Collectif
Nouvelle parution
O. Pétré-Grenouilleau (dir.), Dictionnaire des esclavages

O. Pétré-Grenouilleau (dir.), Dictionnaire des esclavages

Publié le par Marc Escola

Dictionnaire des esclavages
Olivier Pétré-Grenouilleau

Collectif, Véronique Foz (Traducteur)

Paru le : 10/03/2010
Editeur : Larousse
Collection : A présent
ISBN : 978-2-03-583785-1
EAN : 9782035837851
Nb. de pages : 575 pages

Prix éditeur : 28,00€


De débats historiques exacerbés en faits divers dramatiques, l'esclavage reste sous les feux de l'actualité.
Existant depuis l'Antiquité et sous toutes les latitudes, ce phénomène aux formes multiples a suscité des justifications et des remises en cause aussi nombreuses que passionnées. De A comme abolitionnisme à z comme (révolte des) Zandjs, ce dictionnaire dresse un panorama complet des esclavages dans leur diversité géographique et historique : aux Etats-Unis bien sûr mais aussi en Asie du Sud-Est ou dans le monde musulman, de la Grèce antique jusqu'aux formes les plus contemporaines.
Il présente les différents aspects de la vie quotidienne des esclaves (nourriture, famille, sexualité, mais aussi les formes de résistance) et des destins individuels exceptionnels. Plus proche de nous, il évoque les traces perceptibles dans le monde contemporain (métissage, psychologie...). Enfin, il nous montre aussi la représentation de l'esclave dans l'art (littérature, peinture, cinéma...) et sa place dans notre imaginaire.

Sommaire:

L'ESCLAVAGE EN QUESTION

Qu'est-ce que l'esclavage ?
Mémoires et débats présents

TEMPS FORTS

Le " bon sauvage ", aussi, fut souvent esclavagiste
Flux et reflux, permanences et mutations à travers les âges
Les formes contemporaines de l'esclavage

L'auteur:

Sous la direction d'Olivier Pétré-Grenouilleau, historien, membre de l'Academia Europae, auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire du commerce maritime, de l'esclavage et des idées, notamment les Traites négrières (Paris, 2004), une équipe d'une cinquantaine de spécialistes internationaux a participé à la rédaction de ce dictionnaire.

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Dans Le Monde des livres du 22/5/10, on pouvait lire cet article:

Compte rendu "Dictionnaire des esclavages" : servitude de A à Z LE MONDE | 21.05.10 |


C'est un dictionnaire dont l'intitulé même a valeur de symptôme. En 2004, l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau publiait Les Traites négrières (Gallimard, "NRF essais" et "Folio"), un "essai d'histoire globale" mettant en parallèle les divers circuits du commerce des esclaves en Afrique et sur les océans, du VIIe au XIXe siècle.

 

pub300t.gif 300x60.gif 35326566343963613461326136336430?&_RM_EMPTY_ L'ouvrage, couronné par de nombreux prix, s'attira la colère de plusieurs associations : étudier "les" traites, n'était-ce pas minimiser l'horreur singulière de "la" traite, celle qui fut pratiquée par les puissances occidentales dans l'Atlantique et l'océan Indien, du XVe au XIXe siècle, dans laquelle la France peinait à reconnaître l'ampleur de sa responsabilité ?

 

La polémique prit un tour politique après une plainte déposée par un rassemblement d'associations d'outre-mer, qui accusa l'historien de "contestation de crime contre l'humanité" après qu'il eut exprimé ses réticences sur la loi Taubira, en juin 2005. De nombreux historiens apportèrent leur soutien à leur confrère, devenu la victime symbolique des excès des lois mémorielles qui ont fleuri en France dans le sillage de la loi Gayssot.

Cinq ans après cette tempête médiatique, qui se termina par le retrait de la plainte, la fièvre est retombée, et Olivier Pétré-Grenouilleau coordonne la publication d'un dictionnaire "des" esclavages, au propos plus ample encore : il s'agit ici d'évoquer toutes les formes de servitude. Sont donc évoqués, dans un même mouvement, les esclaves de la Rome impériale, les prisonniers des plantations sucrières des Antilles et les victimes des formes actuelles de servitude.

DIFFICULTÉ DE L'EXERCICE

Nulle démarche comparatiste cette fois : les espaces et les périodes traités sont trop vastes pour s'y prêter. En deux cents articles rédigés par une cinquantaine de chercheurs venus du monde entier, très fouillés (on regrettera qu'ils ne se terminent pas par une courte orientation bibliographique), les divers aspects de l'esclavage sont évoqués. Economie, ethnologie, histoire des idées, études sur le genre...

Sur un aussi vaste sujet, le principal écueil est celui de la définition : impossible à décrire uniquement à partir de critères économiques ou juridiques, le système résiste aux descriptions simples et restrictives, et il est très difficile d'en cerner les limites.

Plutôt que le concept de "mort sociale" (Orlando Patterson), Olivier Pétré-Grenouilleau préfère retenir trois traits discriminants : l'exclusion (l'esclave devenant un "autre"), la "propriété" d'un maître et la remise en cause de l'humanité du sujet.

Il semble cependant que cette définition ne soit pas suffisante. Ainsi, l'existence d'un article "goulag" entre l'entrée "gladiateurs" et celle consacrée à la Grèce antique est assez éclairante : peut-on vraiment qualifier d'esclavage le système criminel mis en place sous la terreur stalinienne ? Où se situe la frontière entre le travail forcé et l'esclavage ? Cet exemple illustre bien toute la difficulté de l'exercice, et ses limites inévitables : l'esclavage est un phénomène multiforme, sans cesse en mutation suivant les régions et les époques.

Ce que reconnaît Olivier Pétré-Grenouilleau, pour qui ce flou conceptuel rend "tout à la fois plus difficiles les comparaisons avec le passé et la lutte effective contre les pratiques esclavagistes d'aujourd'hui".

Dictionnaire des esclavages, sous la direction d'Olivier Pétré-Grenouilleau, Larousse "A présent", 578 p., 28 €.


Jérôme GautheretArticle paru dans l'édition du 22.05.10