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Mythocritique ou mythanalyse des textes africains ? Enjeux, théorie, parcours et perspectives

Mythocritique ou mythanalyse des textes africains ? Enjeux, théorie, parcours et perspectives

Publié le par Université de Lausanne (Source : Dr Oumar Guédalla)

Mythocritique ou mythanalyse des textes africains ?

Enjeux, théorie, parcours et perspectives

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La lecture de nombreux textes africains permet de constater que les critiques s’intéressent majoritairement aux mythes et figures mythiques de l’Occident, de l’Orient ou de l’Inde comme si l’Afrique noire en était dépourvue. Jusqu’à nos jours, le continent africain continue « à cacher » des terrae incognita et des terrae sterilis qu’il faudra explorer et connaître dans une perspective mythocritique ou mythanalytique qui pourrait expliquer le pourquoi des attitudes. Pour s’en convaincre, la petite histoire de la Venus Hottentote qui a produit des réactions sur toute toute l’étendue de la planète a manqué de questionner les formes de beauté africaines. Au vu de toutes ces remarques, on a l’impression que le continent négro-africain qui a vu son peuple se disséminer partout dans le monde n’avait jamais présenté le portrait de la femme sacrée ou sacralisée pour en faire un modèle d’inspiration.

En plus, Meyer Fortès (1974) et Edmond Ortigues (1966) quant à eux puisent dans les mythologies gréco-romaines l’essentiel de la psychanalyse pour expliquer les relents de l’enfant africain à partir des comportements spécifiques aux enfants noirs sans tenir compte des récits légendaires qui peuvent bien se référer à des héros mythiques ayant une identité nègre afin d’expliquer des phénomènes aussi variés que multiples de l’inconscient humain. À ces travaux, on peut ajouter ceux de Lesourd (2012 : 248 – 274) qui s’est intéressé à la problématique d’Œdipe l’Africain dans la création picturale des enfants sénégalais qu’on cherche à comprendre à partir des structures archétypales venues d’ailleurs.

Dans le domaine littéraire, on peut faire allusion à Viviane Koua (2006) qui a étudié Médée pour démontrer que ce personnage est « une figure contemporaine de l’interculturalité ». Ici, l’analyste procède par déduction des schèmes adaptatifs de Médée chez Pabe Mongo. Pour elle, la transposition de ce mythe est « pressentie par le lecteur » mérite d’être considérée en confrontation à d’autres textes littéraires.

Dans un autre sens, Henry Alain-Kamal Martial (2012) évolue différemment en montrant que les mythes bibliques aussi bien que ceux du bas Kongo inspirent la violence dans l’œuvre de Sony Labou Tansi au point d’en être une véritable armature au sens de Greimas (1966). À travers ces recherches, on relève de nombreuses figures mythiques occidentales qui permettent de présenter différentes facettes des œuvres littéraires négro-africaines. Tout ceci est dû au fait que les critiques n’arrivent pas à reconstruire le sens des textes négro-africains à partir des figures mythiques locales peu/non connues ou même oubliées, effacées intelligemment par des systèmes des prédateurs coloniaux d’antan.

L’Afrique a bel et bien des mythes qui font ses moments de gloire et orientent sa pensée imageante. Il demeure indéniable que les récits expliquant le pourquoi des choses en Afrique et dans sa diaspora existent. Il est également indubitable que des figures tutélaires et des thèmes convoquant les divinités et les réalités socio-historiques propres à l’univers négro-africain existent. En revisitant les travaux de Pius Ngandu-Nkashama (1985), Jean Ouédraogo (2010), Joseph Ndinda (2011), Claver Mabana Kahiudi (2013) et Amadou Ouedraogo (2014), l’on constate une véritable « résurgence » des « mythes et leurs implications » (Durand, 2001). De nombreuses perspectives sont désormais ouvertes et il est important de penser à une théorie qui gagnerait à comprendre le Négro-africain par ses propres mythes.

Il faudra envisager la lecture des thèmes liés à la cosmogonie, la découverte des mythes littéraires existants ou créés en passant par la convocation des figures mythiques ancestrales de l’Afrique et de sa diaspora. Il faudra également prendre en compte les mythes comme étant des représentations de certains faits de sociétés qui finissent par s’ériger en de véritables mythes littéraires chez certains écrivains indépendamment des genres. Roland Barthes (1957) en a déjà fait allusion depuis plus d’un demi-siècle. Bref, il faut envisager pour cet appel d’analyser les modalités d’utilisation du mythe dans la création littéraire africaine. Tous les chercheurs africains et les africanologues d’ailleurs s’accordent désormais sur cette vérité qui voudrait que les études des textes négro-africains puisent dans le contexte « nègre » l’essentiel de leur substance. C’est dans cette logique qu’il faudra inscrire cet appel à contribution sur la mythocritique et la mythanalyse tout en considérant. Pour y arriver, les axes ci-après pourront servir de guide de rédaction :

A-   Répertoire des mythes négro-africains

B-    Les modalités d’utilisation du mythe dans la création littéraire africaine.

C-   Les mythes occidentaux et orientaux dans les productions africaines

D-   Les mythes littéraires en Afrique des origines à nos jours

E-   La mythocritique en question : entre théorie et parcours en Afrique

F-    La mythanalyse et les savoirs en littérature

G-   La mytho-poétique et les nouvelles figures mythiques africaines

H-   Figures mythiques africaines : essai de typologisation

I-     L’écriture du mytho-roman négro-africain

J-     Afrique – mythe et développement durable

K-   Enjeux et perspectives d’une critique littéraire axée sur les mythes négro-africains.

Les propositions de communication seront envoyées simultanément aux adresses ci-après : guedallao@yahoo.fr (Dr Oumar Guédalla) et ncnjio@yahoo.fr (Dr Njiomouo Langa Carole)

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Références Bibliographiques :

1-    Barthes, Roland, Mythologies, Paris, Le Seuil, 1957.

2-    Pabe Mongo, (1973). La guerre des calebasses, Yaoundé, ENS.

3-    Ortigues, Edmond, (1973). Œdipe africain, 2ème édition revue et augmentée [en collaboration avec Marie-Cécile Gélinier], Paris, U.G.E., Coll. 10/18.

4-    Fortès, Meyer, (1974). Œdipe et Job dans les religions Ouest-africaines, Paris, Mame.

5-    Greimas, A. J., (1966), « Éléments pour une théorie de l’interprétation du récit mythique », In : Communication, 8, Recherches sémiologiques : l’analyse structurale du récit, pp. 28 – 59.

6-    Ngandu-Nkashama, Pius, (1985). Kourouma et le mythe : une lecture de Les Soleils des Indépendances, Paris, Silex Éditions.

7-    Viviane Koua, (2006). Médée figure contemporaine de l’interculturalité, (Thèse soutenue en cotutelle entre l’Université de Cocody et l’Université de Limoges).

8-    Ouédraogo, Jean et al. (2010). L’Imaginaire dans le roman de Kourouma. Contours et enjeux d’une esthétique, Paris, Karthala.

9-    Ndinda, Joseph, (2011). Le Politicine, le marabout-féticheur et le griot dans les romans d’Ahmadou Kourouma, Paris, L’Harmattan.

10- Lesourd Serge et Ali. (2012). « L’Œdipe africain à travers une lecture des dessins d’une enfant sénégalaise », Université de Strasbourg, in Recherches qualitatives, Vol. 31 (1), pp. 248 – 274, Recherche qualitative en contexte africain, http://www.recherche-qualitative.qc.ca/Revue.html. Association pour la recherche qualitative.

11- Mabana Kahuidi, Claver, (2013). Du mythe à la littérature. Une lecture de textes africains et caribéens, Paris, L’Harmattan.

12- Ouedraogo, Amadou, (2014). L’Univers mythique d’Ahmadou Kourouma. Entre vision et perversion, Paris, L’Harmattan.

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Calendrier à retenir :

Propositions de contributions au plus tard le 11 janvier 2020

Avis du Comité de Coordination : 06 mars 2020

Réception des contributions définitives : 06 mars 2020

Parution des Mélanges : août 2020

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Comité scientifique:

Pr Joseph Ndinda (Université de Douala), Pr Meto’o Maxime (Université de Yaoundé I), Pr Felix Nicodème Bikoï, (Université de Douala), Pr Dili Palaï Clément (Université de Maroua), Pr Diandué Bi Kacou Parfait (Université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan), Pr Virginie Konandri (Université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan), Pr Pangop Cyr (Université de Dschang), Pr Raymond Mbassi Ateba (Université de Maroua), Pr Jean Claude Abada Medjo (Université de Maroua), Pr Jean-Marie Wounfa (Université de Ngaoundéré), Pr Ambassa Fils-Bernard (Université de Maroua), Pr Atangana Kouna (Université de Yaoundé, Pr Jean Derive (INALCO), Françoise Ugochukwu (CNRS-LLACAN), Pr Dominique Biakolo (Université de Maroua), Pr Sylvie Grand’Eury-Buron (Université de Lorraine) Hervé Fischer (Société Internationale de Mythanalyse).

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Comité de lecture :

Dr Adam Mahamat (Université de Maroua), Dr Mountapmbeme P. N. Yaya (Université de Maroua), Dr Pierre Essengue (Université de Buea), Dr Jiatsa Albert, Dr Njimeni Clebert (Université de Maroua), Dr Vokeng G. G. M. (Université de Maroua), Dr Bana Barka, Dr Aissatou (Université de Maroua), Dr Fopa Roger (Université de Maroua), Dr Bienvenu Nankeu (Université de Maroua), Dr Daniel Se Ngué (Université de Maroua), Dr Tchimabi Pierre, Dr Mevogbi Eric(Université de Maroua), Mayoudom Denise (Université de Maroua).