Questions de société
Non au démantèlement des sciences du langage

Non au démantèlement des sciences du langage

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Claude Caitucoli)

GLOTTOPOL

Revue de sociolinguistique en ligne



Vous trouverez ci-dessous une pétition que GLOTTOPOL vous encourage à signer, faire signer et diffuser le plus largement possible.

Les signatures peuvent être envoyées à l'ASL : site@assoc-asl.net

Vous pouvez également signer la pétition sur le site Internet du comité d'initiative : http://infolang.u-paris10.fr/sauvons-sdl

NON AU DÉMANTÈLEMENT NATIONAL DES SCIENCES DU LANGAGE !

Les informations qui nous parviennent des réponses aux demandes en cours d'habilitation des cursus Sciences du Langage proposés dans les universités dans le cadre de la réforme dite LMD (Licence-Master-Doctorat) montrent que l'on assiste à une offensive sans précédent contre notre discipline. En effet, dans de nombreuses universités (déjà à notre connaissance: Limoges, Besançon, Montpellier III, Aix-Marseille I, Rouen..) il est demandé d'envisager la suppression des deux premières années L1-L2 de Sciences du Langage, et de limiter la formation en Sciences du Langage à des options offertes en troisième année aux étudiants de lettres (L3). Dans une au moins (Montpellier) la procédure d'habilitation est parvenue à son terme et cette suppression a été annoncée comme définitive.

L'argument invoqué ne concerne pas la qualité des dossiers (ainsi, à Grenoble, le dossier a été expertisé comme " bien construit "). Il prétend se fonder sur la trop grande "spécialisation" de nos cursus. Cette argumentation repose sur une vision qui fait fi de la réalité des flux d'étudiants et des débouchés possibles de notre filière. Ainsi, des cursus de filières avec 20 étudiants sont validés et on demande à des cursus Sciences du langage de 250 étudiants de justifier de leur flux. Des cursus dont l'unique débouché est le concours du secondaire apparaissent, aux yeux des évaluateurs, comme moins " spécialisés " que des cursus Sciences du Langage qui jouent le jeu de l'ouverture professionnelle, et qui tout en n'oubliant pas l'enseignement, cherchent à ouvrir à d'autres métiers (Industries de la langue, rédaction technique, formateurs-concepteurs de produits linguistiques multimedia, Formateur en Langue des Signes, etc.). C'est avec ce souci d'une ouverture possible de notre filière à de nouveaux débouchés que s'est orienté tout l'effort qui nous a mobilisé durant plusieurs années pour la préparation de ces habilitations. Nous nous sommes également efforcés de proposer aux étudiants des formations ouvertes sur les autres disciplines : licences bi-disciplinaires dans certains cas, possibilité offerte de choisir les " parcours " proposés par les autres UFR dans d'autres, choix d'options possible y compris dans d'autres universités, les cursus offerts sont tout sauf monolithiques, et laissent ouvertes toutes les possibilités de réorientation.

La recherche en Sciences du Langage, discipline jeune dans le paysage universitaire, est dynamique, susceptible d'applications concrètes tant au plan pédagogique qu'au plan industriel, comme en témoignent les publications et les produits réalisés dans ses nombreux laboratoires et équipes de recherche. C'est tout un secteur qui serait donc lourdement pénalisé à terme, par des décisions qui le priverait d'un vivier d'étudiants motivés et formés.

Les mesures qui s'annoncent risquent également d'être lourdes de conséquence au plan de l'organisation des études. Alors qu'aucun cadrage général n'avait été donné, aucune direction précise indiquée, chaque université devant travailler à l'aveuglette, les réponses ministérielles aux dossiers d'habilitation se contentent de quelques lignes, dont le caractère laconique et elliptique traduit un mépris technocratique pour le travail accompli. Plus grave, alors que pour assurer le bon fonctionnement de la prochaine rentrée - déjà fort compromis par les délais de la navette en cours - il serait plus que temps de mettre en ouvre les modalités concrètes des formations, nous sommes contraints d'attendre des décisions qui vont tomber comme un couperet à la veille des vacances universitaires, risquant de léser gravement les étudiants qui n'ont pour l'instant eu aucune information sur des décisions qui les concernent au premier chef.

Face à ces menaces, il nous faut dès à présent nous organiser et trouver les modalités de riposte appropriées. Les associations de spécialistes (et en particulier l'Association des Sciences du Langage) se mobilisent. Mais pour réussir à faire reculer le ministère, il nous faut le soutien de tous, et en particulier celui des étudiants et des enseignants-chercheurs. Le poids de certains lobbies, qui défendent une vision passéiste de l'héritage humaniste - héritage dont nous nous réclamons tout autant qu'eux (depuis Descartes et von Humboldt), ne doit pas permettre qu'on raie d'un trait de plume des formations qui ont montré qu'elles savaient se montrer attractives et utiles pour les étudiants.

Nous exigeons par conséquent que le ministère renonce à son offensive de démantèlement des Sciences du Langage et habilite les cursus déjà existants. Ceci qui n'empêche nullement que des propositions d'aménagement ne puissent être prises en compte: une adaptation nécessaire n'est pas ce démantèlement dès l'entrée de l'Université! Nous vous demandons de signer nombreux le présent document et de faire connaître par tous les moyens votre refus d'une mort disciplinaire dans l'ouf annoncée.