Questions de société
Motions de la Conférence des Présidents d'Associations de Professeurs Spécialistes sur la mastérisation et la

Motions de la Conférence des Présidents d'Associations de Professeurs Spécialistes sur la mastérisation et la " réforme " du lycée

Publié le par Bérenger Boulay

Ci-dessous, deux textes de la conférence des présidents des associations de professeurs spécialistes, l'un datant de décembre 2009 et dénonçant les mesures de la réforme des lycées, l'autre contre la réforme des concours de recrutement des professeurs et contre la "mastérisation". Ce dernier texte est proposé pour être signé par d'autres associations.


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CONFÉRENCE DES PRÉSIDENTS D'ASSOCIATIONS DE PROFESSEURSSPÉCIALISTES

Pour les concoursnationaux ! Contre la mastérisationdu recrutement !

Les associations signataires rappellent que le recrutement desprofesseurs de l'enseignement secondaire, quelle que soit leur discipline,littéraire, artistique, scientifique ou technologique, ne saurait se faire quesur concours nationaux, afin de garantir à la fois l'égalité des candidats, lanécessaire indépendance de futurs fonctionnaires de l'État et l'homogénéité del'enseignement dispensé sur l'ensemble du territoire de la République. Cesconcours doivent être des concours « aux postes », nationaux,constitués d'épreuves écrites anonymes et d'épreuves orales appréciéescollégialement. Aussi condamnent-elles fermement l'actuelle réforme desconcours de recrutement et les dangers qu'elle fait courir à l'institutionscolaire.

· Ellesréprouvent l'introduction d'une épreuve portant sur la compétence « Agiren fonctionnaire de l'État et de façon éthique et responsable » ;elles estiment que, s'il est légitime de vérifier, sur une base objective, lesconnaissances juridiques et administratives du professeur, cette vérificationdevrait relever de la hiérarchie administrative, et non pédagogique, après satitularisation, et qu'elle ne saurait revêtir la forme d'un contrôle« éthique » ou idéologique.

· Ellesrefusent l'idée, fausse et délétère quant à l'avenir des concours républicainsde recrutement, que la délivrance d'un master suffirait à garantir lacompétence d'un professeur. Elles refusent très fermement toute formed'équivalence, manifeste ou larvée, entre master et concours ;l'agrégation doit avoir lieu un an après l'obtention du master. Elles demandentque les recalés au CAPES, au CAPET et au CAPLP2 puissent bénéficier d'unepréparation à ces concours même s'ils ont obtenu leur master. Elles dénoncentl'alignement absurde du nombre d'épreuves des CAPES et CAPET quelle que soit ladiscipline concernée et soulignent que les exercices qui disparaîtront sontautant de compétences que le candidat de développera plus.

· Ellesrejettent, étant attachées à un haut niveau de compétence disciplinaire, lemodèle de formation simultanée induit par la réforme. Si elles souhaitentl'existence de brefs stages d'observation pendant les années de master, ellesestiment que la formation professionnelle ne doit avoir lieu qu'après laformation scientifique, donc après le concours ; cette formationprofessionnelle doit consister en un stage en responsabilité n'excédant pas lamoitié du service, accompagné par plusieurs collègues expérimentés, que lelauréat pourra rencontrer suffisamment tôt avant la rentrée scolaire, et desenseignements en histoire et philosophie de l'éducation, droit, sciencescognitives et psychologie dispensés par des universitaires reconnus dans leurdomaine, sans préjudice d'un approfondissement disciplinaire. A cet égard,elles rappellent leur attachement à ce que le lien entre l'enseignementsecondaire et la recherche vive soit renforcé, notamment par l'octroi de congésde formation plus nombreux, de décharges horaires et d'aménagements d'emploi dutemps pour les doctorants.

· Elless'inquiètent des maquettes de master en cours d'élaboration dans de nombreusesuniversités et de la place qu'y occupent les « sciences de l'éducation »aux dépens des enseignements et de la recherche disciplinaires. Elles refusentla mise en place de masters « professionnels » ou« d'enseignement », qui menaceraient à terme le recrutementrépublicain sur concours nationaux. Si certains masters sont plus généralistesque les masters « recherche » actuels, dont la pérennité doit êtrefinancièrement garantie, s'ils peuvent comprendre un enseignement de didactiquedisciplinaire, tous doivent comporter, au moins au niveau de l'anciennemaîtrise, une part de recherche disciplinaire et tous doivent pouvoirs'articuler avec le doctorat. Elles demandent au ministère de l'enseignementsupérieur et de la recherche d'agir résolument dans ce sens et d'encadrer plusfermement ces masters sans croire que les épreuves des concours suffisent à lesdéterminer.

· Ellesdemandent enfin, tout en refusant de pernicieuses licences« pré-professionnalisantes », la restauration d'un système deprérecrutement, comparable aux anciens IPES, permettant aux étudiants, notammentaux agrégatifs, de financer des études allongées.

Associations signataires :

ANPBSE (Association Nationale des Professeurs deBiotechnologies Santé Environnement)

APAP (Association des Professeurs d'ArtsPlastiques)

APCEG (Association des Professeurs de Communicationet d'Économie-Gestion)

APEMu (Association des Professeurs d'ÉducationMusicale)

APFLA-CPL (Association des Professeurs de Françaiset de Langues Anciennes des Classes Préparatoires Littéraires)

APHG (Association des Professeurs d'Histoire-Géographie)

APL (Association des Professeurs de Lettres)

APPEP (Association des Professeurs de Philosophiede l'Enseignement Public)

APSMS (Association des Professeurs de SciencesMédico-Sociale)

APV (Association des Professeurs de Vente)

CNARELA (Coordination Nationale des Associations Régionalesd'Enseignants de Langues Anciennes)

SLNL (Société des Langues Néo-Latines)

UPBM (Union des Professeurs de PhysiologieBiochimie Microbiologie)

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Réforme du lycée ]

Conférence des Présidents d'Associations de Professeurs Spécialistes. Motion du 7 décembre 2009.

Les associations signataires expriment leurs vives inquiétudes sur le projet de réforme du lycée, en  particulier concernant l' « autonomie des établissements » qui induit le risque d'une grave déstabilisation de notre système scolaire. L'indépendance  promise, toute relative en fait aux moyens accordés par les rectorats et à l'arbitrage des proviseurs, engendrerait une rivalité entre les disciplines et les établissements, conduisant à terme à une inégalité nationale des horaires disciplinaires et à la suppression de dédoublements pédagogiquement nécessaires. 
Elles s'inquiètent de la disparition des disciplines d'enseignement spécialisé telles les Arts plastiques, éducation musicale, au profit « d'activités artistiques » pouvant être assurées par divers intervenants extérieurs aux statuts précaires, emplois aidés comme médiateurs culturels issus des institutions culturelles ou bénévoles, recrutés par des associations financées par l'Etat et des partenaires privés.
Elles s'inquiètent de l'émiettement de la formation induite par les divers enseignements d'exploration, préjudiciable à l'organicité des programmes et des parcours et donc à l'appropriation de connaissances solides par les élèves.
Elles considèrent que les heures d'aides individualisées  doivent s'ajouter aux horaires disciplinaires actuellement en vigueur, pour pouvoir réellement constituer un facteur  de progrès pour les élèves les plus en difficulté.
Elles s'inquiètent  par ailleurs des points de ce projet qui supposent une augmentation de la charge de travail des professeurs préjudiciable à un exercice de qualité de leur profession, en particulier l'existence  d'horaires flexibles, et  celle de « passerelles », organisées pendant les congés scolaires qui impliquent, au moins, le recours aux heures supplémentaires et préfigurent à terme un changement de leur  statut .
Pour ces raisons, les associations signataires demandent que ne soit engagé aucun processus de validation  de ce projet avant de nouvelles discussions et rappellent les principes et propositions concernant la réforme des lycées adoptés en commun par la Conférence  le 22 MARS 2009 :

1/ conforter la culture générale et la rigueur intellectuelle des élèves en leur dispensant le haut  niveau de culture littéraire, historique, artistique et scientifique qu'exige la formation de la personne et du citoyen ;


2/ respecter les principes propres à l'école de la République, d'horaires et de programmes nationaux, de la non-spécialisation des établissements et d'un baccalauréat constitué uniquement d'épreuves terminales nationales corrigées par des professeurs extérieurs à l'établissement du candidat ;

3/ éviter l'orientation précoce de la classe de Seconde, due actuellement aux « options de détermination », par le maintien des principales disciplines littéraires et scientifiques (français, histoire-géographie, mathématiques, deux langues vivantes, sciences expérimentales, EPS), d'un enseignement obligatoire au choix, soit technologique, soit d' « humanités » (grec, latin, troisième langue vivante, enseignement artistique) et, pour les élèves qui le souhaitent, d'une option facultative; 

4/ maintenir la spécificité des enseignements (général, technologique et professionnel)  avec leurs contenus et leurs exigences propres d'excellence.
5/ articuler la réforme à une réforme des structures, des horaires et des programmes de l'école primaire et du Collège, d'où proviennent la plupart des difficultés des élèves au lycée, et dont les nouveaux programmes ne sont pas encore mis en oeuvre. Le nouveau projet de réforme du lycée devra être présenté dans son intégralité et ne pas séparer la Seconde du « cycle terminal ».

Quant au fonctionnement du lycée rénové, elles demandent :

6/ que l'avis du Conseil de classe soit respecté pour éviter de jeter les élèves qui n'ont pas acquis les  connaissances nécessaires au passage dans la classe supérieure, dans une désespérante spirale d'échec,  parfois source de violence et de délinquance ; pour les assurer de  l'efficacité d'un éventuel redoublement, il convient d'instituer un système d'aide pour ceux qui sont démotivés et en grande difficulté ;
7/ que soient créés, en complément d'un ensemble de matières fondamentales, des options ou des  modules annuels (et non semestriels, afin de garantir leur progressivité pédagogique), qui permettront à  l'élève d'envisager des dominantes pour le baccalauréat et prépareront son orientation dans  l'enseignement supérieur. 


ANPBSE : Association Nationale des Professeurs de Biotechnologies Santé Environnement

APAP : Association des Professeurs d'arts plastiques

APEMU : Association des Professeurs d'Education Musicale

APFLA : Association des Professeurs de Français et Langues Anciennes en Classes Préparatoires

APHG : Association des Professeurs d'Histoire Géographie

APL : Association des Professeurs de Lettres

APPEP : Association des Professeurs de Philosophie de l'Enseignement  Public

APV : Association des Professeurs de Vente

CNARELA : Coordination Nationale des Associations Régionales des Enseignants de Langues
Anciennes

SLNL : Société des Langues Néo-Latines