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Normes communiquées, normes communicantes : assignations, déviances et négociation 

Normes communiquées, normes communicantes : assignations, déviances et négociation

Publié le par Perrine Coudurier (Source : REPLIC)

Normes communiquées, normes communicantes : assignations, déviances et négociation

 

En partenariat avec l'Espace Histoire-Image de la ville de Pessac

Jeudi 6 juin 2013

Émancipatrice et facteur d’ouverture démocratique pour les uns, « marketinisée » et dépossédée de sa dimension informationnelle pour les autres, la communication occupe une place centrale dans les imaginaires de nos sociétés contemporaines. Ces discours alternativement libérateurs ou alarmistes ne sauraient pourtant préjuger de la complexité des phénomènes communicationnels. Qu’il s’agisse des médias ou de la communication organisationnelle, les situations de communication s’articulent autour de dispositifs (Foucault) spécifiques. Ceux-ci présentent néanmoins une qualité commune que rappelle l’approche pragmatique caractéristique des Sciences de l’Information et de la Communication.

Ces dispositifs communicationnels sont le produit d’actes d’énonciation adressés à des destinataires dans un contexte social situé. L’insertion des dispositifs communicationnels dans un tissu social nous permet dès lors d’effectuer deux observations. D’une part, ces dispositifs sont structurés par les rapports sociaux. D’autre part, les dispositifs communicationnels sont maillés de représentations sociales. Ces représentations présupposent un référentiel partagé aux différents échelons du processus communicationnel. Elles définissent un « contrat de lecture » (Charaudeau) ou du moins une « promesse » (Jost) qui visent à l’intelligibilité des contenus et des échanges. En ce sens, toute communication est porteuse d’une dimension normative.

Avant de s’interroger sur la notion de norme dans le champ des Sciences de l’Information et de la Communication, il convient d’expliciter le fonctionnement de celle-ci. La norme se construit sur un mode itératif. Elle existe au travers de sa répétition. « La norme procède de la fréquence de son apparition : par là est révélé son caractère productif. » (Brugère & Le Blanc). Elle s’inscrit aussi dans un dispositif communicationnel qu’il faut prendre en compte et interroger. En effet, en tant qu’espaces de médiations, les dispositifs communicationnels sont à la fois porteurs de normes et structurés par des normes.

Partant de ce constat, cette journée propose de construire une réflexion collective sur les normes communicationnelles. Quatre pistes de recherche sont envisagées :

Axe 1 : Normes socio-culturelles et représentations

En véhiculant des représentations, la communication est porteuse de normes socio-culturelles qu’elle concourt à re-produire par un processus de « citation » et de répétition. On peut dès lors s’interroger : quelles normes sociales et culturelles les représentations communicationnelles et médiatiques véhiculent-elles ?

Ces représentations peuvent être interrogées au regard du concept d’hégémonie (Gramsci) et des différentes approches de la « domination » s’y rapportant. Analyser les représentations dans les organisations, les arts et les médias permet également de mettre en exergue leur ancrage dans un « non-conscient socioculturel » (Carcaud-Macaire). Elles sont une voie d’accès aux imaginaires socio-culturels d’une société dans un contexte situé. Dans cet axe, nous porterons une attention particulière mais non exclusive aux normes de genre (tant du point de vue des féminités que des masculinités), de classe et d’ethnoracialisation. Les propositions de communication qui favoriseront une approche intersectionnelle (Crenshaw) ou consubstantielle (Kergoat) de ces normes hégémoniques seront appréciées.

Axe 2 : Normes et dispositifs communicationnels

L’approche de la communication au prisme de ses normes nous conduit à une seconde observation. Non seulement les dispositifs communicationnels véhiculent des normes, mais ils sont eux-mêmes tissés de rapports sociaux et de représentations. En ce sens, nous pouvons dire que les normes ne sont pas seulement produites par les dispositifs communicationnels : elles les façonnent également. La problématique des normes dans les dispositifs communicationnels pose la question de l’accessibilité aux données et les relations entre individus, qu’ils soient acteurs, auteurs ou spectateurs de ce dispositif.

Dans cette perspective, on peut s’interroger sur le rôle et la manière dont se manifestent les normes dans l’accès aux dispositifs communicationnels dans des contextes tels que celui des organisations, des médias et nouveaux médias, de la gestion du document numérique, ou encore des TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement).

Axe 3 : Du hors-normes à la négociation : appropriations, stratégies et pratiques des usagers

Envisager la communication du point de vue des normes souligne sa dimension instituée et instituante. Les dispositifs communicationnels sont façonnés par cette dimension normative qu’ils restituent et même reproduisent en retour. Les normes procèdent d’un lissage des représentations qui renvoie certaines pratiques et certaines figures à leur frontière. Les normes ouvrent à l’a-normal, au hors-normes, c’est-à-dire au décalage par rapport à des normes hégémoniques. La question des normes ne peut donc être envisagée sans prendre en compte ses contestations et ses déviances (Becker). Dans cet axe, il s’agira de questionner les déboîtements communicationnels par rapport aux normes ainsi que les réactions, notamment médiatiques, suscitées par ce non-alignement.

Axe 4 : Normes académiques : épistémologie et méthodologie des SIC

Enfin, cette journée d’études dédiée aux jeunes chercheur(e)s sera l’occasion de mener une réflexion sur les normes épistémologiques et méthodologiques en Sciences de l’Information et de la Communication. Comment les jeunes chercheur(e)s se situent-ils et se réajustent-ils par rapport aux attentes normées de la discipline ? Quelle est l’articulation entre des pratiques et outils de recherche normés et le foisonnement interdisciplinaire des Sciences de l’Information et de la Communication ? Les retours d’expérience sur la construction d’une recherche et de ses normes scientifiques, mais aussi sur les normes du parcours d’insertion professionnelle seront chaleureusement accueillis.

Envoi des propositions

Rédigées en français ou en anglais, les propositions de communication de 300 mots maximum comporteront un titre et seront accompagnées de mots-clés, de quelques références bibliographiques ainsi que d’une présentation de l’auteur de 5 à 10 lignes. Elles seront envoyées à replicbx3@gmail.com , avant le 20 mars 2013.

Calendrier

20 mars 2013 : date limite d’envoi des propositions

30 avril 2013 : réponse aux communicants

6 juin 2013 : journée d’études

Informations pratiques

La journée d’études aura lieu le 6 juin 2013 à l’Espace Histoire-Image de la ville de Pessac (33600). Des informations pratiques seront communiquées ultérieurement. Les frais de déplacement et de déjeuner des participants ne pourront être financés. Les intervenants devront au préalable s’acquitter de leur adhésion annuelle à l’association organisatrice, le REPLIC - Réseau Pluridisciplinaire pour l’Information et la Communication (5 euros).

Publication des actes

Une publication des actes de la Journée d’Études est envisagée.

Comité d’organisation

Le Bureau de l’association de jeunes chercheurs en Sciences de l’Information et de la Communication REPLIC:

Laetitia Biscarrat

Marie-Julie Catoir

Clément Dussarps

http://www.asso-replic.fr