Questions de société
Occupation de l'hôtel de ville de Paris: second communiqué de presse (02/05/09) + messages de soutien aux occupants

Occupation de l'hôtel de ville de Paris: second communiqué de presse (02/05/09) + messages de soutien aux occupants

Publié le par Bérenger Boulay

Après la Sorbonne (quatre fois!), Science-Po Paris (deux fois), l'AERES et le CNRS, c'est l'hôtel de ville parisien qui a été (brièvement) occupé le soir du 1er mai [Voir Occupation de l'hôtel de ville].

 Les Verts demandent au Maire de Paris de retirer sa plainte (05/05/09)


Sur cette page:

- Occupation de l'hôtel de ville à Paris: second communiqué de presse

- Messages de soutien aux occupants

- Communiqué de Sud Etudiant


Occupation de l'hôtel de ville à Paris: second communiqué de presse (01/05/09)


Face aux dérives du traitement médiatique de l'occupation de l'hôtel de ville le 1er mai 2009, quelques occupants se réunissent pour proposer leur vision des faits:

Vendredi 1er mai à 20h30, 100-150 manifestants ont envahi l'Hôtel de Ville, lieu de pouvoir hautement symbolique qui n'avait pas été occupé depuis la Commune de Paris et 1936; le mot avait circulé en fin de manifestation.

L'entrée des manifestants s'est faite facilement, sans heurts ni violence. Une fois à l'intérieur, ils ont occupé la salle du Conseil de Paris pour y tenir une assemblée générale. Un appel a pu y être rédigé collectivement malgré l'arrivée précipitée des policiers et des CRS.

Cet appel, lu aux journalistes présents, n'a pourtant pas été médiatisé:

"Nous manifestants du 1er mai 2009, ne voulons pas nous en tenir à la marche habituelle. Nous occupons l'Hôtel de Ville de Paris pour exprimer notre dégoût envers le gouvernement, qui n'écoute pas la colère de la population qui subit la crise. C'est pourquoi nous appelons les habitants, travailleurs, étudiants, précaires sans-papiers en France et ailleurs, à résister par la grève générale et par tout autre moyen.
Les occupants, Paris, le 1er mai 2009, 22h"

A la suite d'une négociation avec les directeurs de cabinet de Bertrand Delanoë et du préfet de police de paris, les occupants ont été évacués. Ils ont évité la garde à vue, mais ont dû présenter leur pièce d'identité.

Pendant l'occupation, des arrestations musclées ont eu lieu sur le parvis de l'Hôtel de Ville, semble-t-il au nombre de 8. Si les rapports avec la police sont restés corrects, le comportement des policiers ou certaines de leurs remarques ne méritent pas les félicitations que leur adresse Bertrand Delanoë.

Selon les médias et les déclarations du maire de Paris, les occupants appartiendraient à une mouvance autonome ou au collectif "Je ne veux pas rentrer chez moi ce soir". Cette manie de l'étiquette ne rend pas compte de la réalité: parmi eux figuraient des gens aux appartenances syndicales et partisanes diverses; d'autres n'appartenaient à aucune organisation.

Par ailleurs, les occupants ont également été accusés de diviser le mouvement universitaire en déstabilisant la ronde infinie des obstinés qui se tenait sur la place. C'est oublier que beaucoup d'entre eux ont passé leurs nuits à assurer la continuité de cette ronde, qui manquait de monde pendant les vacances de Pâques!


L'occupation n'avait donc rien de contradictoire avec la ronde: elle manifestait simplement la volonté de se faire entendre davantage, à l'heure où seules les actions radicales semblent faire peur au gouvernement et parler les médias. Ces accusations paraissent d'autant plus déplacées qu'en ce jour de fête du travail, les revendications n'étaient pas seulement universitaires, mais témoignaient d'un souci de convergence des luttes.

Les mots d'ordre des occupants étaient les suivants: d'une part, appel à la grève générale pour protester contre le frein mis au mouvement social par les principales centrales syndicales; d'autre part, dénonciation de l'Etat policier qui criminalise les luttes sociales et accroit le fichage systématique des personnes. Les sans-papiers sont les premières victimes de ces mesures qui s'ajoutent aux lois racistes mises en oeuvre avec chaque jour plus de zèle.

Les manuels d'histoire évoquent trop peu la Commune. Nous estimons pourtant que les mots d'ordre libertaires et autogestionnaires et méfiants vis-à-vis de l'Etat sont toujours d'actualité, comme nous le rappelle la crise actuelle qui souligne et accroit des inégalités sociales toujours plus profondes.

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Messages de soutien aux occupants:


- Message de Sibylle, PRAG doctorante (le 2 mai 2009):

Je tiens [...] à signaler que, parmi ces occupant-e-s, se trouvaient uncertain nombre d'étudiant-e-s que nous connaissons, certain-e-ssyndiqué-e-s, certain-e-s affilié-e-s à un parti. Une banded'anarcho-autonomes donc ? Car les médias se sont déjà emparés de leurcas (voir par exemple : http://www.leparisien.fr/faits-divers/paris-un-collectif-occupe-brievement-l-hotel-de-ville-01-05-2009-498685.php).
Plusgrave : certain-e-s enseignant-e-s de la ronde des obstinés ont cru bonde se désolidariser publiquement (mais aussi sur des listes mail àusage interne) de ces occupant-e-s. Or, parmi les occupant-e-s,beaucoup de personnes ont donné plusieurs heures de marche dans laronde des obstinés, s'inscrivant sur le site pour assurer le bonfonctionnement de la ronde. Ils ont manifesté comme nous tou-te-s,distribué des tracts rédigés dans nos AG, collé nos affiches (qui sontaussi les leurs...), peint nos banderoles, crié nos slogans, assuré destâches logistiques, envoyé des mails, etc.
Peu importe les moyensque chacun-e d'entre nous privilégie pour lutter contre le gouvernementactuel et ses réformes (en particulier à l'université et dans larecherche), il me semble extrêmement important que chacun-e d'entrenous, autour de lui/elle exprime sa profonde solidarité avec cesoccupant-e-s (solidarité au sens plein du terme, pas seulement au sensd'un soutien extérieur).
J'ajouterai que, de mon point de vue,l'erreur n'était pas d'occuper l'Hôtel de Ville, mais de n'y être que200, et ce n'est pas l'erreur de celles et ceux dont l'identité a étécontrôlée hier soir à la sortie du bâtiment.

Sibylle, PRAG doctorante

- Message de Claire Paulian, ATER à Paris 8 (le 3 mai 2009):

J'étais place de l'Hôtel de Ville au moment où il a été occupé etj'ai assisté au déploiement de CRS aux alentours de la place maisaussi aux réactions de quelques uns parmi ceux de la ronde, à laquellej'ai moi-même souvent participé - et à laquelle je participerai encore.Ces réactions m'ont frappée par leur précipitation : dès qu'ils sontapparus aux fenêtres, les occupants ont été traités de "connards",accusés de "faire le jeu de la préfecture", on leur a enjoint de "nerien casser" présupposant qu'il s'agissait d'une banded'irresponsables, ce qui s'est avéré complètement faux. Rappelons-le,l'occupation s'est passée pacifiquement. Environ une heure plus tard,lorsque les occupants délogés ont regagné le parvis (et qu'il étaitmanifeste que rien n'avait été cassé), la ronde, sous l'oeil desnombreux CRS, a tenu ostensiblement à se distinguer d'eux. Bref cela aété une réaction de peur, peur que l'occupation de l'Hôtel de Villene serve de prétexte au démantèlement de la ronde, peur d'une sorte decontagion. On peut comprendre cette peur : quels modes d'actionsprotestataires ne sont pas en sursis? D'ailleurs, avant que lesoccupants ne soient délogés, les CRS arrivés en nombre, avaientchargé la ronde, menaçant de la disperser. Cependant on peut aussiregretter l'un des effets de cette peur: un déni ostensible etprécipité de la légitimité politique des autres modes d'action.Certains porte-paroles de la Ronde se sont comportés comme s'ils avaient très vite, trop vite, intériorisé la criminilisation à venir,probable, des occupants de l'Hôtel de Ville, comme si, tenant à n'enpas subir les effets, ils s' étaient fait, pour mieux s'endistinguer, le relais de cette criminilisation. Ainsi, dans uninterview donné à l'emporte pièce, du moins publié à 23 h déja surinternet, quelqu'un a -t-il dénié à l'action des occupants toutrapport avec le mouvement de l'Education, avant même que le message des occupants eux-mêmes ne soit connu. Orde quel droit discréditer ainsi par avance, avant même qu'ils n'aientpu se faire entendre, la voix des occupants? Pourquoi ceux de la Rondequi se sont exprimés devant des journalistes n'ont-ils pas dit lasimple vérité :"Nous ne savons pas si nous sommes solidaires ou pas desoccupants, parce que nous n'avons pas encore entendu leursrevendications. Nous ne savons pas si ça a à voir avec le mouvement del'Education, parce qu'ils ne se sont pas encore exprimés, ou que leurmessage n'a pas encore été médiatisé. Ce n'est pas à nous de nousprononcer sur la légitimité ou non de l'occupation de l'Hôtel de Ville.C'est d'abord eux qu'il faut interviewer, c'est leur message qu'ilfaut relayer." ? En d'autres termes, pourquoi avoir ainsi cédé à laprécipitation, au besoin de prendre parti pour ou contre, d'êtresolidaire ou de se désolidariser, sans même prendre le temps de savoirde quoi il s'agissait au juste? Pourquoi avoir joué ce jeu de la peuret de l'autorité? Parmi les occupants nombreux sont ceux qui ontparticipé à la Ronde, et à toutes les formes de contestationuniversitaire ; on peut ensuite être d'accord ou pas avec leur messagespécifique, tel qu'il est enfin paru, bien plus tard. Mais de là àleur dénier tout rapport avec le mouvement de l'Education, c'est, àl'instar du gouvernement ne pas voir combien la surdité del'autoritarisme est perturbante, combien elle est un facteur detroubles : c'est entrer dans le jeu de la censure. Ecoutons-nous avantde nous diviser.

Claire Paulian, ATER à Paris 8

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On peut lire aussi sur Bellaciao un hommage aux occupants, qui ont peut-être permis de limiter les arrestations place de la Bastille. Des policiers en civil avaient en effet commencé à provoquer des violences.

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Communiqué de Sud Etudiant qui évoque l'occupation de l'Hôtel de ville.

Un premier mai annonciateur de nouvelles luttes.

       Hier, comme chaque année, nous manifestions pour la fête des travailleur-euse-s. Mais cette année la journée du premier mai avait un goût particulier. Contrairement aux années précédentes, dans lesquelles le premier mai n'avait que peu d'enjeu, cette année nous avons assisté à une fête des travailleur-euse-s des plus revendicatives.
       Cette journée de manifestations qui a rassemblée près 1,2 millions de personnes a montré encore une fois que la politique du gouvernement ne passait pas. Les cortèges de manifestant-e-s ont rassemblé : des salariés inquiet-e-s pour leur emploi, des salariés licenciés à cause de la crise économique, des salariés dont le salaire stagne depuis des années, des étudiant-e-s en lutte contre l'autonomie des universités, des personnels hospitaliers en lutte contre la loi Bachelot, des chômeur-euse-s, des sans-papiers et des retraité-e-s,
       Toutes ces personnes étaient unies contre l'atonie gouvernementale face à la crise économique, mais aussi contre les réformes libérales du gouvernement que ce soit dans l'éducation, dans les hôpitaux et plus largement dans la fonction publique et dans le secteur privé.
       L'autoritarisme des réformes gouvernementales allié au refus total de prendre en compte les revendications des salarié-e-s et des non salarié-e-s en ces temps de crise nous montre clairement que seule la lutte pourra nous amener à des victoires. Néanmoins, la multiplication des journées de manifestations et de grèves sans lendemain ne peuvent plus durer. L'inefficacité de ces journées nous montre que seule une grève générale reconductible est à même de nous faire gagner sur nos revendications.
C'est pourquoi hier soir, après la manifestation parisienne, quelques centaines d'étudiant-e-s, de précaires et de manifestant-e-s ont occupés l'Hôtel de Ville de Paris pendant une heure pour exprimer leur refus d'attendre plusieurs semaines avant une nouvelle journée de grève.

       Sud étudiant estime que seule une grève générale illimitée peut nous faire sortir du marasme politico-économique auquel nous sommes confronté-e-s. Les défaites sociales des dernières années nous ont prouvés que c'est l'unité des personnes en lutte qui pouvait faire plier un gouvernement. N'attendons pas le mois de juin pour faire une nouvelle grève inutile, grève générale illimité dès maintenant !

le 2 mai 2009