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Nouvelles diasporas : Hospitalité et appartenance

Nouvelles diasporas : Hospitalité et appartenance

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Marta Segarra)

Expressions maghrébines

Revue de la Coordination internationale des chercheurs sur les littératures du Maghreb

www.ub.edu/cdona/em

Vol. 13, no 1, été 2014 : Appel à articles

Nouvelles diasporas. Hospitalité et appartenance

Dossier coordonné par Alfonso de Toro

 

Expressions d’intérêt : 30 novembre 2012

Date limite de soumission des articles : 30 juin 2013

Parution: mai 2014

 

Ce dossier a pour objectif concret d’apporter une contribution à des questions actuelles de sociopolitique et de théorie de la culture comme celles de la « migration », de la « nation », de l’« identité » ou de la « culture » ainsi qu’à des formes d’organisation sociales et sociétales comme les diasporas, et de décrire comment peuvent se développer entre le Maghreb et les pays et continents où se sont installées des populations originaires du Maghreb une pensée, un sentiment et une conception de l’« appartenance », à partir des « cultures d’origine » (ou « cultures originaires ») à une culture donnée, « d’arrivée » ou « recevante ». En conséquence, des termes sociopolitiques et historiques comme « identité », « tradition », « État national », « diaspora », soumis à des processus d’hybridation continuels, doivent être considérés d’une manière centrale afin de relativiser les concepts nationalistes, surtout ceux qui font des marques ethniques un principe absolu et compliquent ainsi le dialogue d’intégration, et ainsi de dévoiler leur caractère archaïque et obsolète.

     Cette approche veut engager une discussion à un méta-niveau, ou plutôt une discussion métathéorique qui s’intéressera de façon exemplaire aux cultures conflictuelles ainsi qu’aux méthodes et aux procédures qui se situent au-delà des approches personnelles et d’une discipline déterminée sans que cela implique de négliger les données disciplinaires spécifiques. Il est ici question de jeter des ponts entre les cultures et les disciplines dans le sens d’une politique de la paix émancipée et bien conçue, donc de promouvoir des concepts et des approches transversaux qui s’expriment dans le terme Transarea Studies.

     La « diaspora maghrébine » n’est plus seulement un phénomène qui se situe historiquement en France, mais celui-ci est devenu très répandu par le monde. Nous avons de larges diasporas maghrébines en Espagne, mais aussi en Allemagne et au Canada (Québec) qui connaissent des représentations socioculturelles et politiques particulières, similaires et en même temps différentes, constituées par des intellectuels, des écrivains, des travailleurs et différents groupes de migrants ayant des raisons très différentes pour migrer, volontaires ou involontaires,  économiques, politiques, culturelles ou autres.

     Le terme diaspora a été conçu initialement par rapport à l’histoire du peuple juif dans laquelle la diaspora est liée à des expériences négatives comme « l’exil », « l’expulsion », la « soumission », « l’assujettissement », « la captivité », « l’esclavage » ainsi qu’au sentiment du provisoire et à la nostalgie du retour. Cette diaspora a été perçue comme un groupe fermé aux rituels et normes fixes, aux moeurs profondément codifiées qui servent à préserver la mémoire ethnique et culturelle et à conférer au groupe cohésion et identité.  

     Devant cette tradition du concept de « diaspora », un champ logico-sémantique « intentionnel » et « extentionnel » très large commença à se développer depuis 1980 et le terme reçut dans les années suivantes une signification positive dans le sens de formes sociales hybrides. Dans cette recherche essentiellement anglo-saxonne à la suite de Hall (1990, 1994, 1996), Safran (1991), Tölölyan (1991, 1996), Chow (1993), Gilroy (1993), Warren (1993), Lipsitz (1994), Mishra (1996), Clifford (1997), R. Cohen (1997), Chivallon (1997, 2002), Ph. Cohen (1998), Anthias (1998) et Dirlik (2004), dans le contexte d’une nouvelle conception de la « diaspora juive », de la diaspora du « Black Atlantic », de la « diaspora asiatique ou chinoise » aussi appelée du « Pacific Rim », nous trouvons de nouvelles formations diasporiques telles que la « diaspora hispano-latine » aux États-Unis, la « diaspora franco-maghrébine », la « diaspora hispano-maghrébine », la « diaspora marocaine-juive » en Israël et la « diaspora maghrébine au Canada ». Celles-ci représentent la situation existentielle actuelle des migrants ou des groupes ethniques, qui n’est plus exclusivement imprégnée par leur origine, par l’histoire du colonialisme, de la décolonisation, ni de façon primaire par leur état postcolonial, mais particulièrement par la situation locale immédiate.

     Le terme proposé pour le dossier s’appuie sur l’histoire et sur les réalités présentes en tant que nouveau concept de vie planétaire et comme une nouvelle forme de société qui représente toutes sortes de formations, de représentations hybrides et de performance de la vie comme différance (Derrida) et diversité (Deleuze) ; comme une catégorie « hybride théorico-culturelle » qui doit être comprise comme la potentialisation de la différance lors d’une reconnaissance simultanée dans un territoire commun, qui doit toujours être ré-habité. Il confère au terme de diaspora, à son idée et sa pratique, non pas le sens de « dispersion », mais celui de « dissémination » ou de « rhizome » : cela implique une multitude d’expériences, de codes culturels et d’identités qui ne sont pas préfigurées sans qu’elles ne reposent ou soient réduites à un modèle culturel, religieux ou ethnique fondamental. Les diasporas performatives et hybrides représentent ainsi un processus constant de translatio et de déterritorialisation, de reterritorialisation, de recodification et de réinvention.

          Ces diasporas performatives et hybrides jaillissent d’un « dispositif d’adéquation à la situation » ou d’un « impératif de situation », d’une « émotion », du « corps », du « désir », donc d’éléments issus d’origines et de destins communs, de situations de vies similaires et de la prise de conscience de l’impossible retour ou, dans le cas d’une déportation, d’un retour forcé, et de la nécessité de se réinventer.

     Les collaborateurs potentiels sont invités à soumettre des textes ayant des rapports avec un ou plusieurs des axes d’analyse suivants relatifs aux diasporas maghrébines :

  • Hospitalité
  • Appartenance
  • Mouvement ; déterritorialisation et reterritorialisation
  • Ancrage spatio-temporel
  • Structures d’identification
  • Conscience de faire partie d’une diaspora, grand intérêt collectif
  • Expérience similaire de la fatalité
  • Situation émotionnelle et de vie similaire (mal du pays insatisfait vs projet d’installation sur le long terme)
  • Formes de représentation communes
  • Profond sens de la loyauté et de solidarité à l’intérieur du groupe / loyautés et solidarités hybrides à l’extérieur
  • Transethnicité, transculturalité, transidentité
  • Réinvention de soi et invention de la patrie

Les articles ne devront pas dépasser 40.000 signes, espaces inclus (6.000 mots environ). La ponctuation, les notes et les références doivent être conformes aux normes appliquées par la revue : http://www.ub.edu/cdona/em#guide

Les expressions d’intérêt, les demandes de renseignements complémentaires et les articles complets doivent être adressés par courrier électronique à la Présidente du comité scientifique, Marta Segarra, à : expressions.maghrebines@ub.edu, et au coordinateur du dossier, Alfonso de Toro, à : ffsl@rz.uni-leipzig.de.

 

La section Varia de la revue maintient toujours un appel à articles (sans date limite de soumission) concernant les cultures maghrébines : littérature, cinéma, arts...