Questions de société
Négocier oui… mais sur quoi et avec qui ? (L'Humanité) + Pécresse recule (???) (blog de S. Huet) 01/04/09

Négocier oui… mais sur quoi et avec qui ? (L'Humanité) + Pécresse recule (???) (blog de S. Huet) 01/04/09

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

Sur cette page:

- Négocier oui… mais sur quoi et avec qui ? - Ixchel Delaporte, (L'Humanité, 01/04/09).

-  Pécresse recule [Ah bon???], les manifestations continuent (blog de S. Huet, 01/04/09)

Négocier oui… mais sur quoi et avec qui ? - Ixchel Delaporte, L'Humanité, 1er avril 2009

http://www.humanite.fr/2009-03-30_Societe_Negocier-oui-mais-sur-quoi-et-avec-qui

Alorsque le gouvernement reçoit, en ordre dispersé, les syndicatsd'enseignants et de chercheurs, ceux-ci s'efforcent de maintenirl'unité du mouvement.

En façade, la stratégie du gouvernement ne change pas :rester ferme, examiner les points d'achoppement séparément, fairecroire à l'affaiblissement du mou-vement et agiter le spectre d'uneannée blanche, quelques semaines avant les examens. En réalité, face àla durée inédite de la grève (qui entre dans sa neuvième semaine !) etface à une détermination sans cesse renouvelée, il n'a d'autre choixque de lâcher du lest. Pas assez aux yeux des syndicats majoritaires,qui ne renoncent pas à poser à chaque fois l'ensemble desrevendications.

Dans la logique de « saucissonnage » des problèmes,Valérie Pécresse reçoit, aujourd'hui, à 18 heures, les syndicats de larecherche et boude, une fois de plus, les collectifs et lesassociations tels que Sauvons la recherche. Présidente del'association, Isabelle This Saint-Jean n'attend rien de cette énièmeréunion. « Le décret sur le statut desenseignants-chercheurs n'est toujours pas satisfaisant. Il y a desbouts d'avancées mais, au fond, c'est surtout une manière de diviser lemouvement sans créer les conditions d'un réel retour au calme. » La société savante Qualité de la science française, également partie prenante du mouvement, exprime la même inquiétude : « QSFconstate que des négociations avec les syndicats se sont enfin ouvertesau sujet de la mastérisation des concours, mais déplore ne pas y êtreassociée et demande l'élargissement des consultations aux associationset aux sociétés savantes concernées. »

Si le rapport de forces semble désormais installé, toutle monde n'est donc pas convié à négocier. La FSU le précise d'ailleursdans un communiqué, publié vendredi dernier, après une rencontre avecValérie Pécresse et Xavier Darcos : « La FSU entendobtenir l'ouverture de négociations globales avec le ministère del'Enseignement supérieur et de la Recherche, associant toutes lesorganisations pour faire entendre toutes les revendications. »Moins pessimiste sur l'intérêt de ces réunions à répétition, JeanFabbri, le secrétaire général du SNESup-FSU, analyse les invitationstardives du ministère comme autant d'occasions de se faire entendre. Etcela malgré les difficultés de porter d'une voix syndicale unitaire lesrevendications de la communauté universitaire : « Entre2008 et aujourd'hui, les changements sont indéniables. Même si on estloin du compte, le gouvernement a bien été obligé d'amorcer une marchearrière. Ils préfèrent lâcher par petits morceaux plutôt que decapituler en rase campagne. L'enjeu est considérable. Il faut maintenirl'unité car il peut y avoir des surprises… » Pour l'heure, tous maintiennent l'appel national à manifester, jeudi 2 avril, « de la maternelle à l'université contre la politique éducative du gouvernement ».

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Sur le blog de S. Huet:

Pécresse recule, les manifestations continuent (01/04/09)

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/04/pcresse-recule.html

Comment reculer sans trop le dire ? Comment manifester encore ? Valérie Pécresse se pose la première question. Les contestataires de sa politique la seconde.

Si les reculs ministériels se précisent, dans la douleur, le mouvement de contestation persiste. Demain, une manifestation doit se tenir à Paris, au Panthéon, à 14h30.  A Paris, la Ronde infinie des obstinée en était hier à sa 197 h sans interruption.

Aujourd'hui, des assemblées se tiennent dans des universités, descours sont toujours non tenus, des cérémonies de non remise desmaquettes de formations, meetings... Devant la Sorbonne, un festivalculturel et militant organisé par Paris-4 se déroule toute la journée. Sur place,  les maquettes pour la mastérisation seront passées au poisson d'Avril. Les universitaires de Paris-1 et Paris-4 organisent une série de débatsà Tolbiac, Michelet et à la Sorbonne. Un débat se tient à l'Institut Cochin à 17h30, avec entre autre la Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi. Voir ici la liste des actions du jour. Un peu partout en France puisqu'un correspondant de Martinique me signale que «l''Universitédes Antilles-Guyane, malgré un mois de février chargé est mobiliséesous la forme d'une grève active et d'opérations symboliques. Pour lepremier avril, nous avons décidé de marquer le coup avec des poissonsd'avril QCM consacrés à la réforme et jeudi midi, nous rejoignons pourdeux heures la Ronde infinie des obstinés.»

Des occupations temporaires et la plupart de temps pacifiques derectorats ou de bureaux divers, comme celui de Lionel Collet, présidentde Lyon-1 et président de la CPU, sont organisées. Les réactions de la police sont de moins en moins mesurées, et virentparfois à la brutalité.

Ainsi, Helène Tison, de l'Université de Tours,relate l'agression policière contre des universitaires venus déposerleur démission de leurs responsabilités administratives. Après cette"cérémonie", une courte manifestation dans les rues a été réprimée aveccoups ayant entrainé un arrêt de travail de trois jours, gaz lacrymogènes, garde à vue de 24h. Toujours dans le registre de la perte de sang froid, cette incroyable interdictionfaite vendredi par le Directeur général du Muséum national d'histoirenaturelle, Bertrand Pierre Galey, à Claude-Marie Vadrot,enseignant àParis-8, de tenir un cours public dans le jardin du Muséum. Le sujet ducours était pourtant bien choisi en harmonie avec les lieux : «la biodiversité et l'origine de la protection des espèces et des espaces».Le professeur s'est vu interdire l'entrée dans le jardin du Muséum pardes vigiles avertit de sa visite et ayant l'ordre de ne pas le laisserpasser. Ubu est au pouvoir, Buffon doit se retourner dans sa tombe.

Brutalités aussi, à Rennes-2, hier, mais provoquées par la mise ensituation d'affrontement d'étudiants ayant organisé unblocage descours sans l'assentiment de la majorité des étudiants et ces derniers,de plus en plus angoissés par l'idée de perdre leur semestre d'étude.Encore une fois, le choix de l'action virulente mais minoritaire seretourne contre le mouvement de contestation. Encore une fois, desprésidents d'université tentent de faire reprendre les cours avec desméthodes dangereusespour la sécurité de tous.  Le choix du pourrissement fait  par legouvernement, du refus d'annoncer clairement les reculs après avoirfanfaronné sur tous les tons qu'on ne bougerait pas montre ici toute sanocivité et justifie sa mise en responsabilité devant ce gachis.

Voici mon papier du jour dans Libérationsur les annonces d'hier de Valérie Pécresse et Xavier Darcos sur lerétablissement de 130 postes de chercheurs et la mastérisation :

La gestion de la crise universitaireet de la recherche par Valérie Pécresseest parfois étrange. Hier, ellea choisi une entrevue avec trois directeursde laboratoires pour annoncer un reculcent fois réclamé:le rétablissement des 130 postes dechercheurs supprimés en 2009 parun tour de passe-passe nommé«chaires d'excellence». Ces chaires bien dotéesétaient réservées à de jeunes universitaires pourleur permettre deconsacrer plus de temps à la recherche…mais avec un mode decalcul pervers qui aboutissait àconsommer deux postes –un pourl'université, un pour le CNRS oul'Inserm – pour une seule personne.Du coup, alors que les chairesauraient dû rallier les suffragesde tous, elles ont concentré l'iredes scientifiques qui y voyaientune astuce de bas étage pour diminuerles effectifs du CNRS.

La manière dont la ministre a misfin à ce point du conflit est étrange,puisque, la veille au soir, elle recevait– à sa demande – les syndicatsde la recherche. Le communiquéfinal de cette réunion diffusé par leministère indiquait même que ceschaires ne devaient pas se traduirepar une «gestion restrictive des recrutements», formule typique de la novlangueen vigueur au cabinet deValérie Pécresse.
Pourquoi ne pasavoir annoncé clairement qu'elleaccédait à cette revendication partagéepar de nombreux acteurs?
Même interrogation quant à la réformede la formation des enseignants.Hier, Valérie Pécresse a enfintiré les conséquencesinéluctables du recul de XavierDarcos sur les concours de recrutement des professeurs du primaireet du secondaire. En 2009-2010, siles concours sont les mêmes, la formation nesaurait être différente. Ila fallu dix jours pour que cela soitclairement avoué dans un communiqué des deux ministres.Comme si chaque recul devaitêtre masqué afin d'en allégerle prix politique. Au risque d'alimenterle soupçon de vouloir réintroduirepar la fenêtre ce qui étaitsorti par la porte. L'analyse serrée du décret sur le statut alimente lui aussi de tels soupçons.

Quel but est ainsipoursuivi? Affichage politique defermeté, pions avancés dans laperspective de la remise sur lechantier des réformes repousséesd'un an?  Ces questions agitent lesmilieux organisateurs de la contestation.Les trois directeurs de laboratoirequi ont eu la primeurde l'annonce sur les130 postes sont à la têted'un collectif de directeursde laboratoires qui menacentde démissionner.Quant aux syndicats et collectifs–Sauvons l'Universitéet Sauvons la recherche–, ils sedemandent comment engrangerle maximum de concessions avantles vacances de Pâques qui risquentde rendre leur contestationdiscrète. Elle prend des formesnouvelles comme ces occupationstemporaires –le rectorat d'Orléans,ou hier celui de Bordeaux, etle bureau du président de Lyon-I,Lionel Collet–, mais la classiquemanifestation de jeudi constitueraun moment fort de ce mouvement