré sa petite taille se trouve proche du premier quart des départements de philosphie dont la recherche a été évaluée par le RAE2008,

http://www.guardian.co.uk/education/table/2008/dec/18/rae-2008-philosophy

C'est le meilleur classement obtenu par un département de l'université de Middlesex. Enfin, c'est un département d'une ancienne université technique (considerée parfois comme de second rang par "l'élite") et qui a participé largement a la démocratisation de l'enseignement supérieur ("widening participation") :

http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2010/apr/29/philosophy-minorities-middleqsex-university-logic

Les justifications évoquées par le dean des humanité pour sa fermeture

http://thethirdestate.net/2010/04/middlesex-university-shamefully-cuts-philosophy-department/

sont de deux ordres. Premièrement, le département ne ferait pas de "contributions mesurables" à l'université ce qui est évidement faux. Deuxièment, l'université gagnerait plus d'argent en se focalisant sur des étudiants "Band C", c'est-à-dire où l'enseignement implique "une activité de laboratoire" (biologie, mais aussi archéologie ou design, et bizaremment mathématiques, en fait. Donc plutôt les sciences dures).

En effet, le gouvernement verse £4000 pour chaque étudiant de philosophie, alors que la subvention est de £5000 pour les Band C. Le gain escompté est faible, £100.000, et aurait très bien pu être atteint en développant le département de philosophie.

Ceci conduit donc Iain Pears à évoquer la possibilité d'un mouvement de grande ampleur en défaveur des humanités :

http://boonery.blogspot.com/2010/04/on-to-middlesex.html

Les managers seraient informés de ce que le gouvernement voudrait inciter le développement des sciences au détriment des humanités, qui tiennent le haut du pavé en Grande Bretagne. Le gouvernement voudrait concentrer les humanités dans les très bonnes universités, et spécialiser les moins bonnes sur les aspects plus techniques. L'augmentation anticipée des frais d'inscriptions

puce-32883.gif http://www.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/education/article7113989.ece
puce-32883.gif http://www.guardian.co.uk/education/2010/may/02/university-fees-browne-review

dans les universités d'excellence inciterait alors les étudiants à se diriger plus vers les sciences.

Il y a des éléments appuyant cette interprétation, comme le fait que le gouvernement s'est engagé à protéger le budget des sciences et a offert d'augmenter de 20.000 le nombre d'étudiants en sciences alors que les autres matières sont contingentées :

http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/8585143.stm

Cette évolution est une modification profonde de la culture britannique et peut être vue comme une importation de la situation continentale, où les sciences sont sensées favoriser le développement industriel et l'emploi. Notons cependant que des scénarios où l'industrie serait concentrée en Asie, le divertissement en Amérique, l'Europe se concentrant sur le tourisme, sont de plus en plus probable.

Les élections risquent cependant de retarder cette stratégie, avec un renforcement du parti Liberal democrate qui prône la suppression des frais d'inscriptions d'ici 6 ans.

Un autre coup d'arrêt possible à cette evolution peut venir d'une radicalisation. Les association locales étudiantes élisent de plus en plus des candidats anti-frais d'inscriptions et anti-coupes budgétaires. C'est notamment le cas à Londres, avec les prestigieuses LSE, UCL, SOAS (et l'Université de Londres, qui chapote les précédentes) mais aussi Westminster et London Met :

http://conventionagainstfeesandcuts.wordpress.com/2010/04/29/anti-cuts-activists-win-westminster-su/#respond

3 universités sont en grève aujourd'hui,

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411355

King's College, Westminster, et la très active Sussex. UCL aurait dû être en grève mais celle-ci a été suspendue en raison de l'ouverture de négociations sur les licenciements en biologie et d'un recul des managers sur ce point :

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411478&c=2

Le problème du département d'histoire de la médecine de UCL reste cependant toujours ouvert :

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411405&c=1

mais il semble s'agir plus d'une dispute entre deux tutelles que de problèmes managériaux.

Le fait que UCL recule aussi rapidement sur le département de biologie (après avoir aussi, semble-t-il, reculé sur le departement de langues dont on n'entend plus parler) montre à nouveau qu'on peut avoir des doutes sur le fait que la crise financière ait eu un impact réelimportant sur la situation des universités. La crise serait utilisée pour justifier des restructurations conduites dans un but plus idéologiques, ce qu'indique à nouveau le recul rapide en biologie à UCL tandis que la situation du département de philosophie de King's College (quatrième au RAE 2008) semble toujours bloquée :

http://boonery.blogspot.com/2010/04/empire-strikes-back.html

Il y a par contre un possible premier effet de la crise financière sur les retraites : le fond de pension USS est déficitaire de £5mds :

http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=411400&c=1

Des négociations vont s'ouvrir sur le régime des pensions. Une possible solution a ce déficit serait la prise en compte d'une moyenne de salaires sur la carrière plutot que la dernière année dans le calcul de la pension.