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Nouvelle parution
Nouvelles Etudes Francophones, vol.33, n°2 :

Nouvelles Etudes Francophones, vol.33, n°2 : "Nature, espace et perceptions dans les littératures canadiennes de langue française du XIXe siècle à nos jours"

Publié le par Université de Lausanne (Source : Julien Defraeye)

Nouvelles Etudes Francophones (vol.33, n°2)

 

Dossier spécial "Nature, espace et perceptions dans les littératures canadiennes de langue française du XIXe siècle à nos jours"

Lincoln:  University of Nebraska Press, 2018

np. 227.

ISBN (ISSN 1552-3152)

 

PRÉSENTATION

Les problématiques inhérentes à la nature sont indéniablement centrales au Canada, tant sa géographie, par son immensité et la diversité de sa biologie, donne à revisiter et à repenser notre appréhension des espaces naturels et, par conséquent, l’empreinte que nous y avons laissé et que nous y laisserons. Mais quelles sont les limites, physiques et/ou idéologiques, qui définissent ce qui tombe sous l’égide de la nature? Linda Hutcheon notait dès 1989, à travers l’approche postmoderniste dont elle a fait sa spécialité, que “même la nature ne pousse pas sur les arbres.” Celle-ci semble en effet perdre de son évidence à mesure que nous remodelons – pour ainsi dire, continuellement – la dichotomie nature/culture, si toutefois une opposition aussi marquée était même possible.

Où peut-on encore trouver la nature? Dans le jardin ou le parc, simulacres dessinés par l’humain? Au cœur de la forêt québécoise ou du Grand Nord canadien, qui s’apparenterait éventuellement à ce que les anglophones nomment wilderness? Où se séparent le naturel et l’humain? Une telle délimitation existe-t-elle? Les littératures canadiennes de langue française, du XIXe à nos jours, endossent en partie cette charge discursive, afin d’offrir des pistes de réflexion et des alternatives à ces problématiques universelles, qui semblent souvent tomber dans l’impasse et essuyer des revers quand elles font appel à d’autres discours. Dès le XIXe siècle, le roman du terroir fait figure de précurseur par son attachement à la terre et au territoire, mais également en offrant un premier imaginaire littéraire de la nature dans toute sa spécificité québécoise. Relégué au second plan par les problématiques identitaire et nationale au Québec à partir des années 1940 et jusqu’aux années 1980, la nature et les problématiques qui gravitent autour reviennent au centre des considérations littéraires comme dernière utopie fédératrice, phénomène dont témoigne la montée exponentielle des approches écopoétique et écocritique, qui cherchent à établir un cadre de référence pour “penser le rapport à l’environnement tel qu’il apparaît dans la littérature” (Schoentjes 40), et ce dans toutes les littératures.

Que peut nous apprendre ce mode de représentation sur notre perception de notre environnement naturel? Quelles stratégies narratives, discursives, énonciatives ou encore stylistiques sont employées pour mettre en récit la nature dans en littérature? Comment le texte littéraire peut-il suggérer l'idée de nature comme processus et non pas seulement comme cadre fixe de l'activité humaine? Quel est le rôle de l'écrivain dans la protection du paysage et des espaces naturels? La nature est-elle cadre de l’action ou performant diégétique?

Julien Defraeye est docteur en études françaises de l’Université de Waterloo, en Ontario, où il vient de soutenir sa thèse « Perspectives écopoétiques dans le roman québécois contemporain » en avril 2019. Ses recherches se focalisent sur les théories écopoétiques et la lecture qu’elles proposent de la littérature québécoise contemporaine, et ont été publiées, entre autres, dans les revues Voix Plurielles et @nalyses, ainsi que dans plusieurs ouvrages collectifs. En 2018, il a dirigé un numéro spécial de la revue Nouvelles Études Francophones sur les questions de nature, d’espace et de perception dans les littératures canadiennes de langue française du XIXe au XXIe siècle et, en 2019, il a co-dirigé un numéro de la revue Études littéraires. Il est directeur du contenu francophone de la revue The Goose et fondateur et directeur du contenu francophone de la plateforme culturelle collaborative Artis Natura.