Essai
Nouvelle parution
Nature, humanisme et politique

Nature, humanisme et politique

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Muriel Seauve-Oliviéri)

Nature, humanisme et politique
180 pages, © ALEPH, août 2007
collection théories n° 6
ISBN : 978-2-913351-12-7
ISSN collection : 1635-6373


Pascal BOUVIER
Enseigne à l'Université de Savoie, Professeur Agrégé de Philosophie, Docteur en Philosophie, travaille sur l'histoire de la pensée politique et sur les questions d'éthique.

Nature et humanité : la fragilité d'un destin
Le terme nature renvoie à une histoire particulière : il est la référence obligée de tous les penseurs du XVIIIe siècle qui poursuivent une tradition aristotélicienne présentant celle-ci comme une finalité ou un ordre harmonieux. Le développement de la rationalité scientifique en conteste le sens et la fonction idéologique. La technique s'empare du milieu et de l'environnement laissant la nature à elle-même. Est-il encore possible de se référer à cette notion sans tomber dans une pensée nostalgique ? Comment doit-on penser notre rapport face à cette nature fragile que nous vivions comme hostile ? La puissance du rationnel ne doit-elle pas laisser place au constat d'une fragilité réciproque entre l'humanité et la nature ?


Manola ANTIONOLI
Docteur en philosophie et sciences sociales de l'EHESS, responsable de séminaire au Collège International de Philosophie (Paris).

Félix Guattari et l'écosophie
La crise écologique mondiale ne pourra être résolue, selon Guattari, ni par des décisions prises par des États isolés, ni par une approche purement technocratique des problèmes (approche dont malheureusement relèvent en grande partie aujourd'hui les discours creux sur le « principe de précaution » et le « développement durable »), mais elle demande des prises de décision à l'échelle planétaire et une réorientation globale des objectifs de production des biens
matériels et immatériels. Ce qui est en cause est donc une « révolution moléculaire » qui n'implique pas seulement les domaines de grande échelle de l'ordre politique ou industriel, mais aussi et avant tout les domaines moléculaires de la sensibilité, de l'intelligence et du désir.


Bertrand ALLIOT
Ingénieur maître en environnement. Attaché Temporaire d'Enseignement et de Recherche à l'Institut Hannah Arendt, Espaces Ethiques et Politiques (EEP) de l'université Paris-Est.

La nature, l'environnement et la politique
Depuis les débuts de la civilisation, l'homme a découvert la dimension esthétique de la nature et cette dernière est devenue naturellement pour lui un « lieu » de repos idéal. C'est aussi au coeur de la dimension naturelle que le citadin fait l'expérience du « sacré ». Cet article a l'ambition de montrer que l'attachement pour la nature et le désir de la sauvegarder sont d'abord et avant tout motivés par des considérations esthétiques : c'est la dégradation des beautés naturelles qui a de tout temps poussé les hommes à vouloir les protéger. Ensuite, il montre comment ce sentiment à l'égard de l'esthétisme de la nature est refoulé, nié, dès que la nature est intégrée au champ politique, c'est-à-dire dès que l'on tente de protéger la nature par l'action. Enfin, il s'attache à révéler comment, à travers cette négation de la dimension esthétique, le mouvement écologiste actuel s'inscrit dans le matérialisme triomphant de notre époque qui
est pourtant largement responsable des problèmes environnementaux.


Manon REGIMBALD
Professeure associée au département d'histoire de l'art à l'Université du Québec à Montréal, elle enseigne dans une perspective interdisciplinaire où s'entrecroisent l'histoire et les théories de l'art.

Du malaise d'habiter la nature C'est à partir d'oeuvres d'artistes contemporains où les échos des propos de Vitruve et de Laugier autour de la cabane primitive résonnent encore, moins comme un mythe mais plutôt comme un schème prospectif où explorer notre manière d'habiter la nature, que cet article envisage le malaise actuel qui touche l'essence même de notre façon d'être sur terre car au milieu du paysage, l'habitant et l'habitat ne tracent t'ils pas la continuité entre l'art et la vie ? Même si l'homme erre de plus en plus à travers les déserts de la terre ravagée. Au XXIe siècle, comment la survivance de cette image fait-elle sens ?


Fabrice FLIPO
Philosophe, ingénieur. Enseignant-Chercheur au GET/INT. Maître de Conférences – Analyse de la construction sociale des problèmes de développement durable.

Le problème théologico-politique
La nature est incompatible avec le politique, nous dit Bruno Latour. La nature est ce qui permet le politique, nous dit l'écologie, puisque sans écosystèmes il n'y a pas de vie connue possible. La nature, nous dit Mary Douglas, est ce à partir de quoi une discussion est possible. C'est un lieu commun, au sens symbolique et matériel du terme. C'est aussi un bien public, au sens économique du terme. Pour assurer le bien commun, la régulation sociétale doit s'assurer la coopération de toutes et de tous. L'activité humaine actuelle y contribue-t-elle ? Pas vraiment, mais « l'humanité » est plurielle : là réside la problématique du développement durable. Cet article entreprend d'explorer ces différents
concepts et de les éclairer afin de mieux comprendre les dynamiques du monde contemporain.